Payer des hommes pour le sexe : toujours un tabou ?

Publié le Mardi 06 Janvier 2015
Payer des hommes pour le sexe : toujours un tabou ?
Payer des hommes pour le sexe : toujours un tabou ?
Dans cette photo : Josiane Balasko
Si les femmes américaines à hauts revenus dépensent de plus en plus pour se payer un escort boy, en France, le phénomène reste tabou.
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Dans de nombreux de pays à travers le monde, les femmes actives à hauts revenus ont de plus en plus recours aux services d’escorts masculins pour avoir des rapports sexuels tarifés, sans lendemains. Cet usage est devenu courant aux Etats-Unis, en partie grâce aux séries TV qui les glorifient. Des sites en ligne sont maintenant dédiés uniquement au commerce de la location d’hommes à destination des femmes.

Officiellement, les hommes ne font qu’accompagner les femmes quelques heures, le temps d’une réception, d’un dîner, d’un spectacle, le « plus si affinités » se décidant au moment de la rencontre, entre adultes consentants, pour ne pas être taxés de prostitution. Aussi beaux que nos « Dieux du stade », ces éphèbes ont représenté, d’après le site d’informations Daily Beast, 2 millions de dollars de revenus pour le seul site « Cowboys4angels » ("Cowboys pour anges") en 2014, soit quelques milliers de femmes comblées.

Car les femmes ont aussi des pulsions sexuelles à assouvir, sans romance. Elles veulent des escorts jeunes et beaux, pour les mêmes raisons que les hommes veulent des femmes jeunes et belles. Il y a d’abord les aspects sociaux : pouvoir parader dans des dîners en ville, avec des hommes qui soulèvent l’admiration sur leur passage. Il y a également des aspects pratiques : leurs activités ne leur laissent pas la possibilité de passer trop de temps à chercher et elles ne veulent pas à s’engager dans une histoire sentimentale. Il y a aussi de bonnes raisons sexuelles : il est bien plus aisé de demander des compliments pour se sentir désirable, de longs cunnilingus, des caresses de la tête aux pieds, ou une pratique précise, à quelqu’un qui est payé pour le faire. A l’inverse, dans une relation qui dure, les femmes craignent d’être jugées.

Payer sert aussi à éviter de simuler par politesse, si le partenaire n’est pas à la hauteur des attentes. Un comportement qui est à rapprocher de celui des hommes, qui historiquement ont choisi d’avoir recours à la prostitution pour ne pas avoir à s’inquiéter de leurs performances et s’occuper uniquement de leur propre plaisir. Et puis, il est plus prudent pour une femme de passer par un escort que de choisir au hasard un homme dans un lieu public pour une relation sans suite : les sites d’escorts sélectionnent, interrogent et vérifient, il n’y a donc pas le risque pour les femmes de se retrouver avec un partenaire violent, ou ayant des antécédents douteux.

Si gagner de l’argent sert aussi à dépenser pour son plaisir, et si la morale s’efface lorsque le profit est en vue, en France, tout n’est pas si facile. Les escorts ne peuvent communiquer publiquement qu’ils accompagnent les femmes, le proxénétisme est interdit et toutes les manières d’être intermédiaire sont punies par la loi. L’usage a donc du mal à s’installer. Cliente, le livre et le film de Josiane Balasko sur le sujet, n’ont pas suffit à banaliser la voie. Il existe cependant des sites comme « A man in a box » qui proposent timidement ce service (pas de photos d’hommes pour faire son choix, mais un questionnaire où il faut indiquer ses goûts (Bill Murray ou Richard Gere ?) et des tarifs : 150€ la première heure en semaine (100€ l’heure suivante) et 250€ le week-end (150€ l’heure suivante) et 600€ pour quatre heures. On est loin des tarifs des escorts féminines, où le tarif pour la nuit atteint facilement 2.000€.

Les économistes et les gens de marketing, qui se soucient peu de la parité pour se consacrer aux marchés porteurs, disent que si les femmes paient des biens ou des services plus chers que les hommes, ce serait parce qu’elles estiment que ce qui est cher est plus efficace et le « gender marketing » sert essentiellement à voir en rose et à sur-facturer aux femmes. Faudrait-il alors que les tarifs des escorts masculins grimpent pour que les femmes louent massivement leurs services ? C’est le temps qui le dira …