G. Kero : les t-shirts instinctifs de Marguerite Bartherotte

Publié le Dimanche 28 Octobre 2012
Fanny Rivron
Par Fanny Rivron Journaliste
G. Kero : les t-shirts instinctifs de Marguerite Bartherotte
G. Kero : les t-shirts instinctifs de Marguerite Bartherotte
Dans cette photo : Keith Richards
Derrière le nom G. Kero se cache Marguerite Bartherotte, une jeune fille qui peint sur des t-shirts parce qu'elle préfère que ses œuvres vivent sur les gens plutôt qu'accrochés aux murs. Rencontre.
À lire aussi

Terrafemina : On vous a découvert lors du très pointu Salon de mode Tranoï mais vous venez d’un autre « milieu », celui de l’art. Vous nous expliquez ?

Marguerite Bartherotte : L'idée de peindre des tableaux destinés à être accrochés aux murs m’a toujours fait flipper… La peinture est un art solitaire, peindre sur des t-shirts c'est beaucoup plus marrant. On n’est pas seulement enfermé dans son atelier mais au contact de le vie. J’ai commencé par faire des t-shirts pour mes amis. Je prends du plaisir à leur faire des dessins qui leur ressemble, et j’aime voir mes dessins portés plus qu’accrochés sur des murs… C’est fascinant de reproduire ses œuvres en sérigraphie et de voir que les gens s’enthousiasment à les porter. D'autant qu’avec cette technique d’impression qui consiste à appliquer de la peinture sur le t-shirt à partir d’un moule de mon dessin original, on reste dans la peinture et l’artisanat. Naturellement, c’était aussi important que le t-shirt soit beau porté. La coupe et la matière, c'est comme le cadre et la toile qui porte le tableau. J'ai donc fait une belle coupe de t-shirt dans un beau coton pour que l'ensemble ait du style. J'aime habiller les gens avec ce qui leur va et pas simplement peindre ce qu'ils m'inspirent.

G. Kero t-shirts


Tf : Je crois que le concept G. Kero est né d’un voyage ?

M. B. : Oui, l’idée vient de mon frère avec qui nous avons fait les premières sérigraphies et lancé la première collection G.Kero avec un autre ami, Arnaud. Philippe était en voyage au Brésil, et paradoxalement au pays du t-shirt il ne trouvait rien de très excitant dans les boutiques. Il m'a suggéré de lui envoyer un dessin qu'il a ensuite fait sérigraphier à 3 ou 4 exemplaires pour lui… de mon côté, je n’avais pas d’atelier de sérigraphie à disposition et j’ai commencé à peindre directement sur les t-shirts que j'avais sous la main. Quand mon frère est revenu j’avais habillé tous mes amis !

Tf : D’où vient le nom de la marque ?

M. B. : G.Kero, c’est la contraction de Gisele Kerozene, le surnom qu'Antonin (un autre frère) m'a donné pour se moquer de moi, et le nom de mon groupe de musique aussi. A l'origine, Gisele Kerozene est un court-métrage de Jan Kounen dans lequel des sorcières font la course sur des balais à moteur dans une ville futuriste…

t-shirt hibou G. Kero


Tf : Il y a beaucoup d’animaux dans vos collections : chat, lion, zèbre… mais aussi des personnages plus « rock », Keith Richards, Bob Dylan… C’est ce qui vous inspire le plus ?

M. B. : Je dessine aussi bien des animaux que des « humains ». Nous humains sommes d’ailleurs aussi des animaux et c’est cette animalité que j’aime capter chez les rock stars. N'avez-vous pas remarqué que David Bowie est un guépard, Mick Jagger une grenouille, Keith Richards un singe, Rihanna un chiwawa ? En fait, je peins de manière très spontanée. Lorsqu’on dessine sur un t-shirt on n’a pas le droit à l’erreur, pas le droit à la correction, et si erreur il y a, il faut que ce soit une belle erreur, c’est comme le rock. Les rock stars, les animaux, les personnages qui sont dominés par leur instinct, c’est un seul sujet pour moi.

Tf : Vous avez déjà une idée de votre prochaine collection ?

M. B. : La prochaine collection, je l'ai déjà faite… On la présentera cette hiver au Who’s Next et au Tranoï. Et pour la suivante j’ai une idée, mais shuttt !

t-shirt sérigraphié


Tf : Comment procédez-vous pour « faire » un T-Shirt ?

M. B. : Je peins directement sur des t-shirts blancs. On photographie, et puis on détoure et on reproduit en sérigraphie avec de la peinture en respectant les Pantone (teintes du nuancier normalisé du même nom, ndlr). Je crois que nous sommes les seuls à faire ça ! C’est de l’artisanat. Je fais pas mal de dessins et je garde les meilleurs. Quand tout le monde fait Waouu, c’est bon signe, c'est que c’est un hit. Après il y a les autres, c’est comme dans un album de musique. Mais les autres ne sont pas forcément les dessins que j’aime le moins.

Tf : Où peut-on se procurer un t-shirt G. Kero ?

M. B. : Nous sommes à Paris chez Abou d'Abi Bazar, qui a été le premier à avoir un coup de cœur pour mes créations, Mademoiselle Jane et Roxan ; à Bordeaux à l'Île bleue un boutique super mignonne, dans des boutiques de prêt-à-porter ou de créateurs… On n’accepte pas un point de vente systématiquement. Le but n’est pas d’être partout, mais dans des jolies boutiques qui nous ressemblent et qui font des choses que nous aimons. On n’est pas non plus snob ! L’idée c’est que tout le monde puisse trouver un t-shirt pourvu qu’il cherche un peu. Nous ne sommes pas obsédés par l’exclusivité, le club VIP ou être chez tel ou untel. L’essentiel c’est de renouveler les collections, les arrêter quand il faut, mais on a du temps avant que G.Kero envahisse la planète. Aujourd’hui nous vendons pas mal de t-shirts et avons des aficionados à Sydney, New York, Istanbul, Tokyo, Tel Aviv... et nous nous installons dans des nouveaux pays à chaque fois que nous faisons un salon... en même temps, personne ne nous connaît et les gens peuvent dire quand ils croisent un t-shirt G.Kero : Wahouu il est cool ton t-shirt où tu l’as trouvé ? C'est important de conserver cet esprit.

G. Kero


Tf : Est-ce que vous réalisez aussi des t-shirts personnalisés sur commande ?

M. B. : En fait je ne fonctionne que comme ça… À chaque fois que je fais un t-shirt c’est pour quelqu’un. Impossible de faire une collection autrement. C’est pour ça que mes animaux portent parfois des noms d’humains… Ils portent les noms de ceux pour qui ils ont été faits. Johnny, le Lion, Victoria, le cheval… Je donne parfois l’original à celui qui m’a inspiré. J’ai fait un hibou à M, parce qu’il m’a inspiré un hibou… Parfois ce sont mes amis qui me demandent de leur faire des choses et ils ont souvent des bonnes idées…

Tf : Vous faites aussi des paréos, à l’avenir vous pensez diversifier encore votre gamme de supports ?

M. B. : Le foulard est un autre bon support bien que plus conventionnel. L’avantage c’est la taille qu’on peut donner au dessin. J’ai fait une collection de foulards en soie, made in France, qui seront en boutique au printemps. Mais G.Kero c’est le t-shirt. Et le t-shirt, c’est G.Kero.

Tf : On a vu une photo de Matthieu Chedid avec un t-Shirt hibou G. Kero… coup de pub inattendu ou coup de pouce d’un vieil ami ?

M. B. : Mathieu Chedid est un ami ; et c’est aussi quelqu’un qui dégage une énergie particulière. Je lui ai fait un hibou. Rien de plus naturel. Je ne considère pas les stars comme des gens à part, ce sont parfois des gens exceptionnels comme Matthieu, mais il y a beaucoup de gens exceptionnels qui ne sont pas des stars, et on est tous exceptionnel à un moment ou à un autre. C’est ce moment qui me donne envie de faire un t-shirt pour quelqu’un, t-shirt qui fera partie d’une collection.

Crédit photo : G. Kero

VOIR AUSSI

Tranoï : "Il faut tout faire sauf ce que fait le voisin", selon Armand Hadida
Montebourg mania : on veut une marinière made in France
Pappbrille : les lunettes en carton de Cantemir Gheorghiu
Salon du Vintage 2012 : quand le "has been" devient "must have"