Quand des parents donnent leur enfant adoptif sur Facebook

Publié le Jeudi 12 Septembre 2013
Quand des parents donnent leur enfant adoptif sur Facebook
Quand des parents donnent leur enfant adoptif sur Facebook
Donner un enfant que l'on a adopté mais dont on s’est lassé ou avec lequel on n’a pas d’atome crochu, voilà la pratique scandaleuse à laquelle certains parents ont manifestement recours aux États-Unis. C'est ce que révèle une journaliste de Reuters dans son enquête intitulée « Child exchange : dans les coulisses du trafic d’enfants adoptés ».
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C’est une pratique aussi invraisemblable que scandaleuse que Megan Twohey, une journaliste d’investigation de l’agence Reuters vient de dévoiler. Aux États-Unis, des parents lassés des enfants qu’ils ont adoptés s’en séparent, purement et simplement, en les donnant à d’autres familles contactées via des forums sur Internet et autres réseaux sociaux. Dans « Child exchange : dans les coulisses du trafic d’enfants adoptés », une enquête en cinq partie, la journaliste relate l’histoire de ces enfants échangés en toute illégalité, de famille en famille, comme s’il s’agissait de vulgaires animaux de compagnie. Ce n’est d’ailleurs pas un hasard si les parents ne souhaitant plus les élever parlent de private re-homing (changement de foyer privé), terme généralement utilisé pour les animaux domestiques.

Quita, 21 ans, donnée à 16 ans

Aujourd’hui âgée de 21 ans, Quita a été victime de parents adoptifs sans scrupules pendant son adolescence. En 2008, sa famille d’accueil qui réside dans le Wisconsin décide de se séparer de cette jeune fille née au Libéria et jugée  « difficile », parfois « violente ». Après une annonce postée sur Internet, ses parents, Todd et Melissa Puchalla, trouvent en moins de 48 heures un couple de trentenaires prêts à devenir ses nouveaux parents. Quelques semaines plus tard, l’adolescente de 16 ans est confiée aux Eason. Elle réside désormais dans l’Illinois. La « transaction » n’aura nécessité ni formalité administrative ni même la présence d’un avocat ou d’une  assistante sociale. Elle n’aura coûté aux parents en mal d’enfants que le prix de l’essence pour faire le trajet entre les deux domiciles. Problème, alors que les Puchalla pensent leur ex-fille adoptive en sécurité, celle-ci est entre les mains d’un couple connu des services sociaux pour ses troubles psychiatriques et ses accès de violence.  

« Donne beau petit garçon né en 2000. Sage et très obéissant »

Si Quita Puchalla a finalement été replacée dans sa famille d’accueil d’origine - sans que les parents ne soient inquiétés par la justice -, son cas est loin d’être  isolé. « En analysant le contenu d’un groupe Yahoo! consacré au private re-homing, Reuters a compté pas moins de 261 enfants offerts sur une période de cinq ans, dont la majorité étaient étrangers, et âgés de 6 à 14 ans », précise le blog Big Browser, hébergé par Le Monde.fr, qui se fait l’écho de cette enquête. Pire, plus de 5 000 messages postés sur le forum « adoption-abandon » ont été recensés, certains présentés comme des annonces de vente de chien ou de chat. « Né en 2000, ce beau petit garçon, Rick, est arrivé d’Inde il y a un an. Il est sage et très obéissant », peut-on ainsi lire, tandis que la mère adoptive d’un petit Guatémaltèque de 11 ans n’hésite pas à écrire : « J’ai honte de le dire mais je déteste ce petit garçon. »

Depuis la publication de cette enquête, Yahoo! a fermé les groupes de discussion sur lesquels étaient publiées ces annonces. Une suppression qui n’empêchera toutefois pas des parents à recourir à cette pratique honteuse. Presque gratuit et immédiat, le re-homing a en effet de sérieux atouts pour séduire des familles découragées par le délai d’attente et les lenteurs administratives de l’adoption légale, d’autant que sur Facebook, les pages d’échange subsistent. Le réseau social  refuse de les faire disparaître estimant qu’elles sont « le reflet de la société ».  

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