Le guide du savoir manger : les conseils de Patrick Sérog
Terrafemina : Votre livre est un outil pédagogique au service de la nutrition, un sujet qui intéresse notre société au plus haut point. Pensez-vous qu’il faille éduquer les consommateurs ?
Patrick Serog : Le mot « éduquer » est pompeux, il s’agit plutôt de comprendre pour mieux choisir. En effet entre la composition des aliments et tout ce que l’on entend autour de nous, il est de plus en plus difficile de savoir ce que l’on mange. Lors de notre première enquête en 2004, nous avions recensé 4000 produits, c’était déjà énorme, en 2011 nous en avons comptabilisé 17 000. Le livre donne, pour chaque grande catégorie d’aliments, une note simplifiée avec tout ce qu’il faut savoir et des clés pour choisir.
TF : Que faut-il regarder en premier lieu sur une étiquette alimentaire ?
P. S. : Il faut se concentrer sur la liste des ingrédients. On sait que le premier ingrédient de cette liste est le plus important en quantité dans le produit. Par exemple : pour un plat préparé de « Poulet au riz », le 1er ingrédient sera le riz, alors que lorsqu’on cuisine ce plat, la cuisse de poulet aura plus d’importance que le riz. Ainsi face à cette étiquette on sait d’emblée que ce plat manque de protéines.
TF : Vous passez les rayons des supermarchés au peigne fin : quelle famille de produits nécessite une vigilance particulière selon vous ?
P. S. : Il y a des rayons piège, mais nous les connaissons. Par exemple celui des produits apéritifs… Mais il faut savoir ce qu’on va manger avant de faire ses courses, ce dont on a besoin pour faire un vrai repas. Il faut partir avec une liste. Le 2ème bon réflexe après la liste des ingrédients, c’est de regarder le pavé nutritionnel, précisément le rapport entre la quantité de protéines et la quantité de lipides sur un produit : la quantité de protéines pour 100g doit être supérieure.
TF : Votre enquête tient également compte des prix, reflètent-ils en général la qualité nutritionnelle des produits ?
P. S. : C’est un de nos principaux constats sur l’enquête 2011 : nous avons été très étonnés par les variations de prix qui vont de 1 à 10, et ne se justifient absolument pas par la qualité de l’aliment. Il faut donc regarder le prix au kilo qui nous renseigne vraiment et permet de comparer entre les produits.
TF : Que peut-on reprocher le plus souvent aux produits que l’on trouve en supermarché ?
P. S. : Globalement il faut d’abord souligner une nette amélioration des produits des grands distributeurs : un gros effort a été fait au niveau nutritionnel. Ces produits menacent les marques traditionnelles, qui doivent être incitées à améliorer encore la qualité. En revanche les premiers prix des marques distributeurs restent inférieurs en qualité aux marques traditionnelles.
Par ailleurs certains produits présentent des listes d’ingrédients excessivement longues, et cela n’est jamais bon signe. Plus cette liste est longue, plus l’aliment s’éloigne de ce qu’il doit être. Par exemple sur des profiteroles ou certaines barres de céréales on voit des listes de 17 ou 20 ingrédients, c’est beaucoup trop.
TF : Les produits estampillés « Bio » se multiplient dans les rayons, et les marques de distributeurs proposent du Bio à prix intéressant. Quel est votre bilan sur ces produits ?
P. S. : Tout d’abord il n’y en a pas tant que ça, les produits Bio représentent à peine 2 ou 3% de l’ensemble des produits. En outre, ils sont plus chers et ne présentent aucun intérêt nutritionnel particulier. Ils garantissent seulement l’origine des ingrédients et l’absence d’utilisation des pesticides.
« Savoir manger, la vérité sur nos aliments », de Jean-Michel Cohen et Patrick Sérog, Flammarion, 19, 90€.
A retrouver sur le site du Savoir manger
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