D'anciennes ministres des droits des femmes alertent sur la "menace" Le Pen

Publié le Jeudi 21 Avril 2022
Clément Arbrun
Par Clément Arbrun Journaliste
Passionné par les sujets de société et la culture, Clément Arbrun est journaliste pour le site Terrafemina depuis 2019.
"Une menace pour les femmes" : des ministres dénoncent le faux féminisme de Marine Le Pen
"Une menace pour les femmes" : des ministres dénoncent le faux féminisme de Marine Le Pen
L'espace d'une tribune publiée dans les pages du "Monde", la ministre chargée de l'égalité femmes/hommes Elisabeth Moreno, mais aussi les anciennes ministres des Droits des femmes Nicole Ameline, Laurence Rossignol et Najat Vallaud-Belkacem, dénoncent l'antiféminisme de Marine Le Pen.
À lire aussi

"Partout dans le monde et de tout temps, l'extrême droite constitue une menace pour les femmes. Une menace pour leurs droits, pourtant conquis de haute lutte". Dans une tribune collective mise en ligne sur le site du Monde, quatre femmes politiques fustigent l'antiféminisme du projet d'extrême droite de Marine Le Pen.

Les signataires en question sont l'actuelle ministre chargée de l'égalité femmes/hommes Elisabeth Moreno, et ses prédécesseures à ce poste, Nicole Ameline (LR), Laurence Rossignol (PS) et Najat Vallaud-Belkacem (PS). Elles dénoncent le féminisme opportuniste, autrement dit le "feminism washing", de la candidate du RN, qui "malgré sa dédiabolisation s'inscrit dans l'héritage antiféministe du FN et instrumentalise le combat pour les droits des femmes à des fins politiciennes".

Une tribune qui rappelle notamment l'opposition de Marine Le Pen aux textes progressistes en faveur des femmes adoptés par le Parlement européen, lorsque la candidate à la présidentielle occupait la fonction d'eurodéputée, entre 2004 et 2017. "En 2016, elle a voté contre l'adhésion de l'Union européenne à la convention d'Istanbul contre les violences faites aux femmes", épingle entre autres ce texte critique.

"Une attitude antiféministe sans équivoque"

Elisabeth Moreno, Nicole Ameline, Laurence Rossignol et Najat Vallaud-Belkacem tiennent également à rappeler que l'extrême droite "a pris en otage le combat féministe en le déplaçant sur la question migratoire et identitaire, comme si le patriarcat et son cortège de violences sexistes et sexuelles n'était le fruit que de personnes issues des dernières vagues d'immigration".

Un discours "stigmatisant et raciste" également dénoncé par les collectifs féministes, tel #NousToutes. "Le Pen détourne les faits de violences faites aux femmes à des fins racistes, selon lesquelles les hommes racisés en seraient les seuls responsables, alors que les violences ne sont pas affaire de race, mais de genre et de domination", fustigeait le collectif dans une tribune, rappelant son mot d'ordre : "Pas une voix féministe pour l'extrême droite".

La tribune du Monde se préoccupe également d'une volonté affichée par Marine Le Pen : celle de ne pas conserver de ministère chargé de l'égalité femmes/hommes. Ces autrices alertent : "Ce ministère est indispensable pour porter les combats des droits des femmes : l'émancipation économique de celles-ci, la lutte contre les violences sexistes et sexuelles, l'invisibilisation des femmes, mais aussi pour leur santé...".

Et ce texte collectif de conclure : "Le Rassemblement national reste le Front national. Le 'ripolinage' du discours n'est là que pour capter un électorat qui hier lui tournait le dos. Viriliste et patriarcale, l'extrême droite enferme les femmes dans une vision essentialiste de la société, assujetties à l'impératif de la transmission du patrimoine biologique, reléguées à la reproduction et à l'éducation, une vision sépia et réactionnaire. Elle est plus que jamais, aux portes du pouvoir. C'est une menace sans précédent pour les droits des femmes".

Dans l'actu