Valentine Monnier, la nouvelle accusatrice de Polanski, ne parlera plus publiquement

Publié le Mardi 12 Novembre 2019
Louise  Col
Par Louise Col Journaliste
Roman Polanski à la première de "Music of My Life", suivi d'un hommage rendu aux 25 ans de la compétition lors du 45ème Festival du Cinéma Américain de Deauville, le 7 septembre 2019.
Roman Polanski à la première de "Music of My Life", suivi d'un hommage rendu aux 25 ans de la compétition lors du 45ème Festival du Cinéma Américain de Deauville, le 7 septembre 2019.
Dans cette photo : Roman Polanski
Ce vendredi 8 novembre, la photographe Valentine Monnier accusait dans les colonnes du "Parisien" Roman Polanski de l'avoir violée et rouée de coups en 1975, alors qu'elle avait 18 ans. Dans un texte fraichement transmis à l'AFP, elle explique ne plus vouloir désormais s'exposer.
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C'est la sortie du film J'accuse, réalisé par Polanski, qui l'a poussée à s'exprimer. Dans les colonnes du Parisien, la photographe Valentine Monnier accuse Roman Polanski de l'avoir violée et rouée de coups en 1975, alors qu'elle était âgée de 18 ans.

Elle raconte sa rencontre avec le réalisateur lors de l'hiver 1975, dans le cadre de vacances au ski avec des amis. Invitée dans le chalet du réalisateur, Valentine Monnier se retrouve un soir seule à seule face à lui, qui "nu, se jette sur elle, la frappe, lui arrache ses vêtements, tente de lui faire avaler un cachet et la viole", rapporte Le Parisien.

"J'étais totalement sous le choc. Je pesais 50 kg, Polanski était petit, mais musclé et, à 42 ans, dans la force de l'âge : il a pris le dessus en deux minutes", raconte la photographe. Polanski s'effondre en larmes, s'excuse et la jeune femme, terrifiée, lui promet qu'elle gardera le silence. Elle quitte ensuite le chalet du réalisateur, où elle logeait jusque-là, et trouve refuge chez un ami de Polanski. Contacté par Le Parisien, celui-ci explique à son tour : "Quand elle est arrivée dans mon chalet, je crois me souvenir qu'elle avait un bleu sur la joue. Puis, elle m'a dit qu'elle venait d'être brutalement violée par Polanski."

Au fil du temps, Valentine racontera son viol à une petite poignée de personnes : sa meilleure amie, son petit ami de l'époque, son époux et son frère. Puis, suite au mouvement Me Too, Valentine Monnier écrira à la police de Los Angeles, à Brigitte Macron, au ministre de la Culture Franck Riester et à la secrétaire d'Etat chargée des égalités femmes-hommes Marlène Schiappa. Celle-ci lui répondra : "Ces faits sont aujourd'hui prescrits pour la justice française, et il m'est impossible d'intervenir dans des procédures judiciaires engagées dans un autre pays. Je souhaite néanmoins témoigner de mon soutien entier à l'égard de votre démarche courageuse."

"Je ne souhaite plus m'exprimer après"

Si Valentine Monnier a tenu à s'exprimer aujourd'hui publiquement, c'est en raison de la sortie du film J'accuse, prévue ce mercredi 13 novembre. Un film consacré à l'acharnement judiciaire dont a été victime Alfred Dreyfus, que Roman Polanski a comparé à celui que lui-même aurait subi, suite aux accusations de viol sur une mineure de 13 ans pour lesquelles le réalisateur est poursuivi par la justice américaine depuis 1977. Une comparaison insupportable pour la photographe, qui explique : "Est-ce tenable, sous prétexte d'un film, sous couvert de l'Histoire, d'entendre dire J'accuse par celui qui vous a marquée au fer, alors qu'il vous est interdit, à vous, victime, de l'accuser ?"

"Je ne souhaite plus m'exprimer après", poursuit Valentine dans les colonnes du Parisien, avant d'ajouter : "Je dénonce le crime sachant qu'il ne peut y avoir de châtiment, pour tenter d'en finir avec les exceptions, l'impunité."

Dans un texte transmis ce week-end à l'AFP, elle ajoute : "Sans J'accuse, pour les raisons que je décris dans ma tribune, l'inacceptable et les provocations, je serais à jamais restée silencieuse. Le silence qui m'était imposé par la loi et qui me convient par nature, explique Valentine Monnier. "J'ai apporté la part qu'il me semblait devoir et ne souhaite plus faire de déclaration ni m'exposer publiquement."

Le milieu du cinéma est resté pour le moment silencieux suite à ces nouvelles accusations, mais la promotion du film de Polanski semble, elle, être quelque peu impactée. Jean Dujardin, acteur principal du film, a ainsi annulé l'interview qu'il devait donner ce dimanche au 20h de TF1, rapporte Le Monde. Emmanuelle Seigner, épouse du réalisateur et actrice du film, a elle aussi décommandé son passage dans l'émission Boomerang de France Inter, prévu ce mardi. Une interview de Louis Garrel pour l'émission C à vous, déjà tournée, ne sera quant à elle pas diffusée. Roman Polanski a fait savoir par son avocat qu'il contestait "fermement toute accusation de viol."