Lâcher prise pour mieux jouir

Publié le Vendredi 06 Juillet 2012
Lâcher prise pour mieux jouir
Lâcher prise pour mieux jouir
Parlons sans détours : ce qui excite les hommes, ce sont les femmes qui sont bien dans leur peau, bien dans leur corps, bien dans leur tête. Le point de vue de notre experte Sophie Bramly.
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Je lisais récemment, sur un site américain, l'histoire d'une femme obèse qui, sortant d'un mariage vers l'âge de 35 ans, a découvert grâce à l'anonymat d'Internet non seulement que la sexualité pouvait se révéler plus subtile que ce qu'elle avait connu jusque là, mais aussi que beaucoup d'hommes la trouvaient excitante.

Si les femmes ont en général plus de difficultés que les hommes à s'affranchir du « regard social » (en dehors des canons en vigueur dans les médias, point de salut) avec pour effet une difficulté à lâcher prise qui entame leurs plus beaux orgasmes, la vraie fragilité, dans le rapport amoureux, tient depuis la nuit des temps au doute des hommes quant à l'érection. Il faut se souvenir que les Romains affichaient à l'entrée des villes des sculptures de gigantesques phallus en érection pour signifier que tout allait bien, et que les enseignes de boulangerie, blanchisserie, ou autre commerce affichaient également des verges bien dressées : elles avaient une fonction protectrice. Les femmes ont pratiquement intégré cette inquiétude masculine dans leurs gènes depuis tout aussi longtemps. Rares en effet sont celles qui n'encadrent pas d'un torrent d'affection et de caresses à effets érectiles le phallus, et qui, telles de douces mères, cherchent à consoler, lorsque d'aventure la verge reste flaccide. Biologiquement, les femmes sont fortes et indépendantes ; rien ne les a jamais empêché de jouir seules, le clitoris ne sert qu'à cela, mais le plaisir s'obtient mieux à deux (tout comme les enfants !), c'est pourquoi elles n'ont eu de cesse d'accepter forfanteries, maltraitances ou autres sautes d'humeur masculines comme les signes maladroits d'une inquiétude légitime.

Je me risque ici à un parallèle que certains trouveront hasardeux : l'alarme autour de notre économie, dont la croissance est en berne, n'est-elle pas à rapprocher de l'inquiétude qu'ont les hommes face au rapport amoureux ? Toute notre économie repose sur l'idée de la croissance, qu'il s'agisse de démographie, chiffres d'affaires, taille des entreprises, etc. Pourquoi alors ne pas reprendre l'idée de la Rome Antique, en affichant partout des verges en érection (qu'on appelait « fascinus », c'est-à-dire fascinant) comme signe de vitalité éclatante, pour conjurer le sort, en lieu et place des femmes lascives vantant les usages de savonnettes, colifichets et autres produits de consommation courante ? Les hommes pourraient ainsi à nouveau faire les paons, comme ils l'ont fait pendant des siècles, et les femmes devenir à leur tour spectatrices, avec l'option de pouvoir choisir sans attendre d'être choisies. Ainsi, moins focalisées sur leur poids, leur âge ou les canons de notre époque, elles pourraient laisser plus facilement le plaisir les submerger, la jouissance monter, l'orgasme les envahir, ce qui les comblerait tout autant que cela comblerait les hommes. Une population d'hommes et de femmes ainsi épanouis n'auraient-ils pas, ensemble, plus de tonus pour rendre « fascinante » la croissance de notre économie ?
Utopique ? Pas si sûr.

Crédit photo : iStockphoto

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