Quand les médias boudent la parole féminine !

Publié le Mercredi 31 Mars 2010
Quand les médias boudent la parole féminine !
Quand les médias boudent la parole féminine !
Attention accrochez-vous, chiffre édifiant en vue ! Vous ne vous en êtes sûrement jamais aperçues, mais les médias n’accordent aux expertes féminines que 4% de leur temps de visibilité. On vous laisse en déduire la proportion masculine ! En tout cas, les porte-paroles de voxfemina et de Terrafemina, elles, ne l’oublient pas !
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La parité encore et toujours en question ! Au sein du Parlement, du Conseil Constitutionnel, des Conseils d’Administration…et désormais une pierre de plus à ajouter à l’édifice des institutions stigmatisées, les médias ! D’après un rapport gouvernemental aux conclusions affligeantes, dirigé en 2008 par  une Michèle Reiser,  rapporté par Brigitte Grésy, et auquel a contribué Mercedes Erra, sur un total de 28 minutes d’intervention de spécialistes à la radio, seule 1 minute est accordée à une expertise féminine. 1 minute contre 27 minutes portées par des hommes ! Les journalistes s’enseveliraient-ils dans une spirale où poncifs et stéréotypes réduisent sommairement la légitimité des femmes expertes ?  Ils s’en défendront, malhabiles, justifiant que ces femmes compétentes et expérimentées sont tout simplement sous-représentées, qu’ils n’en dénichent pas. Certes… Mais pour trouver ne reste-t-il pas encore à savoir vers où chercher ?

Voxfemina monte au créneau !


A la lecture de ce rapport, les auteures soulignent avec ironie qu’en occupant seulement 4% du temps médiatique les femmes ont « un statut de seconde zone : passantes ou ombres chinoises », Valérie Tandeau de Marsac (une des fondatrices de voxfemina et également avocate associée chez Jeantet-Associés) est abasourdie. « Mais j’en connais moi des expertes ! » s’exclame-t-elle. « J’en connais qui dérogent aux trois archétypes véhiculés par nos moyens de communication : la blonde, la pin up ou la mère de famille ! » Animée par cette volonté de rendre à la femme la visibilité médiatique qu’elle mérite, elle conceptualise voxfemina. « C’est au travers des médias, source d’influences sociétales majeures, que nous devons (re)définir l’égalité entre les hommes et les femmes, là où la politique ne parvient à le faire ! Cette carrence de femmes spécialistes est extrêmement dommageable pour les jeunes générations qui manquent de modèles d'identifications positifs. A cause des clichés par lesquels on nous représente, elles croient aujourd’hui que c’est un challenge pour une femme de parvenir à combiner sa carrière et sa vie de famille. Il faut leur montrer qu’une femme peut être plurielle sans forcément devoir sacrifier certains aspects de sa vie au profit d’autres.»

Médias, suivez le guide !


Voxfemina ne cherche pas à être une vitrine, sceau sacré de nouvelles réclamations féministes, « loin de là » indique Valérie Tandeau de Marsac. « Nous ne cherchons pas à délivrer un message communautaire, mais à proposer une solution pour remédier à ce problème de sous-représentativité. Nous allons ainsi éditer un annuaire d’expertes en ligne, où chacune d’entre elles introduira sa biographie et ses domaines de compétences. Nous disposons actuellement d’un « catalogue » de 460 à 500 expertes, que nous avons sélectionnées selon des critères de pointe : expérience reconnue dans les domaines du monde des affaires où la mixité est encore insuffisante, comme la finance, la stratégie, et exercice à un niveau de responsabilités ou dans une fonction de direction. »


Ainsi, chaque journaliste pourra directement se rendre sur voxfemina et établir en quelques clics un contact rapide et privilégié avec une experte liée à sa thématique. Cette banque de données, concept novateur et pragmatique, devrait considérablement alléger le travail médiatique quant à la recherche d’appréciations  crédibles et diversifiées. Encore en développement, l’interface de voxfemina sera totalement opérationnelle entre avril et juin.


Emilie Gardes

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