Cette styliste veut changer le sens du mot "grosse" grâce à ses selfies

Publié le Jeudi 24 Août 2017
Un compte Instagram pour combattre le stigmate de voyager quand on est grosse
Un compte Instagram pour combattre le stigmate de voyager quand on est grosse
Lassée de ne pas voir de filles comme elle représentées sur les photos de voyage, la styliste Anette Richmond a créé un compte Instagram avec le hastag #FatGirlsTravelling. On y voit de nombreux clichés de la jeune femme en vacances qui pose fièrement en maillot de bain. Cette dernière espère encourager les femmes aux formes généreuses à se libérer une bonne fois pour toutes de leurs complexes.
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"Je vois rarement des filles qui me ressemblent, des filles grosses, sur les photos de vacances largement partagées. Mais quand je voyage, je vois des filles grosses qui voyagent aussi." Annette Richmond est une styliste de 32 ans. Elle confie son incompréhension face à la représentation des "fat girls" sur les photos de voyages : "Je suis en train de voyager et je vois le monde. Je sais que nous sommes ici. Mais je pense que les comptes (de voyages) les plus importants ne partagent pas assez de filles ayant des courbes et des rondeurs".

Un hashtag plus tard...

Face à ce manque de représentation et son désir de montrer ses incroyables photos prises à travers le monde, Annette décide de taguer ses photos avec le hashtag #FatGirlsTraveling. Au début, elle ne le fait que sur son compte Instagram personnel, @fromannettewithlove. Mais peu à peu, le phénomène prend de l'ampleur. Elle se rend compte qu'elle n'est pas seule. Ses photos sont de plus en plus likées, elle reçoit beaucoup de messages privés et de commentaires. Et puis d'autres femmes commencent à faire de même. Dans la foulée, Annette crée un compte éponyme du hashtag dans le but d'encourager les femmes "aux gros corps" à se prendre en photo. Aujourd'hui, plus de 1 100 personnes suivent les nombreuses publications.

La styliste décide alors de créer un groupe privé sur Facebook : Fat Girls Traveling. En plus des photos, les 800 membres se confient sur leurs prochains voyages, leurs angoisses et leur vie quotidienne. "Je veux que ce soit une communauté où nous pouvons parler de nos problèmes que nous traversons en voyageant, dans notre vie quotidienne, dans nos relations... C'est aussi un groupe pour se détendre", explique Annette.

Cette dernière espère que son groupe sera une "épaule sur laquelle les femmes qui vivent la même chose, pourront se reposer". La jeune femme entend également changer la signification du mot "grosse". "Je veux retirer la stigmatisation liée à ce mot", explique-t-elle.

L'avion, une étape stressante

A travers son initiative, la styliste pointe du doigt un sujet récurrent dans la vie des "femmes grosses" : l'anxiété de l'avion. "Je reçois beaucoup de messages m'expliquant qu'elles sont nerveuses dans l'avion, à cause du siège trop serré, de l'accoudoir relevé, des jambes mal installées..." La communauté est donc là pour parler et s'encourager entre elles. "Hey, être assis à côté d'un ronfleur est pire que d'être à côté d'une personne un peu grosse", leur répond Annette avec humour. "Tout ce que je veux, c'est encourager ces femmes à prendre l'avion en toute sérénité."

Annette ne donne pas uniquement des conseils à ces femmes pour prendre l'avion. Elle souhaite également les aider à surmonter leur peur de faire des photos d'elles-mêmes en vacances. "Beaucoup trop de femmes vont visiter des endroits magnifiques et vont prendre le paysage en photo sans se mettre devant parce qu'elles n'ont pas assez confiance en elles." En se lançant la première, elle espère que les autres vont la suivre et se sentiront plus à l'aise avec l'idée de se photographier pendant leur trip. Ce phénomène d'acceptation de soi n'est vraiment pas nouveau sur les réseaux sociaux. Avant elle, d'autres instagrammeuses essayent de nous redonner confiance, à l'instar de Sara Puhto qui révèle des photos bluffantes d'audace et de justesse.

Apprendre à s'aimer

Rapidement, la communauté #FatGirlsTravelling prend de l'importance. Certaines célèbrent l'achat d'un nouveau maillot de bain pendant que d'autres postent des photos d'elles portant leur premier crop top (un débardeur qui découvre une partie du ventre). "C'est agréable d'être capable d'apprécier notre corps et nous-mêmes, confesse la styliste. Tout le monde a ses propres objectifs, mais nous devons nous aimer comme nous le sommes maintenant. Nous devons aimer les femmes comme elles sont et les encourager à s'aimer, peu importe leur poids."

Certains hommes l'ont d'ailleurs bien compris, à l'instar de cet instagrammeur qui voulait simplement déclarer sa flamme à sa femme "ronde", même si certains internautes n'ont vu son geste d'un très bon oeil...

"Il y a beaucoup de discrimination en Asie"

Si Annette en est arrivée là, c'est parce qu'elle a vécu des expériences qui lui ont fait prendre conscience de la stigmatisation des filles rondes. Notamment lors de son voyage en Chine et Thaïlande. "Il y a beaucoup de discrimination par rapport au poids en Asie. Ils n'ont pas vraiment l'habitude de voir des gros. On me pointait du doigt, on riait de moi. En plus, j'avais les cheveux arc-en-ciel l'an dernier. Forcément, ça attire automatiquement l'attention", raconte-t-elle. Mais pour elle, le temps des cicatrices est désormais révolu.

Les regards des gens la frustrent, évidemment ,mais elle s'efforce de toujours se rappeler qui elle est et d'où elle vient. "Je suis forte. Je suis noire et grosse. Il y a tant de choses qui attirent l'attention sur moi. J'adore porter des crop tops. C'est mon style et je me sens bien comme ça. Je m'en fiche si les autres sont mal à l'aise avec mon style." Même si elle s'assume pleinement, partager son expérience avec d'autres femmes qui vivent la même chose reste une chose très importante pour la jeune femme.

Annette Richmond dirige plusieurs comptes sur différents réseaux sociaux, ainsi qu'un blog. Toutes ses actions visent le même objectif : aider, par le biais de son expérience personnelle, d'autres femmes. "Les filles de FGT peuvent lire et relire ce que j'écris pour ne pas se sentir seule", explique la styliste.