Education : un an difficile dans un collège en ZEP

Publié le Mardi 23 Mars 2010
Education : un an difficile dans un collège en ZEP
Education : un an difficile dans un collège en ZEP
Les collèges en zone d’éducation prioritaire (ZEP) relèvent du parcours du combattant pour les jeunes professeurs. A peine titularisée, Julie R., professeur d’Anglais de 24 ans, originaire des Bouches-du-Rhône (13), est mutée dans un collège du Val-de-Marne (94). Découvrez son quotidien.
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Terrafemina : Comment s’est passée votre arrivée au collège ?

Julie :
J’ai appris ma mutation au mois de juin 2009. Je n’ai pas eu de contact avec l’établissement avant la prérentrée. J’ai donc dû m’adapter très rapidement. Chose facile avec mes collègues professeurs mais ça a été plus difficile avec mes élèves. J’ai eu droit à deux classes spéciales qui faisaient partie de la section d'enseignement général et professionnel adapté (SEGPA). Ce sont des classes adaptées pour les élèves en difficultés scolaires graves et durables.

TF : Est-il facile de se faire respecter lorsqu’on est un jeune professeur ?

J.R. : Il faut toujours s’imposer. Aujourd’hui, je crois que j’ai réussi à le faire. Mais le problème, c’est qu’il faut toujours leur faire la morale. Il faut leur expliquer ce que c’est que la vie. Ils n’ont pas conscience de la réalité. Seuls la famille, les amis et la cité  comptent pour eux.

TF : Les collèges en ZEP sont souvent synonymes de violence. Est-ce vrai ?

J.R. : Les bagarres dans le collège où je travaille sont quotidiennes. Les élèves se frappent entre eux. A ma connaissance, aucun professeur de l’établissement n’a subi de violence physique. Pour ma part, j’ai été marquée par une agression : un élève au passé familial difficile m’a violemment insultée.
 
A son arrivée en classe, il n’a pas voulu sortir ses affaires. Après quelques réprimandes, je lui ai demandé de sortir. Après être sorti de la salle, il a passé la tête dans l’entrebâillement de la porte et a hurlé. Il est parti puis revenu, et cela, à quatre reprises jusqu’à ce que je claque la porte. A ce moment-là, il s’est énervé et m’a insultée de tous les noms. Je ne savais pas comment réagir. J'ai tenté de lui parler et finalement je l’ai accompagné au bureau du Principal. Ensuite, je ne suis pas retournée en cours, je suis allée dans la salle des professeurs et j’ai pleuré.

TF : Etiez-vous préparée à ce genre de situation ? 

J.R. : Non, mais quand tu es un jeune professeur, tu sais que tu vas passer par là. C’est dur, mais les professeurs qui ont plus d’ancienneté aident beaucoup les jeunes titulaires. Ils sont solidaires avec nous, ils nous soutiennent. Mais aujourd’hui, si ce même incident se reproduisait, je pense que je réagirais différemment. Je resterais plus calme et je ne tenterais pas de lui parler. Avec le recul, je comprends que ça n’a fait qu’amplifier notre énervement à tous les deux.

Par contre, si un élève levait la main sur moi, je ne sais pas comment je pourrais me comporter. 

TF : Après un an d’enseignement dans ce collège en ZEP, vous avez réussi à obtenir une mutation pour l’Académie Aix-Marseille. Si vous deviez garder un bon souvenir de cette année passée, lequel serait-il ?

J.R. : Malgré tout, j’ai eu de bons moments. J’ai toujours essayé d’intéresser mes élèves en leur parlant de choses qu’ils aimaient, comme les Etats-Unis par exemple. Et quand j’y arrivais – c’était quand même rare –, j’étais contente car je leur avais, au moins, appris quelque chose.

Propos recueillis par Stéphanie Marin.

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