Affaire du Carlton de Lille : DSK trahi par ses SMS

Publié le Jeudi 10 Novembre 2011
Les juges lillois, qui gardent la main sur l'affaire du Carlton de Lille, s’intéressent au contenu du téléphone portable de Fabrice Paszkowski, militant socialiste et chef d'entreprise du Pas-de-Calais. Les SMS de Dominique Strauss-Kahn à son ami évoquent des parties fines avec des prostituées – le « matériel »-, d’autres citent quelques noms de politiques, comme Pierre Moscovici ou Jean-Marie Le Guen, qui rejettent toute implication.
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La mémoire numérique n’a pas fini d’aider les enquêteurs de Lille. Les magistrats nordistes, qui ont appris hier qu’ils gardaient la mainmise sur l’affaire du Carlton après décision de la Cour de cassation, se penchent actuellement sur les messages contenus dans le portable de Fabrice Paszkowski. Ce chef d’une entreprise de matériel médical dans le Pas-de-Calais, et militant socialiste, est un ami proche de DSK, si l’on en croit leurs échanges de SMS. D’après un entrepreneur nordiste, travaillant dans le même domaine d’activités, Fabrice Paszkowski jouit d’une très mauvaise réputation dans le milieu, il aurait été redressé plusieurs fois pour escroquerie à la Sécurité sociale.
Paszkowski a été écroué et mis en examen le 21 octobre dernier pour proxénétisme aggravé, association de malfaiteurs, escroquerie et abus de biens sociaux. Il aurait organisé plusieurs soirées coquines avec des prostituées sur le compte de son entreprise.

« Une boîte coquine à Madrid »
Les SMS complices de DSK à Paszkowski à propos de parties fines sont assez explicites, et se passent de commentaires, ils révèlent une amitié assez solide entre les deux hommes, qui ont écumé quelques boîtes légères en Europe.

Florilège :
DSK à Paszkowski, juin 2009 : « J’emmène une petite faire les boîtes de Vienne (Autriche) le jeudi 14 mai. Ca te dit de venir avec une demoiselle ? »

DSK à Paszkowki, juillet 2009 : « Veux-tu venir découvrir une magnifique boîte coquine à Madrid avec moi (et du matériel) ? »

DSK à Paszkowki, janvier 2010, de Washington : « Je serai à DC du jeudi 20 à 15 heures au mercredi 27, 22 heures. Ca serait chouette que tu viennes. Mais si tu veux pas/peux pas il faudrait juste que tu le dises à temps. »

« Le Guen dit que tu l’as pas appelé »
Plus sibyllins, les messages à l’aspect « professionnel », intriguent au plus haut point les enquêteurs. Il semble, d’après les SMS récoltés, que DSK ait voulu aider son ami, en le mettant en contact avec certaines personnalités politiques et notamment Jean-Marie Le Guen, Pierre Moscovici, et Christophe Borgel. Les interrogations portent sur les intérêts qu’un jeune chef d’entreprise du Pas-de-Calais peut avoir à rencontrer personnellement les amis politiques de DSK, et sur les éventuelles contreparties de ces mises en relations.

DSK à Paszkowski, septembre 2009 : « Le Guen dit que tu l’as pas appelé ».
Jean-Marie Le Guen, député socialiste de Paris, s’est exprimé dans le quotidien Libération, expliquant que DSK lui avait demandé de rencontrer ce militant. A l’époque, J.-M. Le Guen préside l’AP-HP, l’assistance publique des hôpitaux de Paris. Il avoue avoir reçu le vendeur de matériel médical, « comme des centaines de personnes », et assure que « Paszkowski n’a jamais remporté de marchés publics de l’AP-HP. »

DSK à Paszkowski, 30 juin 2009 : « Appelle Christophe Borgel, explique-lui et demande-lui qui tu peux appeler chez Aubry ». Christophe Borgel, qui travaille à la direction du Parti socialiste aux côtés de Martine Aubry, « ne se souvient pas d’un « contact précis avec Paszkowski ».

DSK à Paszkowski, 21 juin 2009 : « Parfait pour Mosco, je te dirai lundi. »
Pierre Moscovici, le socialiste Strauss-Kahnien a marqué son incompréhension, interrogé par Libération, il affirme ne pas avoir eu de contact privé avec DSK entre août 2008 et juin 2010. Il dit néanmoins connaître le chef d’entreprise, en tant que militant local d’une association de gauche qu’il présidait.

Fabrice Paszkowski s’impose donc comme l’un des pivots de l’affaire du Carlton de Lille, et ne devrait pas sortir de prison avant que l’enquête n’aille plus loin. En revanche le directeur de l’hôtel Carlton et de l’hôtel des Tours, Francis Henrion, a été libéré sous caution (15000 euros) après un mois d’incarcération. Après avoir été longuement auditionné par la police dans la journée d’hier, le notable lillois a été remis en liberté sous contrôle judiciaire : il ne peut pas quitter le territoire et devra pointer tous les mois au commissariat.

(Source : Libération)
Crédit photo : AFP



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