Après le classement sans suite de l'affaire PPDA, l'amertume de celles qui avaient parlé

Publié le Lundi 28 Juin 2021
Clément Arbrun
Par Clément Arbrun Journaliste
Passionné par les sujets de société et la culture, Clément Arbrun est journaliste pour le site Terrafemina depuis 2019.
Après le classement sans suite de l'affaire PPDA, l'amertume de celles qui avaient parlé
Après le classement sans suite de l'affaire PPDA, l'amertume de celles qui avaient parlé
Malgré de nombreuses accusations de viol, harcèlement et agressions sexuelles à son encontre, l'affaire dont fait l'objet le journaliste Patrick Poivre d'Arvor vient d'être classée sans suite, de par le "manque de preuves" et la prescription des faits reprochés.
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23 témoignages, 8 plaintes, dont trois pour viols et quatre pour agressions sexuelles et harcèlement sexuel... Le célèbre journaliste Patrick Poivre d'Arvor fait depuis quelques mois l'objet de nombreuses accusations. Parmi elles, celle de l'autrice Florence Porcel, portant plainte pour viol, concernant des faits remontant à 2009.

Néanmoins, la prise en charge de cette enquête par le parquet de Paris a déçu les victimes présumées : les diverses plaintes ont été classées sans suite pour "insuffisance de preuves" ou "prescription" ce 25 juin. La prescription concerne précisément la majorité des faits reprochés. Concernant le dépôt de plainte de Florence Porcel, l'avocate de PPDA a de son côté insisté sur "l'impossibilité matérielle des faits".

Comme l'indique le journal Le Point, les accusations de harcèlement sexuel ont quant à elle été jugées insuffisamment étoffées : le parquet aurait observé un manque d'éléments démontrant l'existence "d'une répétition, de pressions, du caractère sexualisé des propos tenus ou encore de trace des appels téléphoniques".

Sans suite, là encore. Un dénouement qui a indigné les plaignantes.

Un #MeToo français

"Je ne sais pas si la prescription doit changer. Je ne sais pas si la parole s'est vraiment libérée, ou si au final, on est pas plutôt dans le 'cause toujours, tu m'intéresses'. Je sais juste que nous sommes beaucoup plus que 23 [à être concernées]", a ainsi commenté la journaliste Cécile Delarue, l'une des plaignantes.

L'espace d'un thread sur Twitter, la reporter a détaillé le parcours du combattant qu'a représenté ce dépôt de plainte : "débloquer une journée de travail pour rencontrer l'enquêteur, déballer son histoire à un inconnu, répondre aux questions les plus intimes, signer en bas la feuille qui marque noir sur blanc ce qui t'es arrivé, il y a parfois des années", narre-t-elle notamment.

"Nous sommes 23 à avoir parlé, 8 à avoir porté plainte. Je voudrais qu'aujourd'hui la nouvelle de ce classement sans suite ne vous fasse pas oublier cela. J'espère que ce classement sans suite ne fera pas peur aux autres. Aux autres victimes du même homme ou juste du même genre de comportement. Il faut parler. Il faut porter plainte. Il faut que ça cesse. On a tous à y gagner", a poursuivi la journaliste. Une parole très relayée sur Twitter.

"Rarement autant de femmes, 23 au total, auront témoigné contre le même homme dans une affaire depuis l'émergence du mouvement #MeToo en France. Mais la prescription et la difficulté à démontrer les faits ne permettent pas pour l'instant d'ouvrir des poursuites", observe Le Monde, qui a relayé ces nombreuses accusations au fil des semaines.

Suite à cette décision, l'écrivaine Florence Porcel a annoncé ce 25 juin par l'intermédiaire de ses avocats déposer une plainte avec constitution de partie civile dénonçant un viol en 2009. "Cette plainte entraîne automatiquement l'ouverture d'une information judiciaire, qui sera confiée à un magistrat indépendant", souligne FranceInfo.

"La décision du parquet de Nanterre n'est qu'une étape de la procédure. Elle n'ébranle en rien la détermination de Florence Porcel à voir menées des investigations approfondies par un juge indépendant."

L'avocat de la plaignante, Maître Emmanuel Moyne, a ainsi estimé : "Lorsqu'un nombre important de femmes vient témoigner de ce qui ressemble fort à un mode opératoire, je crois que la vérité gagnerait à ce que la justice mène pour l'ensemble de ces femmes des investigations approfondies."

En France, sur dix plaintes déposées pour viol, sept sont classées sans suite.

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