Accident de Chelles/ chauffards en Seine-et-Marne: aller au-delà de l'émotion

Publié le Vendredi 22 Avril 2011
Accident de Chelles/ chauffards en Seine-et-Marne:  aller au-delà de l'émotion
Accident de Chelles/ chauffards en Seine-et-Marne: aller au-delà de l'émotion
Nos hommes politiques sont toujours prompts à réagir au quart de tour à chaque fait divers sordide, quitte à jouer dans la surenchère. Henri Guaino, conseiller spécial du Président de la République, a ainsi expliqué dimanche dernier à l’antenne de Canal+ que l’auteur de l’accident mortel de Chelles « ne devrait jamais sortir de prison de sa vie ».
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On passera sur la connaissance visiblement vague du code pénal de ce proche de Nicolas Sarkozy : le Syndicat de la Magistrature lui a d’ailleurs rappelé qu’un tel homicide involontaire était passible d’une peine de dix ans d’emprisonnement, doublée en cas de récidive.

Plutôt que des gesticulations, un tel drame doit surtout servir de leçon. Empêcher un chauffard de rééditer son « exploit », c’est bien. En dissuader d’autres et renforcer la sécurité de tous, c’est mieux.

Pour bien analyser ce tragique événement, il convient de dépasser le pathos afférent aux journaux télévisés et se pencher vers d’arides statistiques. Selon les chiffres de la Sécurité routière, l’alcool est impliqué dans 34% des accidents mortels en général, mais dans un accident mortel sur deux le week-end.

Le drame de Chelles a eu lieu, justement, un samedi soir. Tout le monde connaît la chanson : les soirées bien arrosées après lesquelles on prend volant, la nuit se terminant parfois dans un platane… ou pire. Le cas de Chelles est un peu différent : le chauffard, âgé de 44 ans et récidiviste de la conduite en état d’ivresse, avait visiblement un gros problème avec l’alcool.

Il n’en reste pas moins que le seul moyen de traquer les automobilistes en état d’ébriété reste… les contrôles d’alcoolémie. En la matière, si l’on en croit les chiffres du Ministère de l’Intérieur, les forces de l’ordre ne sont pas inactives : en 2009, pas moins de 11 284 099 contrôles ont été effectués. Il faut tout de même noter que le nombre de contrôles était en baisse de 4% par rapport à 2008, comme si, finalement, l’alcool n’était pas une absolue priorité. Il faut dire qu’organiser un contrôle d’alcoolémie réclame du personnel et du temps.

Combien de conducteurs testés négatifs avant de tomber sur un contrôle positif ? De fait, pour l’automobiliste lambda, le contrôle d’alcoolémie reste une rareté. Au contraire du contrôle de vitesse, devenu systématique pour le moindre trajet avec le système de Contrôle-sanction automatisé (CSA, les fameux « radars automatiques »).

Le drame de Chelles met également en lumière les effets pervers des nouvelles politiques d’aménagement de l’espace public. Ici, l’urbaniste a eu l’idée brillante d’installer un abribus au beau milieu d’un rond-point, en dépit du bon sens le plus élémentaire.

Pour dissuader l’automobiliste d’emprunter sa voiture en ville, on installe les transports en commun en plein centre des boulevards les plus fréquentés (comme dans le cas du tramway des Maréchaux à Paris)… en prenant le risque que piétons et véhicules motorisés ne se côtoient d’un peu trop près.

Comme toujours, il est facile d’accuser une personne et de masquer son impuissance et/ou son incompétence derrière des expressions toutes faites.

En admettant que ce fût seulement possible, jeter le chauffard de Chelles en prison pour le restant de ses jours ne résoudrait pas le problème de l’alcool au volant. Par respect pour les victimes de l’accident, il serait bon de se lancer dans une réflexion plus globale.

Vincent Desmonts

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