Le don d’organes : un second souffle pour autrui

Publié le Vendredi 19 Février 2010
Le don d’organes : un second souffle pour autrui
Le don d’organes : un second souffle pour autrui
Dans cette photo : Bernard Kouchner

Le don d’organes reste tabou. C’est sans doute pour cette raison  que les proches ignorent souvent les dernières volontés du défunt. Pourtant, la démarche est simple : il suffit de mettre au courant sa famille en lui signifiant votre volonté de donner vos organes en cas de décès.

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Quels organes peut-on donner ?


Selon les données de l'Agence de la biomédecine, le rein, le foie, le coeur, le pancréas et le poumon, seraient les organes prélevés en priorité sur personne décédée. Ceci s'explique par un besoin permanent de ce type d'organes. En janvier 2009, le nombre de malades en liste d'attente pour une greffe de rein était porté à 6859. Mais on peut aussi prélever des tendons, des os et des artères. Les cornées peuvent également être greffées, en revanche les yeux ne sont jamais prélevés.

Sachez que le don d'organes se pratique aussi au cas par cas. Pour exemple : un organe atteint par une hépatite B peut être greffé à un malade qui a déjà fait face à cette maladie par le passé.


Qui peut devenir donneur ?

Le principe du consentement présumé : en France, depuis la loi Cavaillet qui date de 1976, tout le monde est donneur par défaut sauf si la personne a signifié son désaccord sur le registre national des refus.

Cependant, la consultation des proches est obligatoire avant d'envisager un prélèvement et de vérifier si le défunt s'était opposé au don (en 1992, la loi Cavaillet est modifiée par Bernard Kouchner, alors Ministre de la Santé, qui demande à ce que le consentement soit préalablement obtenu par des membres de la famille).

En aucun cas, une équipe médicale ne peut prendre une décision seule. Sachez que la carte de donneur n'a aucune valeur légale, elle est certes une trace de votre accord mais la famille sera nécessairement interrogée, et c'est l'avis de cette dernière qui compte en dernier recours. Il est donc important de parler de vos intentions à vos proches.

Aussi appelé " greffon " ou " transplant ", le don d'organes n'est pas soumis à une limite d'âge. Jusqu'à 18 ans, l'autorisation des parents ou du tuteur légal est néanmoins obligatoire. Les reins et le foie notamment peuvent être prélevés sur des personnes beaucoup plus âgées. D'après l'Agence de la biomédecine, 29% des reins greffés proviendraient de personnes âgées de plus de 60 ans. A contrario un coeur est rarement prélevé sur quelqu'un de plus de 60 ans. L'état de santé n'est pas un obstacle a priori. Ainsi, des patients ayant subi des traitements lourds peuvent aussi se porter donneurs. Si un enfant décède, il est tout à fait possible de lui prélever ses organes. De même si vous désirez que certains organes ou tissus ne soient pas prélevés sur votre corps, il vous suffit d'en informer vos proches susceptibles de témoigner et d'en avertir une équipe médicale en cas d'accident.

Sachez que le don d'organes n'est en réalité possible que dans des cas bien particuliers : accidents cardio-vasculaire, traumatismes crâniens ou après un arrêt cardiaque définitif, en réanimation (par exemple) c'est-à-dire après le constat d'une absence de reprise d'activité cardiaque au bout de 30 min. Ces circonstances sont donc rares, ce qui explique le manque d'organes pour les dons. Moins d' 1% des personnes qui décèdent à l'hôpital sont dans un état de mort encéphalique. il s'agit d'un état très rare (3000 cas en France par an). Et ces patients-là représentent 95% des fournisseurs de greffes en France.

Le saviez-vous ? Jusqu'en 1997, il était interdit au Japon de prélever des organes sur des personnes en état de mort cérébrale. Cette dernière n'étant pas considérée comme décès.

Toutefois, la législation sur le don d'organes diffère suivant les pays. Si vous désirez en savoir davantage, rendez-vous sur le site dondorganes.fr.


Puis-je donner de mon vivant ?

Le rein peut effectivement être donné à un proche. En revanche l'Agence de biomédecine n'encourage pas la greffe du foie ou du poumon, en raison des risques sur le patient donneur.

Un tel cas de figure ne peut se dérouler si et seulement si le donneur est majeur et proche du receveur. C'est-à-dire la famille proche ou pour toute personne ayant vécu au moins deux ans avec le receveur. Les greffes provenant d'un organe d'une personne vivante, fonctionneraient mieux (pour le rein).

D'après l'Agence de biomédecine, 222 reins issus de donneurs vivants ont été greffés en 2008 (soit 7,5% des greffes de reins pratiquées en France). La même année 5% des greffes ont été réalisées grâce à des donneurs vivants.

Notez qu'il n'y a pas d'âge limite pour être donneur.

Les questions récurrentes :

Si je me porte donneur serai-je forcément prélevé après ma mort ? La réponse est non. Le don d'organes nécessite des conditions spécifiques.


Peut-on prélever plusieurs organes ? Bien entendu et c'est généralement ce qui se produit si l'état du défunt le permet. En moyenne, selon les chiffres de l'Agence de la biomédecine, un donneur permet à 4 personnes de bénéficier d'une greffe.


La famille du donneur peut-elle contacter le receveur ? Ici c'est la règle de l'anonymat entre donneur et receveur qui s'applique. Mais il est possible, par ailleurs, de connaitre les résultats de la greffe par l'équipe médicale qui a suivi le dossier.


Que pensent les religions du don d'organes ?
Au nom de la vie, les représentants des grandes religions monothéistes à savoir le catholicisme, le judaïsme et l'Islam se sont prononcés en faveur du don d'organes.

Les autres pratiques : donner son corps à la science

Attention, il existe beaucoup d'idées reçues à ce sujet et on a tendance à assimiler don d'organes et don du corps à la science. Chaque année, 2500 personnes font le choix de donner leur corps à la science.

Pour qui ? Toute personne majeure peut engager cette démarche. La famille n'a pas d'avis à donner sur cette décision, elle est d'ordre strictement personnel. Ce don se fait auprès de l'Ecole de Chirurgie et permet alors de faire progresser la médecine (notamment amélioration des techniques opératoires, et plus concrètement de donner la possibilité à des chirurgiens et étudiants de s'exercer, et de réaliser des travaux de recherche).

Comment procéder : le donateur doit formuler par écrit sa volonté et l'adresser à toute université de médecine qui comporte un service de " don du corps ". A tout moment, notez bien que vous pouvez faire le choix de revenir sur cette décision. Notez bien que dans un tel cas le corps ne sera pas rendu à la famille, il sera en effet destiné à des travaux d'étudiants en médecine.

Contacts : ecole.chirurgie@eps.aphp.fr ou ecole.chirurgie2.eps@mailserv.aphp.fr
Sur place : Ecole de Chirurgie, site de l'Ageps, accès 7 rue du Fer -à –Moulin. Paris, VII° tel : 0146691520