Ma belle-mère et moi : pourquoi est-elle si oppressante (et comment gérer la tension) ?

Publié le Mercredi 24 Décembre 2014
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Par Le HuffPost Média
Ma belle-mère et moi : pourquoi est-elle si oppressante (et comment gérer la tension) ?
Ma belle-mère et moi : pourquoi est-elle si oppressante (et comment gérer la tension) ?
Personnage récurrent du comique familial, des blagues faciles et du théâtre de boulevard, la belle-mère, la mère du fils, "méchante, envahissante et possessive" occupe aussi une place non négligeable dans les plaintes qui s'expriment sur les forums féminins ou dans les cabinets de conseillers conjugaux. Comment le comprendre ? Qu'est-ce qui rend les relations bru / belle-mère aussi tendues. Comment se formulent ces tensions, quelles en sont les sources et quels biais trouver pour les apaiser ? Réponse en 4 points.
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Voir ce qui est en jeu pour l'une comme pour l'autre a son importance. Non qu'il faille pour autant se taire, laisser faire et tout accepter, mais cela permet à tout le moins de ne pas se sentir trop personnellement mise en cause par un comportement, intrusif, agressif ou au contraire trop distant, mais qui apparaît, dans tous les cas, comme particulièrement blessant.

1. "Elle est convaincue que son fils serait bien plus heureux s'il en choisissait (s'il en avait choisi) une autre que moi"

Ce qu'il faut savoir


On connait la complexité, la puissance du lien qui unit mère et fils dans l'inconscient de chacun. D'où, lorsqu'il "quitte sa mère" pour "une autre femme" une reviviscence forte des conflits œdipiens.
L'engagement de son enfant dans une nouvelle vie est une étape toujours teintée d'ambivalence et cela même si la belle-mère, à l'opposé des caricatures qui la diabolisent, trouve sa bru objectivement parfaite. A la fierté de voir son enfant devenir un homme se mêle en effet des sentiments confus d'envie, de nostalgie, quelques regrets aussi. C'est, pour toutes celles qui voient leur fils s'en aller vers une autre, un moment de fragilité. La compagne qu'il a choisie va-t-elle réussir à le rendre heureux? Plus heureux que lorsqu'il était encore enfant ?
Pour peu, en outre, que la belle-mère soit elle-même malheureuse dans son propre couple, angoissée à l'idée de vieillir, désemparée, incapable d'investir un rôle qui ne soit pas celle de la "mère-de-son enfant", cette ambivalence peut basculer dans le rejet systématique de toute "rivale" qui viendrait occuper la première place dans le cœur de son fils. Dans ce cas, ce n'est évidemment pas la belle-fille elle-même qui est en cause. Une autre, n'importe quelle autre, serait tout aussi mal traitée.
Mais il arrive aussi que la belle-fille, de son côté, joue sa partition dans la rivalité qui s'instaure parfois très précocement. Est-elle jalouse de sa belle-mère comme elle le serait d'une ex ? A-t-elle peur de trahir sa propre mère, si elle noue des liens de trop grande proximité avec sa belle-mère? Reporte-t-elle sur sa belle-mère une agressivité qui n'ose pas s'exprimer à l'égard de sa mère?
Dans les contes de fées - et parfois dans les familles recomposées - c'est la seconde femme du père, la méchante step mother qui fait les frais de ce déplacement. Mais on peut supposer que, dans la réalité, la mère du fils, la mother in law n'en est pas épargnée.

Ce que vous pouvez faire


Accepter d'abord, comme on vient de le voir, le fait que les choses ne sont pas si tranchées entre un ange de douceur (vous) et un monstre de méchanceté (votre belle-mère) et que la rivalité est un jeu qui se joue à deux.
Le fait de réfléchir sur soi avant de tout imputer à l'autre a toujours des effets positifs. Tout comme essayer de comprendre ce que la situation comporte pour l'autre de difficile : ne pas prendre les choses personnellement évite de se sentir blessée, humiliée, donc de sur-réagir et d'alimenter le cercle du conflit.

Ce que vous devez éviter


Il ne sert à rien de rentrer dans le jeu de la rivalité. Essayez plutôt de rassurer votre (future) belle-mère. Et de l'apprivoiser. Il ne s'agit pas de se soumettre mais de repérer ses bons côtés, elle en a surement, cherchez bien, et de les lui souligner. C'est assez simpliste mais plus productif que les mises à jour régulières du catalogue de ses défauts. Pourquoi, par exemple, ne pas la remercier d'avoir fait de son fils cet homme aux valeurs solides sur qui vous êtes certaine de pouvoir compter ? On recommande parfois aux belles-mères de respecter avec leurs belles-filles la règle des trois C : des Cadeaux des Compliments et pas de Conseils. Avec les belles-mères, c'est un peu pareil. En remplaçant peut être le dernier item : des Cadeaux, des Compliments et pas de Critiques.

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2. "Depuis que nous avons décidé de vivre ensemble, elle voudrait nous refiler toutes sortes de vieilleries dont un canapé défraîchi sous prétexte que son fils adorait sauter dessus quand il était petit."

Ce qu'il faut savoir


Un des sujets de plaintes les plus fréquents chez les jeunes couples concerne la manière dont les beaux-parents et tout particulièrement la belle-mère cherchent à s'immiscer dans leur vie. Voir son fils s'installer avec une "autre femme" peut réveiller chez certaines belles-mères des angoisses d'abandon, susciter chez d'autres une inquiétude diffuse face à l'avenir: comment penser les années qui vont suivre, comment les remplir ? D'où la tentation, pour elles, soit de marquer une coupure en s'éloignant, ne serait-ce que géographiquement, soit à l'inverse, et plus fréquemment, de vivre une deuxième vie par procuration en intervenant, fut-ce avec les meilleures intentions, dans celle du nouveau couple. C'est ainsi que l'on voit certaines belles-mères proposer, le plus innocemment, le plus gentiment du monde, puisqu'elles ont du temps et qu'elles "s'y connaissent" d'aménager l'appartement du jeune couple, de choisir les meubles, le carrelage de la cuisine, la couleur de la salle de bains et celle des coussins.

Ce que vous pouvez faire

Le virage, là, est particulièrement délicat à négocier parce que la plupart du temps, il n'y a pas forcément d'intention mauvaise (au moins consciemment) dans cette mainmise en douceur sur le quotidien du couple. C'est donc tout de suite que la limite doit être posée. Avec gentillesse aussi, mais avec la plus grande fermeté. Dire par exemple qu'on est ravie de savoir qu'on peut compter sur sa belle-mère, qu'on n'hésitera pas à lui demander conseil sur tel ou tel point d'aménagement, l'emmener, pourquoi pas, choisir avec vous un modèle de papier peint mais ne pas la laisser prendre le lead sur ce qui sera votre cadre de vie. Et non le sien.
Dans le même registre un autre sujet délicat concerne les "objets de famille" dont certaines belles-mères souhaitent faire cadeau à leurs brus. Il s'agit toujours d'une forme d'intrusion mais compliquée du poids symbolique de la transmission. Ce meuble par exemple, que l'on veut donner représente enchaînement des générations et la continuité familiale. Le problème c'est que l'armoire normande, le canapé Chesterton ou la table Louis XV, outre qu'ils prennent pas mal de place, ne font pas forcément bon ménage avec le catalogue Ikea.

Ce que vous devez éviter


Un refus brutal serait contre productif et inutilement blessant. Là encore, un peu de diplomatie est nécessaire. L'essentiel est de reconnaître - et de faire comprendre qu'on reconnaît - la portée du geste, sa valeur symbolique: ce n'est pas l'idée de transmission que l'on refuse, bien au contraire, mais simplement un objet, au moins pour l'instant, un peu encombrant. L'idéal serait de pouvoir demander à votre belle-mère autre chose, un vase, une petite table basse, dont elle accepterait de se séparer et dont vous seriez heureuse qu'elle vous fasse cadeau pour l'intégrer dans l'histoire familiale qui se poursuit.

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3. "Elle considère que je nourris (habille, élève...) SES petits enfants en dépit du bon sens"

Ce qu'il faut savoir


La naissance d'un enfant est une nouvelle source potentielle de malentendus et de conflits. D'un côté la belle-mère se réjouit à l'idée d'avoir enfin un nouvel objet d'amour en qui elle voit le prolongement de son propre enfant. De l'autre, cette naissance peut réactiver angoisses et jalousies inconscientes. Son tour a passé : elle ne sera plus désormais qu'une grand-mère. Les projections se font plus denses. Chacune traque ressemblances et différences sur le visage du bébé. Les conseils sur la manière dont il faut s'en occuper le nourrir, l'habiller et bientôt l'éduquer, se multiplient et peuvent prendre assez rapidement l'allure de critiques plus ou moins déguisées. Critiques qui blessent d'autant plus la jeune mère qu'elle se sent elle-même fragile, fatiguée, et encore peu assurée de son nouveau statut de maman.
Ces conflits belle-mère/belle-fille autour de l'enfant touchent à la fois le territoire et, plus profondément, l'identité de chacune, son ancrage familial et culturel. Ils mettent à jour des inquiétudes sourdes, des loyautés pas toujours conscientes. La belle-mère se trouve en rivalité non seulement avec la femme de son fils mais avec la mère de celle-ci. On sait l'importance que prend souvent pour une jeune maman sa propre mère. C'est à elle, de préférence, qu'elle parle des émotions qui la traversent, à qui elle demande conseil et confie d'abord l'enfant. De ce fait il arrive que la belle-mère se sente rejetée, exclue, ce qui accroît son malaise et peut le transformer en amertume et en agressivité.

Ce que vous pouvez faire


D'abord essayer dès le début, et même si ce n'est pas facile, de maintenir un équilibre entre les deux familles, les deux grand-mères. Ne laissez aucune des deux empiéter sur votre vie mais n'en privilégiez ouvertement aucune.
Ne vous braquez pas immédiatement à la moindre remarque concernant les enfants. Les conseils ne sont pas forcément empreints d'agressivité. Essayez plutôt d'anticiper et de demander, vous, conseil à votre belle-mère sur la manière de s'y prendre. Elle vous en sera reconnaissante. En revanche si les critiques sont violentes, publiques, ne vous laissez pas humilier. Prenez votre belle-mère à part et tentez de convenir ensemble d'un modus vivendi. Ayez à l'esprit qu'une belle mère, quelle que soit la rivalité qui l'oppose à sa belle-fille, n'a pas intérêt à se brouiller avec elle, au risque de se brouiller aussi avec son fils.
Acceptez en revanche sans barguigner les cadeaux qu'elle vous fait pour les enfants. Y compris les vêtements. Même si ce n'est pas votre goût. Même si ce n'est pas votre style. Rien ne vous oblige à les leur mettre tous les jours. Prenez les en photo avec. Et postez le tout à votre belle-mère avec un petit commentaire gentil.
Acceptez aussi que, chez elle, ils ne suivent pas exactement les mêmes règles de vie que chez vous. Ce n'est pas très grave s'ils regardent la télé alors que chez vous elle est interdite. Ou qu'ils aillent à la messe alors que vous êtes farouchement anticléricale. Les enfants ont besoin pour grandir de s'enrichir des différences.

Ce que vous devez éviter


Ne faites pas appel à votre belle mère systématiquement à la dernière minute pour garder les enfants, en lui faisant bien sentir que c'est parce que la baby-sitter vous a fait défaut et que vous ne pouvez vraiment pas vous débrouiller autrement.
Plus sérieusement, ne faites surtout pas de chantage aux petits-enfants. Même si vos rapports avec elle sont exécrables, ne privez pas votre belle -mère de les voir, ils en seraient les premières victimes. Ils ont besoin de ce lien qui les ancre dans leur filiation. Parlez aussi avec eux, et expliquez leur qu'ils ont le droit d'aimer deux personnes qui, entre elles, ne s'entendent pas.

4. "Elle ne voit pas quel mal il y a à passer à la maison sans prévenir

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