Pourquoi la statue de Greta Thunberg à l'université de Winchester fait grincer des dents

Publié le Mercredi 31 Mars 2021
Clément Arbrun
Par Clément Arbrun Journaliste
Passionné par les sujets de société et la culture, Clément Arbrun est journaliste pour le site Terrafemina depuis 2019.
Greta Thunberg est fidèle à la manifestation "Fridays for Future" à Stockholm le 23 octobre 2020.
Greta Thunberg est fidèle à la manifestation "Fridays for Future" à Stockholm le 23 octobre 2020.
Dans cette photo : Greta Thunberg
Eriger une statue en bronze et grandeur nature de l'iconique activiste écologo Greta Thunberg ? Voilà l'idée plutôt inspirante et inédite de l'université de Winchester, en Grande-Bretagne. Mais l'initiative, en temps de pandémie, suscite la perplexité des syndicats étudiants.
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Icône de l'activisme écolo, figure de proue de nouvelles générations militantes, Personnalité de l'année 2019 selon le Time, meilleure punchlineuse face à l'ancien président éco-sceptique Donald Trump... Il y a bien des raisons de dédier une statue à la jeune Suédoise Greta Thunberg. C'est d'ailleurs ce qu'ont dû se dire les responsables de l'Université de Winchester, dans le sud de l'Angleterre, en installant une sculpture grandeur nature de l'activiste écologiste au devant de ladite institution.

Seulement voilà, cette initiative (plutôt classe) suscite l'indignation. Et pas simplement celle des convertis à l'éco-scepticisme. La raison ? Le prix. La statue en bronze de Greta Thunberg, commandée il y a deux ans de cela, aurait coûté pas moins de 24 000 livres sterling. De quoi déranger le syndicat étudiant local, pour qui "ces fonds auraient pu être mieux dépensés", comme le rapporte la BBC. Et le slogan mis en avant par la sculpture, "Make a difference" ("Faire la différence") ne semble guère convaincre davantage la jeunesse.

Megan Ball, présidente du syndicat étudiant de Winchester, tient cependant à mettre les point sur les i, précisant que la jeune activiste écologiste "reste un modèle fantastique pour tout le monde, quelqu'un qui parle haut et fort de problèmes mondiaux importants". Mais précise de tout de même que le syndicat ne "peut pas soutenir" ce projet. Qui plus est en période de pandémie, actualité particulièrement accablante pour les étudiants.

Faire la différence, vraiment ?

"Nous demandons à l'université d'engager en retour 23 760 livres sterling de financement supplémentaire pour les services de soutien aux étudiants sur le campus, et à affronter publiquement les problèmes critiques que les étudiants connaissent", a poursuivi le syndicat. Des déclarations limpides qui tendent à rappeler la réalité du quotidien étudiant précarisé, aussi bien critique d'un point de vue sanitaire et psychologique que financier.

Davantage de soutien économique et moins de statues symboliques : voilà grosso modo l'interpellation franche de la porte-parole Megan Ball. Une prise de position légitime, qui n'a pas manquée de faire réagir la structure. Ainsi le vice-chancelier de l'Université de Winchester, Joy Carter, a-t-il assuré aux étudiants que "5,2 millions de livres" avaient déjà été dépensé par l'institution depuis le début de l'année 2021 dans le but de les soutenir. D'autres déclarations de l'université mettent quant à elles l'accent sur la portée fédératrice d'un tel monument.

"Greta est une jeune femme qui, malgré les difficultés de sa vie, est devenue une militante écologiste de premier plan dans le monde. En tant qu'université luttant pour la durabilité et la justice sociale, nous sommes fiers d'honorer cette femme inspirante de cette manière. Nous espérons que sa statue contribuera à inspirer notre communauté, rappelant que peu importe ce que la vie nous réserve, nous pouvons encore changer le monde pour le meilleur", a ainsi ajouté le vice-chancelier, acceptant volontiers "les débats et les conversations critiques".

De belles paroles, mais qui n'apaisent guère de tensions, à l'heure où le récent et préoccupant retour des étudiants britanniques dans les écoles et universités fait la Une des médias anglophone.

 

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