Un homme trans enceint dans une pub Calvin Klein fait bondir les réacs

Publié le Mardi 17 Mai 2022
Pauline Machado
Par Pauline Machado Journaliste
Pauline s’empare aussi bien de sujets lifestyle, sexo et société, qu’elle remanie et décrypte avec un angle féministe, y injectant le savoir d’expert·e·s et le témoignage de voix concernées. Elle écrit depuis bientôt trois ans pour Terrafemina.
La dernière campagne de la marque américaine Calvin Klein dépeint, à travers des portraits photos touchants, "la réalité des nouvelles familles". Parmi elles, Roberto et Erika, capturé·es pendant la grossesse du premier. Un moment de bonheur entaché de commentaires transphobes.
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La récente campagne de Calvin Klein met en avant la parentalité et sa pluralité. Devant l'objectif du photographe, il y a notamment Roberto et Erika. Erika est allongée sur le ventre, Roberto sur le dos, son ventre rebondi mis en valeur.

"Roberto doit donner naissance à son fils Noah et celui d'Erika d'un jour à l'autre", lit-on sous le post qui met en avant un cliché plein de tendresse du couple brésilien.

Une pub qui a fait réagir une horde d'internautes mécontents, lesquel·les n'ont pas hésité à exprimer leur haine en commentaire. Des encouragements au boycott et autres "les hommes ne peuvent pas tomber enceintes", "les femmes donnent naissance, pas les hommes", qui en disent long sur la transphobie et l'ignorance générale autour de la transidentité qui règnent encore dans notre société.

Une campagne "importante"

Pour le Dr Ojeda, qui oeuvre au Centre National pour l'Egalité des Transgenres, il est d'autant plus essentiel de véhiculer ces valeurs inclusives que le monde dans lequel nous vivons les condamne si fréquemment. "J'applaudis Calvin Klein pour avoir été aussi intentionnel, car ce changement de langage est si important", explique-t-iel à Yahoo. "Cela pourrait améliorer la façon dont nous considérons les gens, en particulier en ce qui concerne l'accès aux soins de santé et au planning familial."

Sur l'aspect biologique de la grossesse, Dr Ojeda précise d'ailleurs : "Nous supposons que parce que vous êtes sous testostérone, vous ne pouvez pas tomber enceint, alors qu'en réalité, il y a de fortes chances que vous le puissiez". Et d'ajouter : "Il y a beaucoup d'hommes trans, de personnes transmasculines, non-binaires qui mettent en fait leurs hormones en pause pour pouvoir tomber enceint".

Des contradictions épinglées

Aux détracteur·rices, Calvin Klein a tenu à défendre sa campagne : "Nous embrassons cette plateforme comme un environnement inclusif et respectueux de l'individualisme et de l'expression de soi. Chez Calvin Klein, nous tolérons tout sauf l'intolérance - tout commentaire intolérant sera supprimé, et tout compte émettant des déclarations haineuses pourra être bloqué."

Un commentaire bienvenu, que certaines personnes ont toutefois nuancé, interpellant directement la marque et rappelant des pratiques problématiques : "Pendant ce temps, vos vêtements et produits sont fabriqués dans des pays où les personnes de la communauté LGBT seraient punies ou tuées par les lois qu'ils défendent", lâche un·e internaute.

A noter que d'après le site Good On You qui a étudié les conditions de travail chez Calvin Klein, celles-ci se seraient récemment améliorées. "Une partie de sa chaîne d'approvisionnement est certifiée par le code de conduite sur le lieu de travail de la FLA, y compris l'ensemble de la phase finale de la production, et elle a obtenu un score de 51 à 60 % dans l'indice de transparence de la mode", décrit la plateforme.

Des progrès qui devraient se poursuivre sur les prochaines années.