Agressions, mises à l'écart : les discriminations LGBTphobes en hausse au travail

Publié le Lundi 06 Juin 2022
Pauline Machado
Par Pauline Machado Journaliste
Pauline s’empare aussi bien de sujets lifestyle, sexo et société, qu’elle remanie et décrypte avec un angle féministe, y injectant le savoir d’expert·e·s et le témoignage de voix concernées. Elle écrit depuis bientôt trois ans pour Terrafemina.
Un rapport de l'association L'Autre Cercle a examiné, pour la 3e fois en 6 ans, la situation des salarié·es LGBTQIA+ au travail. Et le résultat est effrayant. Un quart des personnes interrogées dénonce notamment des discriminations de la part de leur direction.
À lire aussi

C'est un nouveau bilan effrayant que la 3e édition du baromètre LGBT+, publié par l'IFOP et l'association L'Autre Cercle, dresse alors que vient de démarrer le Mois des fiertés.

En effet, il révèle qu'un·e salarié·e LGBT sur 3 a été victime d'au moins une agression LGBTphobe au sein de son entreprise, soit une hausse de 4 % par rapport à la même enquête publiée début 2020. Un quart du panel interrogé fait état de discriminations de la part de leur direction, quand la même proportion évoque des discriminations verbales de la part de leurs collègues, de client·es ou de fournisseurs. 16 % des sondé·es disent également avoir été mis à l'écart du fait de leur identité de genre ou de leur orientation sexuelle.

"La principale conclusion, c'est que l'on a en France une proportion non négligeable de salariés LGBT qui rapportent tout un ensemble de discriminations, de l'agression physique à une 'LGBT-phobie' qui peut être d'ambiance, mais aussi une discrimination plus structurelle par rapport à l'environnement professionnel et l'impact sur leur carrière", analyse ainsi François Kraus, directeur du pôle genre, sexualités et santé sexuelle de l'IFOP.

"Une prise de conscience récente"

Alors, signe d'un climat de violence qui s'accroît ou signe de la libération de la parole ? François Kraus estime auprès du Monde qu'il y a "une prise de conscience récente du caractère intolérable de certains comportements". Et Alain Gavand, administrateur et coresponsable de l'Observatoire de L'Autre Cercle, d'abonder en ce sens : "Les personnes LGBT sont beaucoup moins dans la résignation et considèrent moins que c'est la norme d'être LGBT-phobe. Il y a vingt ans, on aurait peut-être intégré 'c'est pas un truc de pédé' en fermant les yeux."

Les salarié·es travaillant au sein des 53 organisations ayant signé signé la charte d'engagement LGBT+, lancée il y a neuf ans par L'Autre Cercle, sont par ailleurs moins nombreux·ses à rapporter être la cible de moqueries ou de propos vexants, où témoins d'inégalités dans leur carrière. La preuve de l'importance d'une sensibilisation dans la sphère professionnelle.

"Il faut passer de l'engagement des directions et DRH au déploiement", lâche Alain Gavand. "Il faut impliquer les RH, former les manageurs de proximité, et on en est encore très loin." Et de conclure : "36 des 53 organisations interrogées ont demandé leur propre benchmark, c'est-à-dire comment leurs salariés se positionnent par rapport aux chiffres d'ensemble. C'est 60 % de plus qu'en 2020, ce qui veut dire que les entreprises veulent mesurer leur évolution. Si on mesure, c'est qu'on est dans l'action, pas dans le 'LGBT-washing'".

A noter qu'en France, les cas de transphobies ont eux aussi augmenté, constatait le 17 mai dernier l'association SOS Homophobie. 179 ont été enregistrés, dont 27 % d'insultes, 20 % de harcèlement et 17 % de discrimination.