Rythmes scolaires : prendre en compte le temps de l'enfant dans sa globalité

Publié le Jeudi 14 Juin 2012
Rythmes scolaires : prendre en compte le temps de l'enfant dans sa globalité
Rythmes scolaires : prendre en compte le temps de l'enfant dans sa globalité
Alors que la question des rythmes scolaires est actuellement au cœur du débat sur la refondation de l'école, une poignée d’établissements a d’ores et déjà fait le pari du retour à la semaine de cinq jours, dans le cadre de recherches scientifiques. Au programme : un mercredi matin travaillé et des après-midi écourtées. Christophe Boujon, universitaire spécialiste des rythmes de l'enfant et participant au projet à Angers, nous en dit plus...
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Terrafemina : Depuis quelques mois, les journées dans une poignée d’écoles maternelles et primaires du pays suivent un emploi du temps très particulier. Pourquoi ?

Christophe Boujon : Il s’agit d’une expérimentation sur le rythme scolaire coordonnée par la chronobiologiste Claire Leconte. Elle est menée à la fois dans des écoles suivant un emploi du temps classique et dans neuf autres établissements du pays (Brest, Nevers, La Roche-sur-Yon, Lomme, Lyon et Angers) ayant accepté d’aménager les temps scolaires. L’objectif est d’évaluer l’impact sur l’attention et sur la qualité de l’apprentissage d’une semaine de quatre jours par rapport à une autre de cinq jours. La question est ainsi de savoir si le rythme augmente la réussite scolaire et si les activités périscolaires impactent sur la concentration.

Tf. : Quel est le rythme scolaire des élèves participant à ce projet ?

C. B. : Le rythme du groupe scolaire du l’Isoret (Angers), composé d’une école maternelle et d’une école primaire, repose sur un calendrier un peu particulier mis en place en septembre 2010. Les écoliers viennent en classe neuf demi-journées par semaine, dont le mercredi matin. Les matinées, de 8 heures 30 à 11 heures 45, privilégient l’apprentissage des matières fondamentales tandis que les après-midi sont consacrés aux activités éducatives, culturelles et sportives. A partir de 15 heures 30, heure à laquelle s’achèvent les journées de cours, les élèves sont pris en charge par les animateurs des maisons de quartier, centre et club de loisirs pour y pratiquer des activités péri-éducatives, facultatives et gratuites.

Tf. : Concrètement, comment se déroule cette expérimentation ? Comment testez-vous l’impact de ce rythme particulier sur l’apprentissage des élèves ?

C. B. : Nous soumettons régulièrement les écoliers à des sessions d’évaluations ; nous en avons ainsi réalisé une première en janvier dernier et menons actuellement celle de juin. Concrètement, nous faisons passer aux élèves des épreuves d’attention que nous appelons « tests de barrages ». Ces derniers ont toujours lieu les lundis et jeudis, quatre fois dans la journée : à 8 heures 30, 11 heures 30, 13 heures 30 et 15 heures 30. Nous comparons ensuite les résultats avec des élèves du groupe scolaire de l’Isoret avec ceux d’une école classique, de manière scientifique et totalement objective. Nous cherchons ainsi à établir les différences, si elles existent, entre ces deux groupes d’enfants ayant un rythme de vie tout à fait différent.
Parallèlement, les élèves (ou leurs parents pour les plus jeunes) tiennent « un agenda de vie » dans lequel ils notent la régularité de leur rythme de sommeil. Ce n’est pas un secret, le sommeil a une forte incidence sur l’attention du lendemain. En outre, savoir si l’enfant pratique une activité culturelle ou sportive avant le coucher a également son importance pour comprendre son rythme veille/sommeil. D’une manière générale, nous nous intéressons à l’aménagement global du temps de l’enfant.

Tf. : Un rythme scolaire tel que celui que vous expérimentez constituerait un vrai bouleversement s’il venait finalement à être adopté. Pensez-vous que les municipalités soient prêtes à en assumer le coût ?

C. B. : Effectivement, la question de l’aménagement du temps de l’enfant dépasse largement la seule question du temps consacré à l’école. Toutefois, si l'on souhaite réellement respecter le rythme de l’enfant, cela nécessite forcément des investissements financiers et humains pour prendre en charge les activités prévues pour se dérouler sur le temps périscolaire. Cela implique notamment de pérenniser des emplois d'animateurs. Le gouvernement avait annoncé la multiplication des emplois aidés, ils seraient en effet d’une réelle utilité.
Adopter le meilleur rythme scolaire pour les élèves demande une volonté politique et sociétale forte ainsi qu’une coordination de tous les acteurs. Nous sommes tous concernés : enfants, parents, éducateurs, enseignants et collectivités. Par ailleurs, il est important d’avoir une vision globale et non personnelle. Or, aujourd’hui, bien que tout le monde s’accorde à dire que l'équilibre de l’enfant prime, les contraintes personnelles et divergentes de chacun freinent encore trop le débat.

Crédit photo : AFP

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