"Elle est trop moche pour être violée" : l'abominable sortie d'un politique anglais

Publié le Mercredi 07 Janvier 2015
Charlotte Arce
Par Charlotte Arce Journaliste
Journaliste en charge des rubriques Société et Work
"Elle est trop moche pour être violée" : l'abominable sortie d'un politique anglais
"Elle est trop moche pour être violée" : l'abominable sortie d'un politique anglais
Accusé d'agression sexuelle par une jeune femme de 21 ans, Philip Drury, un homme politique britannique, s'est défendu en avançant qu'elle était « bien trop moche pour être violée ». Face au tollé provoqué par ses propos, il a été exclu du Parti libéral démocrate, mais conserve son siège au conseil local.
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Le paysage politique français n'est pas le seul à être régulièrement le théâtre de sorties sexistes d'une autre époque : en Grande-Bretagne aussi, les hommes politiques sont auteurs de remarques misogynes honteuses. La preuve avec Philip Drury. Ce chef de conseil du district d'East Hampshire a été exclu du Parti libéral démocrate après avoir posté sur Facebook sa « défense » suite à des accusations de viol formulées par Serena Bowes, 21 ans.

Selon cette étudiante en mode au Newcastle College, Philip Drury l'aurait sexuellement agressée dans une boîte de nuit à Florence, en Italie, en mai 2014. Ayant renoncé à son droit à l'anonymat, Serena Bowes a porté plainte auprès de la police italienne, avant que l'affaire ne soit reprise par les médias britanniques.

« Trop moche pour être violée. Lol »

Or, plutôt que de faire profil bas et de préparer sa défense dans la défence, Philip Drury a préféré commenter sur les réseaux sociaux les articles parlant des accusations pesant contre lui. L'homme politique a même carrément dérapé en écrivant sur la page Facebook de The Independent que Serena Bowes était « trop moche pour être violée. Je ne suis pas sûr que quelqu'un n'y ait jamais pensé. Lol. »

Sitôt publié et malgré les doutes émis par la justice italienne quant au témoignage de Serena Bowles, le commentaire de Philip Drury a suscité les commentaires outrés des internautes, qui ont noté – avec justesse – qu'il s'agissait de la « plus pitoyable des excuses qu'un homme puisse sortir » pour se défendre d'avoir violé une femme.

N'ayant visiblement pas mesuré la teneur abjecte de ses propos, Philip Drury a alors tant bien que mal essayé de justifier son ignoble sortie, en affirmant l'avoir écrite sous le coup « d'une fatigue excessive après un voyage d'affaires en Chine ». Mais bien sûr.

Sanctionné mais pas renvoyé du conseil

Des excuses insuffisantes pour le conseil du district d'East Hampshire, qui s'est dit « consterné » par les propos du conseiller. Ce dernier a ainsi dû renoncer à porter les couleurs du Parti démocrate libéral, mais reste membre à titre indépendant du conseil de Whitehill. La raison ? L'équipe de surveillance chargée d'enquêter sur ses déclarations n'a « pas été capable de déterminer » si, au moment des faits, Philipp Drury agissait ou non en sa qualité de conseiller.

Interrogé par The Independent, le chef du conseil Ferris Cowper s'est dit extrêmement déçu par cette décision, qui laisse à penser que les élus peuvent transgresser la loi en toute impunité. « Le conseil trouve le crime de viol est profondément déplorable non seulement en raison de l'invasion physique, mais aussi les conséquences psychologiques durables […] Notre seul intérêt en tant que conseil serait d'offrir à la victime toute la sympathie et l'aide possible », a déclaré Ferris Cowper. « En outre, il est de plus en plus clair que depuis que le gouvernement a supprimé l'organisme national de supervision de la conduite des conseillers (Standards for England, ndlr), les conseils locaux ne disposent plus d'aucune sanction efficace pouvant être appliquée aux conseillers ayant eu une conduite inacceptable. »

De son côté, Philip Drury a dit qu'il ne répondrait plus à aucune question. « C'est tout ce que j'ai à dire jusqu'à la publication d'un communiqué de presse. » On l'attend toujours.

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