Bénédicte Lombardo nous parle de la collection Territoires !

Publié le Mercredi 27 Avril 2011
Bénédicte Lombardo nous parle de la collection Territoires !
Bénédicte Lombardo nous parle de la collection Territoires !
Bénédicte Lombardo, directrice de collection chez Pocket et Fleuve Noir sur les genres de l'Imaginaire, nous parle avec beaucoup de passion et de malice du lancement de Territoires, une collection pour jeunes adultes, et du succès croissant des genres fantastique, fantasy et SF.
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Pourriez-vous expliquer le concept précis de Territoires ?

Chez Universpoche, il y a plusieurs maisons d’édition. Pocket Jeunesse s’occupe des tout petits jusqu’à douze ans et plus. Fleuve Noir fait les romans pour adultes en tous genres, comédie, polar, science-fiction et fantasy. Il nous est arrivé de recevoir des textes qu’on aimait mais qui n’entraient dans aucune de ces lignes éditoriales. C’est le cas de « Chat Blanc » de Holly Black que nous avons reçu et aimé, mais nous le trouvions trop jeune pour une collection, et trop adulte pour l’autre. Auteur phare de notre maison avec ses « Chroniques de Spiderwick », nous n’avions pas envie de la laisser partir à la concurrence. On voulait la garder, mais comment faire ?

En parallèle, nous avions déjà eu cette réflexion auparavant. Nous avions des textes publiés chez les adultes qui étaient également publiables chez les jeunes, notamment en fantasy, genre très accessible pour des adolescents. Nous voulions réunir ces textes dans une collection qui ferait le pont entre les deux âges. L’idée nous a semblé séduisante et elle arrive à un moment où le marché est très dynamique notamment sur le domaine de l’Imaginaire. Nous avons donc choisi de lancer cette collection, elle ne comportera pas forcément beaucoup de titres mais viendra en complémentarité de ce qui se publie chez Universpoche.

Territoires s’adresse à tous à partir de 16 ans, à peu près là où s’arrête Pocket Jeunesse, pour prendre le relai sur tout ce qui est littératures de genre (polar, thriller, fantasy, SF, etc.).

On observe un grand succès de la fantasy, science-fiction, qu’est ce qui est à l’origine de cette attirance ?

Je pense que tout s’est accéléré avec le cinéma, les jeux vidéo. Il me semble que les succès du « Seigneur des Anneaux », d’ « Harry Potter » ont ouvert les vannes. Les jeunes ont adoré l’évasion, le divertissement, le voyage dans l’espace pour certains. Ca a également permis aux adultes de découvrir un genre. En période de crise, rêver, s’évader fait du bien. Et la SF, la fantasy sont des littératures d’évasion.

Nous, éditeurs de littérature adulte en Imaginaire, nous attendions que les lecteurs d’Harry Potter viennent vers nous, or ça n’a pas été le cas car au rayon Jeunesse une vraie créativité et une offre énorme se sont présentées, ce qui n’était pas le cas avant. Les adolescents allaient directement au rayon adulte. Aujourd’hui, le rayon jeunesse et ado est très attractif, au point qu’il attire aussi les adultes. Alors que le poche était le best-seller, maintenant les gens sont prêts à acheter du gros format, à 18-19€. Je suis ravie de voir que l’Imaginaire a autant le vent en poupe.

Pourriez-vous nous citer des références qui ont inspiré les auteurs que vous publiez ?

Concernant les écrivains d’Imaginaire tous ont des références communes : Tolkien, Anne Rice, Mary Shelley avec « Frankenstein », Bram Stoker. Pour les auteurs de dystopie, il y a certainement des classiques de la science-fiction comme « 1984 ». Aujourd’hui, la dystopie (anti-utopie, le narrateur est placé au cœur d’une société victime de catastrophes, qu’elles soient naturelles, liées à la guerre ou à l’action de l’homme en général avec un déferlement de choses angoissantes à dépasser. Elle met en garde les lecteurs sur les dérives de la société, les bouleversements climatiques tout en leur permettant de mieux dépasser leurs peurs et d’aller vers la construction d’un monde positif) est à la mode. C’est un mot que je n’utilisais jamais, pour ne pas effrayer. Et aujourd’hui tout ça paraît très clair pour tout le monde, ça a un côté très intriguant, excitant alors que c’est simplement de la science-fiction.

L’édition est le secteur le plus prospère de l’économie culturelle. Selon vous, à quoi est dû ce succès ?

Le livre reste une sorte de refuge, un lieu d’évasion. Le cinéma a eu une période difficile, j’ai l’impression que ça repart un peu. Mais ça me fait plaisir de voir que le livre reste une valeur sûre, que les gens veulent toujours lire de belles histoires et rêver, surtout les plus jeunes. Le secteur du livre le plus dynamique est le livre jeunesse. C’est dû aussi au bouche à oreille, j’entends des ados se parler des livres qu’ils ont lus, être boulimiques et capables de lire des séries de plusieurs volumes en l’espace de quelques semaines, alors que ce sont souvent de très gros livres. Je dirais qu’ils ont une offre d’une telle qualité et d’une telle diversité qu’ils ont envie de s’y plonger comme dans un film de cinéma.

Les éditeurs ont aussi fait un gros travail pour inciter les gens à aller en librairie, faire des couvertures attractives, en phase avec ce nouveau public.

L’autre raison est qu’Internet, les téléchargements illégaux ont participé à la baisse des marchés du disque et du cinéma. Le livre numérique lui est encore au tout début, il n’est pas encore un concurrent. Personnellement je ne crois pas que le format papier puisse disparaître, les gens y sont trop attachés. Les deux formats peuvent coexister. On verra dans quelques années.

La création de Territoires c’est un peu la démocratisation de la culture geek, non ?

On a toujours l’image du geek, un peu associable, mais on ne l’applique pas à l’Imaginaire. Les romans de zombies par exemple s’adressaient avant à des gens dotés d’une culture underground. Il est amusant de voir que la SF, la fantasy sont acceptées en littérature jeunesse, mais pas en littérature adulte. Certes, certains genres peuvent être ardus, mais la fantasy par exemple est très facile d’accès. On réserve encore la littérature science-fiction et fantasy adulte à des spécialistes.

Les anglo-saxons ne fonctionnent pas du tout comme ça. Ils catégorisent moins. Les Hispaniques non plus. Ils ont une vraie tradition littéraire du Réalisme magique où on mêle des histoires très réalistes avec une dimension fantastique ou étrange. Nous, il faut que ça rentre dans des cases.

J’en profite d’ailleurs beaucoup dans Territoires, notamment avec le roman « Un blog trop mortel » où une jeune femme lutte contre des zombies. Je n’aurais jamais cru avoir la possibilité de publier ça il y a quelques années. Ce n'est pas qu'un survival où on ne fait que tuer du zombie. Allison écrit son blog, il y a la recherche de sa mère, une histoire d’amour… Les zombies sont accessoires, ils ne sont pas loin, mais ne sont pas le plus important. L’intrigue du roman, c’est comment elle va survivre, changer, comment une communauté va se reconstruire. Mais ça reste un roman avec des zombies et ça me fait un plaisir immense de le publier.

 

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