Coucher le premier soir : c’est (encore) mal ?

Publié le Jeudi 30 Octobre 2014
Coucher le premier soir : c’est (encore) mal ?
Coucher le premier soir : c’est (encore) mal ?
Parmi les mille et une questions protocolaires de la rencontre amoureuse, celle de la coucherie le premier soir arrive en tête. Faux problème pour les uns, véritable suicide sentimental pour les autres, qu’en est-il réellement en 2014 ? Doit-on refuser de céder pour être respectée ? Les hommes nous ont répondu.
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Il y a quelques jours, sur le plateau du Grand 8, le chanteur Sinclair, invité à répondre à la question qui nous occupe, a déclaré avec la plus grande simplicité que cela lui semblait « essentiel » (de coucher le premier soir), tout simplement parce qu’« il y a des incompatibilité dans les vie ». Pas idiot. Car si nos grand-mères découvraient, APRES avoir signé leur contrat à vie avec le jeune homme séduisant croisé trois fois au bal, les éventuels vices cachés de ce partenaire des soixante prochaines années (« Oh, un micro-pénis ! »), notre génération peut certes tester avant d’acheter. De là à se jeter sur la marchandise après le premier dîner échangé, il y a un pas.

La génération Y est cool, nourrie au porno 2.0, consciente de l’égalité hommes-femmes, de l’existence d’un désir féminin pas obligatoirement tourné vers l’exigence de se reproduire à la seconde et pourtant… il semble bien que la fameuse loi interdisant de baisser sa culotte au premier rendez-vous n’ait pas réellement connu d’amendement depuis les eighties. La dichotomie binaire « fille bien » / « fille facile » (héritière du préhistorique « maman » / « putain ») semble avoir été programmée dans le cerveau des jeunes mâles contemporains avec un systématisme proche de celui qui fut appliqué chez leurs ancêtres.

Pourtant, selon une récente étude britannique, 34% des femmes ont l’habitude de coucher le premier soir. Diable, cela signifierait-il que plus d’un tiers de nos contemporaines sont des nymphomanes hystériques dont il faudra rapidement oublier l’existence avant de partir en quête d’une douce vierge peu intéressée par « la chose » et avec laquelle l'homme pourra fonder un foyer (triste et sans sexe) comme il faut ? Comme souvent lorsqu’il s’agit de femmes et de sexe, les chiffres ne concordent pas puisque, selon d'autres études, la France compte aujourd'hui 12% de célibataires, ce qui est beaucoup, certes, mais prouve que toutes les "filles légères" ne sont pas condamnées à rester seules avec leur légèreté. Ouf, certaines sont donc parvenues à passer entre les mailles du filet des préjugés.

La règle des trois rancards

A New York, ville de la coolitude extrême, la « règle de 3 rendez-vous » perdure pourtant, et pas qu’un peu, puisque 90% de ses habitants considèrent que finir emboîtés le premier soir, ça ne se fait tout simplement pas. Boring. En bon Français que nous sommes, amoureux de bonne chair et personnes notoirement intelligentes (si si), gageons que nous sommes capables de réfléchir calmement à la chose et de voir plus loin que le bout de notre lit. Pour Laurent*, l'un de nos hommes interrogés, « l'inattendu permet [finalement] d'évacuer la pression inhérente au fameux et sempiternel « troisième rencard » qui aboutit, parfois, à un résultat médiocre », bref de se débarrasser une bonne fois pour toutes de l'obsession partagée du « quand », « comment » pour envisager une découverte de l’autre d’ores et déjà délestée d'un stress encombrant. Car en effet, si l’on y réfléchit bien, acter l’offrande au troisième rancard n’a rien de plus moral que de sauter direct sous la couette. Ceux qui s’y soumettent de font rien d’autre que d’obéir à un process établi par on ne sait plus bien qui d’ailleurs, lequel n'induit évidemment pas davantage la promesse d'une relation aboutie que si l'on n'avait pas respecté l'engagement.

Un homme n’aimera pas automatiquement une femme qui l’a fait poireauter une semaine sous prétexte qu’il aura eu le temps de la connaître s’il goûte de toute façon peu sa conversation. Dans le sens contraire, bien des couples de longue date se sont édifiés sur une première soirée dénuée de toute règle de bienséance sans que l’emboîtement des corps n’ait empêché une découverte plus cérébrale par la suite. Matthieu*, en couple depuis 7 ans, moque encore ces premières soirées au cours desquelles sa compagne actuelle s’est refusée à lui « par principe », persuadée que si elle « rompait » son vœu de chasteté programmé, ses chances de l’intéresser seraient réduites à néant. « Elle était ridicule, prétextant la fatigue, sa mère à voir le lendemain, le boulot… alors qu’on était en fusion, prêts à se sauter dessus. En y repensant, c’était plus frustrant qu’autre chose. » Le pire étant pour Antoine* de finir par dormir ensemble sans « aller jusqu’au bout » comme si l'huissier du premier soir veillait, sournois, sur ces duos prêts à une sortie de route.

Coucher pour séduire un homme

En revanche, rien n’oblige non plus à céder à ses pulsions. Certains hommes ne sont paradoxalement pas fans d’une coucherie express, sans que cela témoigne d’un manque de désir pour leur partenaire, ni par ailleurs d’un intérêt particulier pour celle-ci.« Quand j’ai trop bu, ce qui est souvent le cas pour un premier dîner, je ne suis pas très performant et préfère donc reporter au prochain rancard » , nous a confié Virgile*). Pire, chez les femmes les plus jeunes, beaucoup estiment aujourd’hui que refuser de coucher le premier soir les privera de tout espoir de revoir l’élu de leur cœur. En effet, selon une étude menée par Ipsos pour Boursault en janvier dernier, elles sont en effet 35% des 25-34 ans à avoir couché le premier soir pour séduire un homme, ce qui n'est évidemment pas l'idée. Car si l’on choisit de céder à son désir, c’est bien pour l’assouvir en faisant fi des potentiels jugements qu’un tel « comportement » pourrait entraîner mais certainement pas pour « faire plaisir » à son partenaire.

En conclusion, si notre époque, délestée de plusieurs siècles de morale judéo-chrétienne cantonnant la femme dans un rôle de soumission au désir de l’homme, a évolué, la question du passage à l’acte reste un vrai sujet. Certes, si les hommes dans leur ensemble déclarent être ouverts, ils conservent souvent un regard suspicieux sur ces amazones sûres de leurs envies et peu préoccupées par le jugement qu’on peut porter sur elles. Chaque histoire est pourtant unique et aucune loi ne saurait régir l’attirance, qu’il conviendra alors de gérer selon les situations, le partenaire et ses propres envies. Car, finalement, c’est ce qui devrait toujours prévaloir au-delà des règles et des prises de tête inutiles.

*Les prénoms de nos gentils témoins ont été changé, eu égard à la concorde dans leur foyer

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