Les femmes turques mobilisent leurs chaussures contre le sexisme

Publié le Jeudi 14 Août 2014
Xavier Colas
Par Xavier Colas Journaliste
Les femmes turques mobilisent leurs chaussures contre le sexisme
Les femmes turques mobilisent leurs chaussures contre le sexisme
Des photographies de chaussures ont été publiées en masse, mercredi 13 août, sur les réseaux sociaux. Pas question ici de quelconque fétichisme mais d'une opération lancée par des femmes turques pour afficher leur soutien à une députée de l'opposition qui avait vivement dénoncé, la veille au Parlement, le sexisme de la majorité islamo-conservatrice au pouvoir en Turquie.
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« Je le jure devant Dieu, le diable qui est en moi me demande d'enlever une de mes chaussures et de vous la jeter. Mais lorsque je les regarde, ma chaussure et vous, je me dis vraiment que vous n'en valait pas la peine », a asséné, dans l'enceinte du Parlement turc mardi 12 août, Aylin Nazliaka, à une partie de l'hémicycle. Motif de l'ire de l'élue du Parti républicain du peuple (CHP, social-démocrate) : les discriminations contre les femmes régulièrement pratiquées par les membres du Parti de la justice et du développement (AKP) au pouvoir dans le pays. Une déclaration faite en marge d'un débat sur une proposition de loi sur les violences conjugales.

« La pantoufle arrive »


En guise de soutien à la parlementaire, des femmes turques ont inondé les réseaux sociaux de clichés de chaussures. Sandales, escarpins, talons, tout y est passé. Des photographies réunies sous le hashtag (mot-dièse pour les anglophobes) #geliyorterlik ou « la pantoufle arrive », en Français dans le texte. Loin de s'apparenter à une coquetterie, la démarche de ces internautes engagées revêt une forte portée symbolique. « Dans le monde musulman, jeter une chaussure à quelqu'un ou simplement lui montrer sa semelle est considéré comme une des pires insultes », rappelle
Le Figaro.


Le précédent Bülent Arinç


Cet épisode est non sans rappeler une autre récente campagne de lutte contre le sexisme en Turquie. A l'origine de la polémique, les propos du vice-Premier ministre, Bülent Arinç, éminent membre du parti islamo-conservateur qui avait fortement conseillé aux femmes de ne pas rire à gorge déployée au nom de la « décence ». Résultat : des milliers de femmes avaient stimulé leurs zygomatiques et affichées leurs plus beaux sourires, notamment sur Twitter, via le hashtag #direnkahkaha.

Recep Tayyip Erdogan, au pouvoir depuis 2003 et élu président pour cinq ans dimanche dernier, et sa majorité de l'AKP sont régulièrement accusés de vouloir restreindre les droits des femmes dans le pays.

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