Karine Berger, la relève de DSK au PS

Publié le Mardi 15 Janvier 2013
Karine Berger, la relève de DSK au PS
Karine Berger, la relève de DSK au PS
Dans cette photo : François Hollande
Arrivée à l'Assemblée nationale en mai dernier, Karine Berger ne boude pas son plaisir. Dossiers sous forme de casse-tête, débats techniques, sollicitations permanentes : loin d'être échaudée, la primo-députée de 39 ans en redemande. Bardée de diplômes, cette spécialiste en économie a rejoint l'équipe de François Hollande dès les primaires de 2011 et est désormais la Madame économie et finances du PS. Un costume que cette forte tête assume sans ciller, traçant son chemin tête baissée. Rencontre.
À lire aussi


Son mentor : DSK

Quand on lui demande si elle a des modèles féminins, elle cite sans hésiter Hypatie d'Alexandrie, cette femme mathématicienne et philosophe grecque qui n'a pas hésité à se mêler de la chose politique, bastion masculin s'il en était sous l'Antiquité. La fonceuse Karine Berger, au débit enjoué et assuré, est elle aussi rodée aux milieux trustés par une majorité d'hommes : après des études à Polytechnique, c'est vers l'économie et la finance qu'elle s'est tournée, passionnée par la « macro », comme elle se plaît à le répéter. C'est Dominique Strauss-Kahn, son premier – et seul - parrain, qui va la pousser vers la politique : alors qu'elle travaille à Bercy, celui qui est alors ministre de l'Economie décèle le potentiel de la jeune économiste. « C'est lui qui va vraiment me convaincre de prendre ma carte au PS », confie-t-elle. Elle marque alors la « première étape » de sa « structuration politique ». « On avait avec lui un chef et un discours extrêmement clair en matière de politique économique de gauche », se souvient-elle avec un sourire. Aujourd'hui, c'est elle qui dessine la politique économique du parti. Responsable de la macro économie auprès de François Hollande dès la primaire socialiste, elle est en charge du programme économique durant la campagne : « Des sujets très macro et financiers, dans un schéma de campagne très politique, je suivais des questions bien techniques. » 

Son agenda déborde

On sent que la jeune députée, par ailleurs secrétaire nationale à l'Economie, se délecte. Partageant désormais ses semaines entre Gap et Paris, l'élue des Hautes-Alpes reçoit énormément. Elle s'étonne même des innombrables sollicitations dont elle est l'objet. « Ce n'est pas du tout l'agenda auquel je m'attendais, confie-t-elle : je suis beaucoup plus sollicitée que ce que je pensais ». Loin d'être des « godillots », les députés ont le pouvoir de faire « bouger les lignes », et Karine Berger entend bien profiter de cette nouvelle influence. « Je pensais que la mission d'élu était beaucoup plus axée sur les textes. Mais en pratique, il s'avère que c'est un vrai travail politique, avec beaucoup de rencontres, de discussions… » Un rôle « enthousiasmant » pour Karine Berger, qui expérimente là son premier mandat d'élue. « Mon objectif a toujours été depuis que je suis adolescente d'influencer la politique économique de mon pays », se souvient-elle. Et elle n'a pas peur de ses ambitions. Car il ne faut pas se fier à son apparente décontraction : l'économiste est un bloc de volonté au fort caractère, qui avance bille en tête, prenant ses projets à bras le corps, décryptant les textes avec une grande méticulosité. Parmi ses priorités : le rapport à rendre fin janvier sur la réforme du système d'épargne financière des Français : « ce n'est pas rien », commente-t-elle avec un éclat de rire. « Je serai aussi probablement rapporteuse de la loi sur la réforme bancaire et financière en janvier-février ».

Son autre combat : la parité

Autre sujet qui lui tient à cœur : la défense de la parité. Celle qui se définit comme une ardente défenseure de l'égalité hommes-femmes et qui a su s'imposer dans un monde masculin ne mâche pas ses mots : « J'ai été fascinée par le machisme qui prévaut à l'Assemblée nationale, c'est consternant », assène-t-elle. Un franc-parler dont elle use également pour s'attaquer à la question dans son domaine de prédilection : « Il y a tant à faire rien que dans les milieux économiques et financiers », souffle-t-elle. Elle a pu l'observer : « à partir d'un certain niveau de responsabilité, ce ne sont plus les compétences qui rentrent en compte mais bien le réseau », souligne-t-elle, pointant du doigt le manque flagrant de femmes à la BCE ou dans les conseils d'administration des entreprises du CAC 40. Elle n'hésite d'ailleurs pas à hausser le ton pour imposer la parité dans le nouveau Haut Conseil des finances publiques. Cette tête pensante du PS, co-auteure de l'ouvrage qui a fait grand bruit « Les trente glorieuses sont devant nous », démontre une fois encore qu'elle sait où elle veut aller. « Depuis que Dominique Strauss-Kahn n'est plus là, il manque une voix de référence sur les questions économiques ». Et l'ambitieuse Karine Berger entend bien occuper la place vacante. 


VOIR AUSSI

Barbara Romagnan: "Être une femme est un atout considérable en politique"
Barbara Pompili, la nouvelle voix des Verts
Virginie Duby-Muller : 32 ans, premiers pas à l'Assemblée nationale