Les Elles de l'auto: pour la mixité dans l'automobile

Publié le Jeudi 30 Septembre 2010
Les Elles de l'auto: pour la mixité dans l'automobile
Les Elles de l'auto: pour la mixité dans l'automobile

Il y a presque trois ans, trois femmes ont décidé d’unir leur voix pour que le milieu automobile se conjugue enfin au féminin. Elisabeth Young est la présidente des Elles de l'auto, la première association française à promouvoir la place de la femme dans l'automobile.

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Elisabeth Young, Florence Lagarde et Emilie Binois occupent toutes des postes importants dans le milieu de l'automobile. L'idée de créer cette association leur est venue lors d'une réunion où elles ont constaté une fois de plus  l’omniprésence des hommes. Ce « coup d’énervement » ultime les a alors poussées à se rassembler pour faire bouger les choses.   Elles ont pris le pari de créer un réseau ouvert à tous les passionnés de l'automobile, pour porter un message de mixité. Autour de rencontres annuelles, des débats sont organisés pour parler de sujets aussi divers que la voiture électrique ou l'intelligence politique, avec un objectif principal : créer "une prise de conscience sur l'importance d'intégrer les femmes".

"Une démarche volontairement mixte"

La démarche ne s'est pas faite sans hommes. Etant les décideurs dans le milieu, il fallait les intégrer à l'association pour qu'ils adhèrent au principe de mixité et l'appliquent dans leurs équipes. Le pari est réussi puisqu'aujourd'hui, sur les 400 membres de l'association, 50% sont des hommes. Elisabeth Young est fière de ce résultat et l'est encore plus des partenariats développés par Les Elles de l'auto. "Nous sommes partenaires avec le groupe Peugeot-Citroen, Renault et Volkswagen, car ils veulent plus de femmes dans leurs équipes. Ils ont besoin de se rapprocher des attentes des consommatrices. Aujourd'hui, dans 80% des cas, les femmes ont leur mot à dire pour l'achat de la voiture principale du couple et elles choisissent toutes seules à 90% la seconde voiture.", rappelle Elisabeth Young.  Les constructeurs ont compris ce nouvel enjeu que représente la clientèle féminine et forment leurs vendeurs.

Des stéréotypes toujours présents

La sensibilité féminine, un argument qui encore aujourd'hui pousse les femmes à se diriger vers les ressources humaines ou la communication. Elisabeth Young est en profond désaccord avec ce genre de stéréotype, elle pense qu’au contraire une "femme peut très bien occuper un rôle de directrice, qui va gérer ses équipes de façon très efficace".

Mais le principal problème reste le préjudice lié à la maternité. "Nous rencontrons très souvent des femmes qui ont commencé leur carrière dans l'automobile, sans rencontrer de problèmes, mais qui à partir du moment où elles ont eu des enfants, à 30-35 ans, ont vu leur carrière freinée", soupire la  Présidente des Elles de l’auto.  Deux raisons expliquent cette situation: "les entreprises automobiles, comme les autres, considèrent les possibilités de carrière entre 25-35 ans et si vous n'êtes pas là à ce moment là, vous êtes oubliée. Tout comme les entreprises ont tendance à dire qu'il faut une expérience à l'international pour pouvoir faire une carrière, ce qui est très difficile à gérer pour une femme."

Cependant, il n'y a pas que des points négatifs et notamment, sous l'influence des Elles de l'auto, Renault a pris deux décisions qui sont une belle avancée. La Direction Commerciale France a opté pour une logique simple: quand une femme part en congé maternité, elle doit leur dire à l'avance et ainsi la direction prévoit qu'à son retour elle change de poste. Autrement dit, quand elle reprend le travail un nouveau challenge l'attend et donc de nouvelles ambitions. Ce partenariat a également entraîné une autre mesure très avant-gardiste: pour que les femmes n'aient pas de décalage de salaire, elles sont augmentées pendant leur congé-maternité.

Un combat de longue haleine

Mais malgré ces succès, il reste encore quelques zones d'ombre. Les femmes ne représentent  toujours que 20 % des effectifs du milieu automobile et surtout, elles n'occupent presque jamais des postes d'ingénieurs. La raison se trouve à la source :  peu présentes dans les écoles d'ingénieur ou les filières techniques, elles ne se sentent pas bienvenues dans un monde qui ne les a pas intégrées dès l'origine.   Elisabeth  Young reconnait que sur ces enjeux-là, les Elles de l'auto « apportent une pierre à l'édifice", en se déplaçant dans les écoles, dans les forums de métiers, avec toujours ce fil rouge : promouvoir les femmes dans l'automobile.

Pour participer aux rencontres, échanger des expériences, des connaissances, vous (hommes et femmes) pouvez devenir membre sur le site.

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