Troubles du sommeil et de la concentration : la faute aux antennes relais ?

Publié le Lundi 21 Novembre 2011
Troubles du sommeil et de la concentration : la faute aux antennes relais ?
Troubles du sommeil et de la concentration : la faute aux antennes relais ?
Maux de tête, saignement de nez, vertiges, bourdonnement dans les oreilles ? Et si les responsables de ces symptômes étaient les antennes relais ? Pour en avoir le cœur net, l'association Santé Environnement France (ASEF) a, lancé en octobre dernier, une enquête sur l’impact de ces équipements. Le docteur Patrice Halimi, chirurgien-pédiatre à Aix-en-Provence et secrétaire général de l'ASEF nous en dévoile les résultats.
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Terrafemina : Pourquoi avoir lancé cette enquête ?

Dr. Patrice Halimi : L’enquête que nous avons lancée en octobre et dont nous dévoilons aujourd’hui les résultats porte sur deux résidences HLM : l’une située à Aix-en-Provence, l’autre à Aubagne. Les locataires ont pour point commun d’avoir entre 12 et 14 antennes relais sur leurs toits. Le questionnaire, élaboré avec l’aide de l’association PRIARTéM, que nous avons fait remplir aux habitants de ces immeubles avait donc pour but de recueillir des indications quant à leur état de santé.

TF. : Au vu des premières conclusions de cette étude, quelles peuvent être les conséquences d’une surexposition aux ondes produites par les antennes relais ?

Dr. P. H. : Les résultats de cette enquête donnent plusieurs enseignements. Prenons par exemple les acouphènes (sifflements, bourdonnements, etc.) : 43 % des personnes interrogées s’en plaignent, alors que seulement 15 % des Français disent souffrir d’un tel problème. S’agissant des troubles du sommeil : 55 % des locataires en souffrent, alors qu’ils ne sont que 32 % sur la population globale. Enfin, 27 % des sondés avouent avoir du mal à se concentrer. C’est le cas de 4 % des Français en moyenne.
Autre fait troublant, parmi ces locataires surexposés, 83 % de ceux ayant la chance de partir en vacances voient leur(s) symptôme(s) disparaître au bout de quelques jours, dès lors qu’ils s’éloignent de leur domicile.
Les résultats de cette enquête vont dans le sens de l’étude Bortkiewicz publiée en Pologne en 2004 ou encore de celle d’Abdel-Rassoul menée en Egypte en 2007. Toutes les deux faisaient le lien entre les troubles du sommeil et de la concentration et la proximité des antennes relais. On peut également évoquer l’étude Hutter et Kundi réalisée par une équipe de chercheurs autrichiens en 2010 qui a démontré le lien entre les antennes relais et les acouphènes.

TF. : Vous dites que certains toits d’immeubles arborent plus d’une dizaine d’antennes relais. N’y a-t-il pas de loi limitant ces implantations ? L’accord des habitants n’est-il pas indispensable au préalable ?

Dr. P. H. : Pour les opérateurs, les HLM sont des aubaines : ils n’ont qu’un seul propriétaire à convaincre, contre des dizaines dans le cas de copropriétés. En effet, l’arrêt du 7 avril 2005, décrète qu’une antenne relais ne peut être implantée qu’avec l’accord unanime des propriétaires de l’immeuble en question. Les locataires d’appartement privé ou d’HLM, n’ont, quant à eux, pas leur mot à dire. Ces personnes ont donc souvent l’impression qu’on se moque d’elles. On ne leur demande pas leur avis avant l’installation de ces équipements sur leur toit, elles ne touchent pas d’indemnités financières (alors que c’est le cas dans le privé) et pourtant ce sont elles qui prennent et assument les risques.

TF. : Quelle est la norme en France en matière d’exposition électromagnétique ?

Dr. P. H. : En France, la norme d’émission des antennes relais oscille entre 41 et 61 volts/mètre alors que l’ensemble de nos voisins européens a adopté des normes comprises entre 3 et 6 volts/mètre. Une partie de l’Autriche est même passée à une réglementation de 0,6 volt/mètre. La France a donc des progrès à faire !
Récemment le rapport de l'Agence française de sécurité sanitaire de l'environnement et du travail (Afsset) appelait à la réduction de l'exposition du public aux ondes électromagnétiques. Il préconisait notamment la mise en place du principe ALARA qui consiste à ce que la puissance des antennes soient réduites à la plus basse fréquence possible. En mai dernier, le Conseil de l’Europe a même reconnu que les émissions de la téléphonie mobile étaient une attaque à la santé publique.

TF. : Que préconise l’Asef pour faire évoluer la situation ?

Dr. P. H. : Il est urgent d’instaurer des normes collectives telles qu'il en existe sur l'air ou sur l'eau. Le législateur doit se saisir de cette question en se demandant à qui doit bénéficier le doute.

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