Tranoï : "Il faut tout faire sauf ce que fait le voisin", selon Armand Hadida

Publié le Samedi 06 Octobre 2012
Fanny Rivron
Par Fanny Rivron Journaliste
Tranoï : "Il faut tout faire sauf ce que fait le voisin", selon Armand Hadida
Tranoï : "Il faut tout faire sauf ce que fait le voisin", selon Armand Hadida
Quatre fois par an, le Salon Tranoï s'installe à Paris pendant la Fashion Week. Des centaines de jeunes talents créatifs triés sur le volet s'y retrouvent pour rencontrer les grandes figures du monde de la mode et leurs futurs acheteurs. Rencontre avec Armand Hadida, directeur artistique du Salon.
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Terrafemina : Quelle est la philosophie du Tranoï ?

Armand Hadida : La traduction de Tranoï, c'est « entre nous ». La mode c’est créer pour l’autre et partager sa création. Notre objectif et notre philosophie, c’est présenter le travail de jeunes créateurs qui viennent des quatre coins du monde et aussi de leur proposer un visitoriat, celui des acheteurs internationaux dans le monde des boutiques multimarques. Ce Salon, c’est le moment où tous les jeunes ont espoir de se voir accorder le crédit de leurs acheteurs. On a eu dans notre parcours beaucoup de découvertes qui sont devenues aujourd’hui des stylistes matures, établis, reconnus et qui ont fait leurs premiers pas avec nous au Tranoï.

Tranoï


Tf : Qu’est-ce qui fait la singularité de ce Salon ?

A. H. : Comme pour l’Éclaireur [son concept-store parisien dédié à la mode et au design ndlr], la volonté était de dire : « il faut tout faire sauf ce que fait le voisin, il faut choisir une direction qui reste inconnue ou pas trop empruntée ». C’est ça qui donne un peu de crédit, un peu de respectabilité, et fait la différence entre tous les autres commerces et l’activité qui est la nôtre. Pour le Salon c’est pareil, on s’éloigne des choses faciles, qui sont le sportswear donc à connotation commerciale, le jean, business très facile, ou le streetwear qui est un peu l’enfant pauvre dans le monde la mode, un peu plus teenager donc un peu plus commercial. Les gens qui sont là sont des gens qui ne veulent pas appartenir à ces trois familles. Ils veulent appartenir à un monde de stylistes contemporains sans avoir à s’occuper d’un mécanisme commercial qui banaliserait leu travail. C’est là la différence.

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Tf : Vous portez les créations des talents du Tranoï sur vous ?

A.H. : Pour ne pas aller très loin… [il montre la paire de lunettes qu’il porte sur la tête] elles sont en en corne de buffle, entièrement façonnées à la main avec une forme personnalisée, c’est un bijou. Ces créations, ce sont des choses qui étaient inaccessibles avant, que se soit en termes de réalisation ou au niveau du prix. Le créateur est un participant du Tranoï*. En bijoux c’est pareil, en chaussures, accessoires mode…

Tf : Il paraît qu’il ne faut pas vous demander les tendances de cet hiver… il n’y a plus de tendances selon vous ?

A.H. : Maintenant, ce qui est important dans le monde de la mode c’est le dernier intervenant. Le dernier maillon de la chaîne qui est le consommateur qui doit apporter la participation, sa vision et sa touche pour se fabriquer SON allure parce qu’en réalité la mode c’est ça. Avant le styliste avait pouvoir sur vous, imposait ses codes et vous deviez les appliquer comme un mannequin statique, aujourd’hui les choses ont évolué, le consommateur qui devient le mannequin final va s’approprier la créativité du styliste mais va faire sa propre cuisine avec ça, va remodeler, refaçonner, associer différemment les choses ou les détourner. Ça n’était pas le cas avant, on n’aurait jamais imaginé avant, d’acheter une pièce d’un styliste ou d’une marque et de faire un ourlet libre sans le recoudre avec des franges, ou d’enlever une manche ou d’approfondir un col. C’est ça qui est extraordinaire. Les personnes complètent cette créativité qu’on leur offre avec leur propre point final.

* Jean Marc Virard et Ti Kwa sont les créateurs de la marque RIGARDS

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