Voitures et hôtesses : le Mondial de l’auto 2012 lance son grand déballage
Ne faites pas les innocents, « messieurs ». Il suffit de taper « Mondial de l’auto 2012 » dans Google pour que la seconde suggestion de recherche soit « hôtesse ». Eh oui, depuis la nuit des temps, ou du moins l’invention de la roue, la femme est associée à la voiture. Classe. Il n’y a qu’à explorer le vocabulaire commun aux deux « domaines » pour s’en rendre compte : de belles « cylindrées », bien « carrossées », avec de beaux « pare-chocs » (rha-rha : rire gras), et plus récemment de « sacrés airbags »… Bref, de belles bagnoles qui roulent vite ou de jolies pépées bien roulées, ça fait rêver la gent masculine.
Machisme toléré
Ce qui est plus étonnant, c’est la tolérance affichée par la plupart d’entre nous, mais aussi par les médias, devant un tel déballage de misogynie. Le Figaro a déjà publié son diaporama des hôtesses du salon – avec cette légende d’un naturel confondant : « C'est une tradition Porte de Versailles, qui dit belles voitures dit jolies filles. Une fois encore cette année, chaque marque vous a préparé un accueil chaleureux. ». RTL Auto est de son côté allé sur le stand de Skoda pour filmer « les plus belles hôtesses du Mondial », et sur les forums spécialisés (dans l'automobile s’entend), les futurs visiteurs échangent déjà pour savoir sur quel stand ces demoiselles sont « les plus bonnes » (NB : visiblement chez Ferrari, ndlr). Quant au site officiel du salon, c’est bien simple, un onglet « voir toutes les photos hôtesses » affiche clairement la couleur (point d’entrée « voir toutes les photos hôtes » cependant…). Le Mondial de l’auto serait-il le dernier bastion d’un machisme toléré ?
« Les thons, ils les mettent au vestiaire »
Sur d’autres forums, d’hôtesses ceux-là, beaucoup de jeunes filles avouent que ce serait leur « rêve » de participer au Mondial. « Help », surenchérissent-elles. Malheureusement, il semblerait que faire 1,71m et avoir moins de 21 ans soit un minimum pour avoir le privilège de se frotter langoureusement sur le capot des nouveautés, sous l’œil égrillard de visiteurs libidineux (mais non, pas tous !). Nous avons interrogé plusieurs hôtesses ayant participé au Mondial et, selon elles, peu sont effectivement habilitées à donner des conseils sur les voitures, et renvoient quasi systématiquement les visiteurs vers des commerciaux, pour la plupart des hommes. Elles peuvent au mieux fournir de la « doc », en n’oubliant pas de sourire, même lorsque, pour la dixième fois de la journée, on subit une remarque brillante du type « vous faites partie des accessoires de la voiture ? ». Les filles confirment bien que les grandes marques sont officieusement beaucoup plus exigeantes sur le physique de leurs représentantes. On s’en serait douté. Et une dernière de conclure que « c’est clair, les thons, ils les mettent au vestiaire ».
Maquillées comme des camions volés (tiens tiens), posées là, la main sur la hanche, le sourire aux lèvres et la robe bien près du corps, l’hôtesse du salon devra donc supporter, ou apprécier, les regards concupiscents des millions de connaisseurs qui se presseront autour des centaines de stands qui chercheront par tous les moyens à attirer les visiteurs perdus dans la masse de l’offre. On n’attrape pas les mouches avec du vinaigre, n’est-ce pas ? Et pourtant, lorsqu’on sait qu’un acheteur de voiture sur deux est aujourd’hui une femme, on s’étonne que la tradition quelque peu archaïque de ce bel événement n’ait toujours pas, en 2012, su évoluer.
Crédit photo : Mondial de l'auto
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