Heidi Klum accepte que sa fille de 11 ans porte des talons hauts : déraisonnable ou amusant ?

Publié le Mardi 22 Juillet 2014
Heidi Klum accepte que sa fille de 11 ans porte des talons hauts : déraisonnable ou amusant ?
Heidi Klum accepte que sa fille de 11 ans porte des talons hauts : déraisonnable ou amusant ?
Dans cette photo : Heidi Klum
Il y a trois jours, Heidi Klum a été photographiée dans les rues de New York en train de se promener avec ses enfants. Parmi eux, Leni, son aînée de 11 ans, portait de vertigineux talons hauts vernis. Est-il innocent d'accéder à ce désir de petite fille de faire "comme maman" ou totalement inconscient ? Nous avons interrogé des spécialistes.
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Combien de petites ne veulent-elles pas faire « comme maman » enfilant, hilares, leurs talons vertigineux dès qu’elles apprennent à marcher ? S’il est clair qu’il serait assez idiot de s’émouvoir d’un tel accoutrement en intérieur, la question se pose lorsque la frontière entre déguisement et hypersexualisation est franchie.

Et lorsqu’on regarde les récentes photos d’Heidi Klum se promenant en famille, son aînée Leni perchée sur de vertigineux escarpins vernis, on peut légitimement penser que la frontière est, dans ces cas précis, poreuse. Il y a quelques années de cela, Suri Cruise, 3 ans, et ses baby-Louboutin, avait soulevé une vague d’effroi chez les mères du monde entier. Puis, tranquillement, le talon pour fillettes s’est mainstreamisé, intégrant les rayons de chez Gap Kids et le dressing de Blue Ivy sans que plus grand monde n’y trouve à redire. Quand une industrie représente 4 milliards de dollars (oui, celui de la chaussure à talons pour fillettes), et que les parents gagas fondent devant ces mini-me qui flattent leur ego, on ferme les yeux et on accepte l’« évolution de la société », quand bien même celle-ci présenterait un inquiétant visage pour nos innocentes têtes blondes.

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Toutes les petites filles se sont déjà déguisées en femmes

En 2012, Chantal Jouanno était pourtant montée au créneau après que le magazine Vogue eut publié les photos ultra glamour de Thylane Blondeau, la fille de Véronika Loubry, 10 ans, fardée, bijoutée, suave et chaussée d’escarpins trop grands, dans une attitude de Lolita qui semblait avoir (enfin) dépassé les bornes du sexuellement correct.

Un rapport sur l’hypersexualisation des jeunes filles avait alors été commandé, lequel avait abouti à l’interdiction des concours de mini-miss, et aux marques de prendre des égéries de moins de 16 ans. Chez Terrafemina, nous avions organisé un Observatoire en collaboration avec Orange intitulé « Les Lolitas version numérique : quelle image de la femme ? », lors duquel nombre de spécialistes s’étaient interrogés sur le rôle de l’image et des réseaux sociaux dans l’hyperféminisation des femmes en devenir. Parmi eux, Michel Foze, auteur du livre Les Nouvelles adolescentes (éd. Armand Colin), considérait que « toutes les petites filles se sont déjà déguisées en femmes, afin de ressembler à maman. [...] On peut le faire chez soi mais c’est plus problématique quand on veut le faire dehors. »

Sur ces clichés d’Heidi Klum et sa fille, ce qui choque, ça n’est pas tant les chaussures en elles-mêmes que la fierté de la maman devant sa fille-femme. Myriam Szejer, pédopsychiatre, à qui nous avons montré  ces photos, nous a répondu qu’elles étaient clairement « à la limite » et plaçaient ceux qui les regardent dans la position de « voyeurs », ajoutant toutefois que  Leni, elle « reste une enfant qui s’amuse ».

L'indécence commence au moment où on est choqué

S’il était autrefois « aussi violent d’interdire aux jeunes femmes de porter des bas ou de se maquiller que de leur accorder trop tôt ce droit », Myriam Szejer n’est ainsi pas catégorique quant à l’interdiction qu’on pourrait faire aux petites filles de porter des talons. Ce passage à l’âge de femme doit être progressif ; quant à l’âge auquel il semble raisonnable de permettre à sa fille d’en porter, il semble qu’il diffère d’une enfant à l’autre et soit soumis à la maturité de chacune, et le fait qu’elle soit prête ou non à attirer le regard des hommes.

Malheureusement pour cette petite Leni, soumise au regard des hommes, elle l’est depuis sa naissance puisque sa maman-star ne rechigne pas à ce que soient publiées les paparazzades quotidiennes auxquelles sa famille et elle-même sont sujettes. Ces clichés d’une fillette en robe à sequins et talons bien trop vertigineux, par ailleurs, pour une colonne vertébrale en pleine croissance, ont été rendus accessibles à tous les internautes dès lors qu’ils ont été publiés, avec l’assentiment inconscient d’une mère heureuse de promener ses fillettes pomponnées.

Pour Michel Fize, « l’indécence doit être reliée aux mœurs d’une société, elle commence au moment où on est choqué. »

Et vous, êtes-vous choqués par les talons de Leni ?