Psychomotricienne : soigner l’esprit par le corps

Publié le Lundi 10 Mai 2010
Psychomotricienne : soigner l’esprit par le corps
Psychomotricienne : soigner l’esprit par le corps

A 27 ans, Amandine débute tout juste sa carrière de psychomotricienne. Convaincue de la nécessité du bien-être corporel et de la justesse du postulat de  Montaigne « un esprit sain dans un corps sain », elle fait mettre le corps en mouvement pour le délivrer de ses maux les plus vicieux. Rencontre.

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« Je tente de soigner les troubles psychologiques ou affectifs qui ont des répercussions corporelles visibles en agissant directement sur le corps.  Les patients peuvent être atteints de troubles du mouvement, du geste, du sommeil, de l’écriture, d’élocution, d’hyperactivité, de tics ou encore d’anorexie. L’idée est de mettre en place une thérapie passant par l’activité corporelle car nous partons du principe que le corps et l’esprit sont liés, les côtés psychologique et moteur. La forme que revêt la thérapie dépend à la fois des symptômes du patient, de ses envies et des spécialités du psychomotricien »

Travailler auprès des enfants : un choix à part entière

« Si les thérapies sont ouvertes sur les patients âgés de 0 à 99 ans, j’ai décidé de travailler auprès des plus jeunes. J’exerce dans les crèches de Châtillon. On est dans la prévention et dans la prise en charge dès le début de la vie. Les enfants sont demandeurs, contrairement aux adultes qui sont souvent plus passifs. Ils transforment rapidement la séance, et sont très créatifs. La thérapie passe alors par le jeu essentiellement, l’éveil et les massages. Attention, les enfants dont je m’occupe n’ont pas tous des troubles. Il s’agit d’organiser des parcours psychomoteurs par groupe, centrés sur l’éveil et la stimulation. Mais j’ai également pour mission de guider les équipes et de leur prodiguer des conseils comme pour asseoir un enfant tonique par exemple. Travailler dans la petite enfance exige une communication non seulement avec les enfants mais avec les parents. »

Ma formation

« Après une année de classe préparatoire obligatoire, j’ai passé un concours pour rentrer dans une école où j’ai suivi trois années de formation à la fois théorique et pratique. Et j’ai effectué de nombreux stages dans les différentes structures qui accueillent l’exercice des thérapies psychomotriciennes. Un diplôme d’Etat vient certifier la formation. Par chance, ce n’est pas une voie « bouchée ». Il y a un certain nombre de postes. »

Une profession d’observation au féminin

« C’est  un milieu de femmes essentiellement. Lorsque l’on est psychomotricienne salariée, nous suivons les horaires des institutions, 8h30-16h30 généralement. C’est un rythme qui nous permet d’avoir une certaine qualité de vie, notamment lorsqu’on est une femme et que l’on a des enfants et une maison à gérer. Cette profession paramédicale nécessite beaucoup d’observation et une adaptation rapide et efficace. On voit par le corps des choses que la parole ne rend pas visible. Il faut réussir à mettre en confiance la personne pour qu’elle réussisse à se désinhiber si ça bloque et rentrer le plus rapidement dans une thérapie qui lui sera profitable. »

Infos pratiques

Spécialiste des troubles psychomoteurs, le psychomotricien vise à rééduquer par le bien-être corporel, voire à supprimer un handicap. Sur prescription et sous contrôle médical, cette forme de rééducation peu connue prend en charge les troubles moteurs d’origine psychologique, acquis ou non chez l’enfant, l’adolescent et même l’adulte.

A l’heure actuelle, 5894 psychomotriciens dont 85,5 % de femmes exercent en France. En tant que salarié, il travaille surtout dans le domaine de l’enfance ou de l’adolescence inadaptée, dans des centres spécialisés, des établissements hospitaliers, des services médico-pédagogiques ou des hôpitaux psychiatriques.

En libéral le psychomotricien a sa propre clientèle et travaille en collaboration avec les psychiatres, pédiatres, psychologues et les enseignants (mais l’exercice libéral ne concerne que 9 % des psychomotriciens).

Diplômés d’Etat après trois années de formation, les psychomotriciens titularisés peuvent, après trois ans d’exercice, suivre une formation en continue. Avec cette formation et 5 ans d’exercice, ils peuvent accéder à des postes, peu nombreux, de responsable d’établissements et centres hospitaliers ou médico-psychopédagogiques. Avec le diplôme de cadre de santé mention psychomotricien, ils peuvent également devenir formateur dans les écoles ou chefs de rééducation psychomotrice. Ce diplôme est accessible avec le diplôme d’État et 5 ans d’exercice de la profession. La formation dure 42 semaines à temps plein.

Salaire : en milieu hospitalier, un débutant gagne 1 315 € nets par mois, primes comprises.

POUR ALLER PLUS LOIN :

Angélique Rigolot, 26 ans, naturopathe

Marie-Rose Moro, la psychiatre qui aide nos enfants