Passer l'aspirateur ou faire l'amour ? Pourquoi nous n'avons pas forcément à choisir

Publié le Mercredi 05 Mars 2014
Passer l'aspirateur ou faire l'amour ? Pourquoi nous n'avons pas forcément à choisir
Passer l'aspirateur ou faire l'amour ? Pourquoi nous n'avons pas forcément à choisir
Une étude des plus sérieuses prétend que les couples dans lequel l'homme fait le ménage ont une vie sexuelle moins épanouie. Une fatalité ? Pas nécessairement. Et notre experte sexo Sophie Bramly nous explique pourquoi.
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Le magazine du New-York Times publiait récemment un article sur les effets de l'égalité entre sexes sur la sexualité des couples. Il reprend une étude publiée en 2013 par l'American Sociological Review (« Egalité, travail domestique et fréquence des rapports sexuels dans le mariage ») sur les effets de la parité sur le désir sexuel, d'où il ressort de que si les hommes participent de façon égalitaire à la vie domestique, le couple a 1,5 fois moins de rapports sexuels que les autres couples. Mais doit-on nécessairement sacrifier la vie sexuelle en couple pour alléger le poids du quotidien domestique ?

Un homme qui repasse, qui change les couches d'un bébé, qui fait la vaisselle est – diurne – un merveilleux partenaire qui allège formidablement la triple vie des femmes, entre travail, vie domestique et enfants. Mais ce même partenaire idéal ne chatouille plus du tout la libido le soir venu. Après avoir vidé la machine à laver ensemble, ou passé l'aspirateur dans un même élan, il est rare qu'un couple à ce moment-là ait une furieuse envie de faire sauvagement l'amour, collés au mur dans le feu de la passion, que la femme ait l'envie brûlante de faire une fellation à son partenaire ou encore qu'il ait envie de mordiller ses seins tout en glissant un doigt ou deux dans son vagin. La plupart du temps, les couples paritaires (peu nombreux en France au vu des dernières statistiques) glissent sous les draps pour lire un livre, regarder la télé ou s'embrasser, guère plus.

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L'auteur de cet article, Lori Gottlieb, qui est aussi thérapeute, constate – comme ses confrères – que si le partage des tâches soude le couple dans une parfaite harmonie, si cela libère la parole, la libido vacille. Le mari ou conjoint devient un excellent camarade de route, mais sa testostérone se fait moins sentir. Il est vrai que les femmes avancent dans leur émancipation avec une certaine schizophrénie : elles veulent de façon légitime un salaire égal, mais certaines s'étranglent s'il faut partager l'addition au restaurant ou si la Saint-Valentin n'est pas l'occasion de cadeaux. C'est un comportement parfaitement humain : vouloir plus est vital, abandonner certaines habitudes, fussent-elles bonne ou mauvaises, n'est pas facile.

Qui dit peu de différence, dit peu de sexe

Elle conclut, un peu hâtivement peut-être, qu'il va falloir s'habituer à cette nouvelle donne, et accepter que des couples qui se construisent sur le partage aient des rapports sexuels un peu fades ou distants, car moins il y aurait de différence entre les deux genres, moins il y aurait de désir, ce qui attire étant la différence, la complémentarité.

Pourtant, elle cite les hommes homosexuels qui ont souvent plus de rapports sexuels au sein du couple que les hétéros. Ils recherchent une personne de leur sexe qui soit différente d'eux-mêmes, en s'en tenant à des critères libidinaux uniquement. Elle note aussi que les femmes lesbiennes qui parlent trop au sein du couple font moins l'amour que les autres.

Il y a dans ce texte des réalités indéniables mais aussi une certaine forme de stéréotypes à juger que les femmes dans l'ensemble sont plus enclines à sacrifier leur vie sexuelle que leur vie domestique. Si on accepte que les hommes et les femmes sont pluriels, les choses ne sont peut-être pas tout à fait du même ordre. On peut alors considérer que ce qui fait la différence et la complémentarité dans un couple ne réside pas dans les différences physiques, mais dans les différences tout court. Ce qui attire, c'est avant tout le mystère (sans doute aussi la raison pourquoi tant de gens préfèrent faire l'amour la nuit), l'interchangeabilité dans les différents types de pouvoirs et l'érotisme que réveille une personne, indépendamment de sa culture et de ses ressources économiques.

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Si les femmes choisissent un homme parce qu'elles le trouvent physiquement irrésistible et qu'il excite sans cesse leurs pulsions, elles sont libérées du carcan culturel et peuvent privilégier le rapport érotique à l'autre. Et à ce moment-là, un homme peut devenir tout à fait être irrésistible passant l'aspirateur (nu ?), à condition peut-être que cela soit une danse érotique à deux. Tout est toujours dépendant de l'intention qu'on y met, du jeu qu'on en fait et de la priorité qu'on accorde aux jeux sexuels au quotidien...