Camille Chamoux, Les Gazelles et le second célibat

Publié le Mardi 25 Mars 2014
Camille Chamoux, Les Gazelles et le second célibat
Camille Chamoux, Les Gazelles et le second célibat
Dans cette photo : Audrey Fleurot
Exit le célibat des Bridget Jones et consors, attendant patiemment un verre de Get 27 à la main la méchante trentaine et le contre-la-montre pour dénicher le père de ces enfants qui viendront emplir de bonheur leur  triste vie de femme seule en pyjama de pilou. Aujourd’hui, la société s’intéresse enfin à celles qui, la quarantaine venue, sortent d’un long sommeil passé en couple à ronronner sur leur canapé Ikea. Et quand on n’a pas exercé depuis une dizaine d’années, et qu’on revient sur le marché, ça se passe comment ? Plongée au cœur du second célibat.
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Le film de Mona Ayache est incontestablement réussi. Déjà parce qu’il donne de cette bande de copines « entre deux âges », parisiennes et en quête d’un prince même pas charmant mais au moins sympathique une vision pas trop girly ni outrée. Mais aussi parce que, enfin, il offre aux « secondes mains » (hommes et femmes) leur film générationnel.

Combien de rom’com ou de bouquins de chick lit’ nous sommes-nous enfilé jusqu’à écoeurement, gloussant puis levant les yeux au ciel devant les aventures de ces jeunes femmes même pas encore imposables occupées à enchaîner les whisky-cocas avec leurs copines de lycée alors qu’elles envoyaient à peine leurs premiers CV ? Et combien, depuis, avons-nous de copines (ou sommes-nous nous-mêmes) à avoir passé dix ans enchaînées au même homme, avec ou sans enfant, avant de décider comme un couple sur deux de reprendre leur liberté et de se retrouver, comme Camille Chamoux, l’héroïne des Gazelles, à nouveau sur la halle au mâle un soir d’hiver à ne plus savoir comment appréhender la chose ?

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Audrey Fleurot, maman de Marius, sort chaque samedi soir avec l’espoir de trouver celui qui lui fera oublier le père et ces matins passés seule à l’école face aux mamans en couple. Anne Brochet, psy perchée, cache son mal-être derrière une assurance mal assurée. Joséphine de Meaux, toujours parfaite, suit de bonne grâce ces copines d’infortune et de soirées avinées tandis que Camille Chamoux, héroïne et révélation de l’année tente tant bien que mal d’apprendre à nager dans cet univers qu’elle a choisi de rejoindre alors que, au moment de signer l’achat de son appartement avec Eric, son homme-doudou depuis quatorze ans, elle a cru étouffer à l’idée de signer pour l’éternité.

Ah bon, une femme quitte son mari à notre époque ?

Mais voilà, que fait-on lorsqu’on a quarante ans, des rides autour des yeux, des enfants à faire garder, la plupart de ses connaissances en couple et qu’on se retrouve, une nouvelle fois, dans le grand bain du célibat ? Maman s’inquiète (Josiane Balasko, très bien) et regrette l’homme-doudou que papa aimait tant et pourquoi il t’a quittée d’ailleurs ? Non maman, c’est moi qui l’ai quitté. Ah bon, une femme quitte son mari à notre époque ? Les soirées vodka s’enchaînent et Marie-Camille Chamoux appréhende peu à peu les règles de ce nouveau jeu. « Ça va être dur. Très dur », lui lance une Audrey Fleurot, superbe mais toujours seule, en préambule de cet apprentissage à la Karaté Kid où le rapport maître-élève introduira l’amitié comme véritable fil conducteur de ce second célibat pas si différent du premier finalement.

Chamoux distille son optimisme bonhomme à la Florence Foresti et, comme nous, a les chaussettes qui collent aux ongles de pied par flemme d’avoir laissé sécher assez longtemps, arrive en retard au boulot les lendemains de fête, se rase à l’arrache dans la salle de bain avant de passer à l’acte et ambitionne une reconversion dans l’entrepreunariat en montant sa boîte… de vodka frelatée.

"Les gosses, ça t'empêche de faire la grasse matinée, c'est tout."

Mais depuis la vingtaine, certaines règles ont changé. « Il faut que tu saches. A nos âges, les mecs, ils aiment les femmes plus jeunes », préviendra d'entrée le maître. Quant aux enfants, second ajout aux lois initiales, il faudra conjuguer ce nouveau statut avec leur bien-être. « Toi, tu n’es pas seule, le dimanche », soupirera Marie, désespérée à l’issue d’un poussif et déprimant marathon dominical. « Les gosses, ça t’empêche de faire la grasse matinée, c'est tout », nuance Sandra, pas plus enjouée en ces lendemains difficiles passés à attendre devant son téléphone que le barbu levé en boîte se souvienne de son prénom pour parvenir à retrouver son 06 si l’envie lui en prenait finalement.

Les filf s’enchaînent dans les lits de ces célitrentenaires plus que dans leurs vies, tout comme ces vieux garçons pas pressés de signer un Codevi qui parcourent la capitale en skate vintage avant de leur demander de « claquer la porte en partant ».

Tantôt enjoué, parfois surjoué, souvent triste ou simplement réaliste, Les Gazelles peint avec tendresse le quotidien de celles qui n’ont pas encore signé pour le concubinage, celles qui en reviennent, ou celles qui n’en veulent tout bonnement pas. Bref, celui de bien des quadras heureuses ou malheureuses qui se reconnaîtront dans ce film qui, pour une fois, ne s’adresse pas [qu’]aux singles de première génération.

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