Sexualité : Je te mange, donc je t'aime ?

Publié le Jeudi 31 Mars 2011
Sexualité : Je te mange, donc je t'aime ?
Sexualité : Je te mange, donc je t'aime ?
« Belle à croquer », « Je vais te manger »… autant d’expressions, a priori anodines, qui pimentent nos discussions coquines, à prendre au second degré, bien sûr ! Mais pourquoi choisir ces mots ? Aurions-nous des pulsions cannibales profondément enfouies en nous ? Julien Picquart tente de trouver des réponses à ces questions dans son ouvrage « Notre désir cannibale, du mythe aux faits divers », en faisant ressortir les côtés les plus obscurs de notre désir. Eclairage de notre experte Sophie Bramly.
À lire aussi

On mange un  « croque-monsieur » ou une « religieuse », on appelle son conjoint « chou » ou « lapin », on « consomme » son mariage, on passe à la « casserole » : le langage de l'amour montre à quel point la chair fait bon ménage avec la bonne chère.  Au point que dans un certain nombre de langues on utilise le même mot.
Julien Picquart, journaliste spécialisé dans la sexualité, vient de sortir un ouvrage qui pose la question plus franchement : notre désir est-il cannibale * ? Si l'idée peut être à priori saugrenue, l'auteur marque un point d'entrée : le Christ dit « Prenez, mangez, ceci est mon corps. Buvez-en tous, car ceci est mon sang ». On trouverait donc sa force à se nourrir du corps de l'autre. La première transgression, Eve mangeant une pomme, lie également la nourriture à la sexualité.  
Les  vieilles légendes, la littérature, le cinéma, se sont emparés maintes fois de l'histoire du mari trompé qui fait manger à son épouse le coeur de l'amant. La méchante reine mange le foie et les poumons de Blanche-Neige. Issei Sagawa, le Japonais cannibale qui défrayait la chronique dans les années 80, mangea sa bien-aimée et déclara à son procès « j'éprouve son existence dans mon corps et c'est un grand plaisir ». Pour Picquart, c'est bien la preuve que « au centre de la relation amoureuse, il n'y a peut-être pas le coeur, mais la bouche comme un lieu de pouvoir, le terrain d'un rapport de forces où les partenaires, en se mangeant, s'aiment et se haïssent, se jalousent et se tuent, se possèdent et se vengent ».
A travers une série d'analyses des célèbres cas de cannibalisme, des métaphores de la littérature et du cinéma, l'auteur pousse plus loin les clés de la psychanalyse, et avec elle l'idée que désir et appétit seraient une seule et même pulsion.
Alors, manger, ou faire l'amour ?

* Julien Picquart « Notre désir cannibale, du mythe aux faits divers », Editions La Musardine.

VOIR AUSSI

L’humeur sexo de Sophie Bramly : lifting sous la couette

L’humeur sexo de Sophie Bramly : le sperme et la dépression
L’humeur sexo de Sophie Bramly : l’extase et le miroir
L’humeur sexo de Sophie Bramly : ménopause ou mini-pause ?