Qui est Vincent Lambert et pourquoi son cas passionne ?

Publié le Vendredi 17 Janvier 2014
Qui est Vincent Lambert et pourquoi son cas passionne ?
Qui est Vincent Lambert et pourquoi son cas passionne ?
Dans cette photo : François Hollande
Son cas relance le débat autour de la fin de vie. Vincent Lambert, un tétraplégique de 37 ans en état de conscience minimale depuis un accident de la route en 2008, restera en vie. Le tribunal administratif de Châlons-en-Champagne a suspendu jeudi la décision des médecins d'interrompre la nutrition et l'hydratation artificielles pour le laisser mourir.
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Vincent Lambert a 32 ans lorsqu’il est victime d’un grave accident de la route en 2008. Hospitalisé depuis cinq ans, il est passé d’une phase de coma profond à celle d’état de conscience minimale. Un état dit « pauci-relationnel » qui, contrairement à l’état végétatif se caractérise par l’existence de quelques signes de conscience (mouvement des yeux, ressenti de la douleur), mais qui, selon le corps médical, ne permet pas d’« être sûr qu'il intègre correctement les informations sensorielles ». Dans une interview donnée au Monde en mai 2013, sa femme raconte : « Il a été dans le coma après son accident et il n'a pas fait de véritable progrès depuis. Au niveau médical, nous sommes allés jusqu'au bout pour faire avancer son état cognitif. Il a été pris en charge en 2009 au centre d'éveil de Berck (Pas-de-Calais) pendant trois mois et demi. Aucun signe n'a été détecté. En 2011, il a été diagnostiqué en "état de conscience minimal plus" au centre de recherche sur le coma (Coma Science Group) de Liège, en Belgique, dans le service du professeur Laureys. On nous a laissé entendre qu'il n'y aurait pas d'évolution possible ».

« Le laisser partir est l'ultime preuve d'amour qu'on peut lui apporter »

Début 2013, l’équipe médicale du CHU de Reims, où il est hospitalisé note des oppositions aux soins, faisant suspecter un refus de vivre. En avril, dans le cadre d'une procédure collégiale prévue par la loi Leonetti, celle-ci décide, en accord avec la volonté de son épouse, l'arrêt de son alimentation et la limitation de son hydratation (son seul traitement). Mais un mois plus tard, le 11 mai, après un référé déposé à la demande des parents, le tribunal administratif de Châlons-en-Champagne interrompt le processus. Ces derniers, proches des milieux catholiques intégristes, s’opposent alors à cette décision estimant ne pas avoir été assez écoutés. L’alimentation et l’hydratation de Vincent Lambert sont alors été rétablies. Pour sa femme, cette décision est d’une « violence inouïe » : « Le laisser partir est l'ultime preuve d'amour qu'on peut lui apporter. […] Je pense à mon mari, je me demande où il est dans tout ça », racontait ainsi sa femme au Monde, assurant que Vincent Lambert, infirmier de profession, « avait clairement signifié son refus de tout acharnement ».

« Vincent Lambert n'est ni malade ni en fin de vie »

En septembre, une nouvelle procédure est lancée. Quatre experts sont désignés : un universitaire et trois spécialistes sont choisis par chacun des partis (l’épouse, les parents et le CHU). Seul l’expert nommé par les parents plaide en faveur d’un maintien ne vie. Le 10 janvier, la décision d’arrêter les traitements est donc prise. Mais, ce jeudi 16 janvier, le tribunal administratif de Châlons-en-Champagne a suspendu la décision des médecins au motif que la conscience du patient existe. « La poursuite du traitement n'était ni inutile, ni disproportionnée et n'avait pas pour objectif le seul maintien artificiel de la vie et a donc suspendu la décision d'interrompre le traitement », a estimé le tribunal. Pour les parents, c’est une victoire : « On a sauvé la vie de Vincent », a estimé Me Paillot : « Le tribunal a reconnu que Vincent n'était ni malade ni en fin de vie et la loi ne pouvait pas s'appliquer. Dans le cas de Vincent, les éléments pour arrêter l'alimentation ne sont pas réunis ». François Lambert, le frère et Rachel, l'épouse de Vincent, pourraient eux décider de faire appel de ce jugement.

Une nouvelle loi sur la fin de vie en 2014 ?

Pour Marisol Touraine, cette affaire démontre que la loi sur la fin de vie ne suffit pas : « Elle comporte des ambigüités qu’il faut lever », a-t-elle réagi au micro d’Europe 1. « On voit bien qu’il y a des appréciations différentes de la loi actuelle. Au-delà de la situation de Vincent Lambert, il y a des attentes très fortes. On souhaite pouvoir mourir comme on a vécu, dans la dignité. Je vais engager des concertations, des consultations. Et puis viendra le moment où nous arbitrerons et nous proposerons une loi ».

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