Sexisme : les avocates bordelaises manifestent avec des louches et des spatules

Publié le Vendredi 14 Décembre 2012
Sexisme : les avocates bordelaises manifestent avec des louches et des spatules
Sexisme : les avocates bordelaises manifestent avec des louches et des spatules
Les femmes n'ont pas « les épaules assez larges » pour certaines affaires pénales ? N'en déplaise à l'avocat bordelais, Me Pierre Blazy, à qui l'on doit ces propos machistes, une quarantaine d'avocates ont décidé de manifester haut et fort leur ras-le-bol face au sexisme. À grand renfort d'ustensiles de cuisine et de barbes postiches, elles se sont réunies jeudi devant le Palais de Justice de Bordeaux pour protester.
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« D'après moi, il faut avoir les épaules larges (...) Est-ce qu'une femme a les capacités pour le faire ? », s'interroge l'avocat bordelais Pierre Blazy. Et de poursuivre : « Je ne veux pas critiquer mais vous n'avez pas d'avocates qui soient des avocates de renoms, connues comme de grandes pénalistes. Ça n'existe pas ». En tenant ces propos sexistes à l'occasion de la nomination de Me Anne Cadiot-Feidt à la tête de l'Ordre des avocats de Bordeaux, ce ténor du barreau bordelais a fait grand bruit. Dans une profession quasiment majoritairement féminine, la question de Me Blazy a provoqué un tollé général, et les avocates bordelaises n'ont pas perdu de temps avant de manifester leur exaspération face aux propos misogynes dont elles sont la cible. Armées de louches, spatules et autres ustensiles de cuisine, elles étaient ainsi une quarantaine jeudi à être venues manifester devant le Palais de Justice de Bordeaux. Vêtues de leur robe noire, certaines arborant des barbes postiches, elles ont dénoncé les paroles injurieuses d'« un homme des cavernes portant la robe, notre robe ».  

« Nous en avons plein le dos d'entendre des propos sexistes »

« Si nous n'avons pas les épaules assez larges, nous en avons plein le dos d'entendre des propos sexistes, misogynes », ont-elles rétorqué à Me Blazy dans une déclaration lue par la porte-parole du collectif, Maître Clothilde Chapuis. Car selon elle, ces propos « ne sont que la partie visible de l'iceberg, certains messieurs considèrent que nous avocates devons nous contenter des affaires familiales, de la petite justice des mineurs, des petits dossiers au tribunal d'instance... Bref, de sujets féminins ! ». Une poignée de collègues masculins étaient aussi venus apporter leur soutien à leurs consœurs victimes d'un « plafond de verre ».  Tel Me Bernard Quesnel, venu manifester « sa solidarité avec d'autres avocats », face à des propos « consternants ». Reste que le bâtonnier de Bordeaux a indiqué qu'il ne déclencherait pas de poursuites disciplinaires envers Me Blazy, ne souhaitant pas ajouter « du ridicule au consternant ».

Crédit photo : iStockphoto

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