Langage corporel : décroisez les jambes et choisissez votre amant

Publié le Mercredi 23 Janvier 2013
Langage corporel : décroisez les jambes et choisissez votre amant
Langage corporel : décroisez les jambes et choisissez votre amant
Dans cette photo : Sharon Stone
Genoux serrés, bras pliés. Voilà la posture modeste que l'on enseigne depuis des décennies aux jeunes filles. Et si l'on décroisait les jambes pour prendre le pouvoir ?
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De tous les langages non verbaux qui nous permettent de communiquer avec l'autre sans passer à la parole, un est particulièrement bavard et toujours soumis au poids du culturel : celui du corps.
D'une femme qui se tient droite et croise les jambes, qui dégage ses épaules ou au contraire les rentre on a déjà une opinion. D'un homme qui est assis les jambes très écartées et les bras étendus, on sent son goût de s'affirmer, de s'imposer. De quelqu'un qui embrasse au lieu de serrer la main, mille choses peuvent être déduites de ce qui se passera ensuite au lit.

On a dicté aux femmes depuis des siècles un code rigide de bonne conduite : où poser le regard ? Que faire de ses mains ? Quelles parties du corps dissimuler pour les réduire au silence, effacer le désir ? Parfois, les codes ont dérapé. On a demandé aux femmes de croiser leurs jambes, pour éviter de montrer le petit bout de chair affolant qui se trouve entre le bas et la culotte, ainsi que la culotte elle-même. Mais elles ont déjoué ces codes en inventant par exemple le croiser/décroiser, pour faire comprendre qu'elles étaient prêtes à entrer dans la parade de la séduction, et glisser le pied hors de l'escarpin envoyait autrefois des promesses d'extase. Pour certains observateurs des jeux de jambes, il paraîtrait que selon la jambe que l'on croise, on se mettrait en position dite « attractive ». On peut aller encore plus loin, comme Sharon Stone dans « Basic Instinct », réalisé par Paul Verhoeven. Dans son cas, décroiser ses jambes pour montrer une absence de culotte c'est prendre le pouvoir en déstabilisant ceux qui regardent. Aujourd'hui, c'est la science qui s'en mêle, conseillant à présent de ne pas les croiser, pour que la circulation du sang ne soit pas ralentie entre les jambes et le cœur.

Si la liberté des gestes du corps s'accroît avec le changement de vestiaire des femmes, le souci des bonnes manières, l'héritage culturel autorise encore peu souvent les femmes à se tenir comme les hommes, les jambes très écartées, les bras ouverts, pour communiquer sur une puissance acquise. Or les gestes servent précisément à cela : définir son territoire, le faire savoir, dire qui l'on est, ce que l'on veut. S'étirer, se grandir, s'ouvrir, c'est s'affirmer. Culturellement, on a appris aux femmes à se faire petites, jusqu'à se recroqueviller si la circonstance l'impose, tout comme on leur a enseigné la vertu, la modestie, la retenue : tout ce qui empêche une femme de s'exprimer. Si le mythe du prince charmant bat enfin un peu de l'aile, le corps souffre encore d'avoir à exprimer cette attente. Les jambes croisées sont encore une douce forme de soumission empêchant de nombreuses femmes de déclarer leur flamme comme elles le veulent, quand elles le veulent et à qui elles veulent. Pour se libérer de l'Histoire et savoir dire à un homme « je te veux », il est peut-être nécessaire de gommer certaines bonnes manières qui sont encore en vigueur. Camper les pieds fermement dans le sol, mettre ses mains sur les hanches, la nuque droite, comme les professeurs de gymnastique ou de danse ne cessent de répéter, sont des gestes à reproduire sans cesse, dépassant ainsi le cadre du bien-être qu'offre le sport, afin de corriger une faiblesse dans l'affirmation de soi. On intègre par un changement de gestuelles un pouvoir, qui s'accompagne même d'un regain d'optimisme et d'une légère remontée du taux de testostérone.

Écarter un peu les cuisses pour s'affirmer, choisir ses partenaires et booster sa libido, voilà une recette toute simple et une belle promesse d'avenir.