Traité européen : Marie-George Buffet dit "non" pour les femmes

Publié le Lundi 01 Octobre 2012
Traité européen : Marie-George Buffet dit "non" pour les femmes
Traité européen : Marie-George Buffet dit "non" pour les femmes
Dimanche, Marie-George Buffet défilait contre le Traité budgétaire européen aux côtés des organisations féministes. Alors que le texte imposant la règle d'or et limitant le déficit à 0,5% du PIB doit être examiné mardi par le Parlement, la députée PCF-Front de gauche condamne une politique d'austérité dont les femmes seront les premières victimes. Elle s'explique à Terrafemina.
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Terrafemina : Vous avez manifesté ce dimanche aux côtés des féministes contre le Traité budgétaire européen. Quelles organisations étaient représentées ? Pourquoi ce soutien ?

Marie-George Buffet : Cette participation n’est pas pour moi un soutien, mais un engagement profond aux côtés des femmes et des féministes pour construire une Europe conforme à leurs aspirations et leurs besoins. Nous étions nombreux et nombreuses dans cette manifestation, avec des partis de gauche comme ceux du Front de gauche, des syndicats (CGT Île-de-France, Solidaires) des associations (ATTAC, Copernic), et effectivement des associations féministes telles que le CNDF, Osez le Féminisme, Ruptures, CLF,  IFE-EFI, CADC, Marche Mondiale des femmes, Femmes Egalité et de nombreuses personnalités féministes.

Tf : Les féministes de Grèce, du Portugal, d’Espagne, d’Italie, de Hongrie et de Pologne faisaient également partie de la manifestation, comment la crise et les politiques budgétaires ont-elles touché les femmes dans ces pays ?

M-G. B. : Dans tous les pays que vous citez, les femmes subissent plus durement les mesures d’austérité, faites de coupes dans les services publics et la protection sociale. Déjà, parce qu’elles forment partout la grande majorité des précaires, elles sont plus souvent au chômage et en sous-emploi. Ensuite, en tant que responsables principales de la famille, elles sont les premières usagères de ces services, les principales allocataires des prestations sociales et familiales. Du fait de leur recul et du démantèlement progressif de l’État social, les femmes sont contraintes d’assurer tout ce qui n’est plus pris en charge par la collectivité ; leur travail (invisible) dans la sphère privée augmente, leur rôle traditionnel dans la famille s’en trouve renforcé, au détriment de leur travail rémunéré, de leur autonomie, voire de leur santé.

Tf : Pourquoi les femmes sont-elles particulièrement touchées par les politiques d’austérité ?

M-G. B. : Les femmes sont les premières touchées par les baisses d’effectifs et de rémunération dans le secteur public, car elles en constituent presque partout la majorité des employés. Premières touchées encore par les « réformes » des retraites qui ont été menées dans le cadre des restrictions budgétaires. Les droits des femmes sont menacés et régressent lorsque les coupes touchent les services de santé sexuelle et reproductive, les subventions aux organismes de lutte contre les violences faites aux femmes, ou encore lorsque de nombreuses maternités et centres d’IVG ferment, comme c’est le cas en France. Alors que des investissements publics massifs sont indispensables en matière de protection sociale, de services publics et d’emploi pour répondre aux besoins sociaux et environnementaux et réduire les inégalités, le Pacte budgétaire impose une restriction durable des finances publiques et interdit concrètement toute évolution vers le progrès social. Alors que les inégalités entre les femmes et les hommes sont plus que jamais inacceptables, il est urgent de créer un service public de crèches et des services d’aide à la dépendance, de renforcer les services sociaux et de santé en personnels et en moyens. Or, ce Pacte, en rendant impossibles ces politiques et en pérennisant l’austérité, aggrave les inégalités entre les sexes.

Tf : Au-delà des risques pour les foyers fragiles, que contestez-vous dans ce traité ? Le principe de la règle d’or n’est-il pas devenu un « mal nécessaire » pour l’Europe et la France ?

M-G. B. : Non, c’est l’inverse qu’il faudrait faire. L’Europe et aucun des pays et des peuples qui la composent n’ont intérêt à une cure d’austérité supplémentaire. C’est de relance dont l’Europe a besoin et cela passe par de la croissance effective fondée sur une dynamisation de l’investissement productif et l’augmentation des salaires et des pensions. Non seulement la réduction des dépenses publiques n’est pas la solution, mais réduire les dépenses publiques c’est moins de droits assurés aux personnes et moins d’investissements, donc moins d’activité et plus de chômage. Le pacte budgétaire, en durcissant encore les règles qui encadrent les budgets publics des États, franchit une étape majeure dans l’imposition d’une austérité permanente, et ne serait bénéfique qu’aux marchés financiers en leur conférant un pouvoir exorbitant. Bien que le gouvernement ait choisi de faire adopter ce traité par voie parlementaire, la lutte n’en est pour autant pas terminée. En effet, on peut encore empêcher sa ratification et son application. La mobilisation du dimanche 30 septembre ne signe donc pas la fin du mouvement mais son lancement.

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