Les orthodontistes déclarent la guerre au pouce et aux tétines
Le pouce et la tétine, ennemis jurés des dents des enfants ? C’est la question dont débattront aujourd’hui la Fédération française de l'orthodontie avec le grand public. Lors de cette matinée seront présents des orthodontistes, des stomatologues, mais aussi la psychanalyste Claude Halmos.
« On a eu envie de faire cette journée parce qu'on s’est aperçu que les enfants ont de plus en plus le pouce ou la tétine à des âges un peu surprenants, jusqu’à 5, 6, voire 8 ans » explique le stomatologue, Jean-Baptiste Kerbrat. Pour ce spécialiste, « tout le problème est d’évoquer la dualité entre un besoin infantile, qu’on peut comprendre, et un besoin qui dure dans le temps, qui là devient pathologique, et qui entraîne des malformations faciales ». Selon le Dr Kerbrat, « ces enfants ont un automatisme de succion et un automatisme de respiration buccale, deux grands facteurs de déformation du palais ». Le spécialiste décrit ainsi « un palais beaucoup plus étroit, plus creux, une mâchoire qui n’est pas assez large, donc forcément une mauvaise position des dents et puis aussi des incisives beaucoup plus en avant ». Le stomatologue décrit en revanche la tétine comme un outil plus pervers : « la tétine orthodontique, ça n’existe pas » affirme-t-il. Les tétines vendues comme « physiologiques » déforment autant la mâchoire que les autres.
Pour la psychanalyste Claude Halmos, « quand il s’agit de nourrissons, si ça rassure les mères, pourquoi pas, ce contre quoi je m’élève, c’est ces enfants qui ont deux, trois, quatre ans, qui parlent, qui marchent, qui vont à l’école, et qui se promènent avec ce truc dans la bouche. C’est très profondément perturbant pour l’enfant, appelé à être grand et renvoyé à des sensations de quand il était nourrisson ».
Au niveau de la mise en application, le Dr Kerbrat recommande d’arrêter les biberons dès l’instant où l’enfant sait boire. Il préconise également d’exclure toute tétine sucrée, « catastrophique pour les dents ». Si la tétine est installée, il faut alors, toujours selon le Dr Kerbrat, la limiter à un seul exemplaire et l’enlever lorsque l’enfant s’est endormi.
Alexandre Roux
(Source : lesechos.fr)
Crédit photo : AbleStock
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