Il y a des réalisatrices qui mériteraient davantage d'articles, de mises en avant, de rétrospectives. Surtout lorsqu'il est question du cinéma d'auteur français des années 90 et 2000, foisonnant, polyphonique et stimulant. La cinéaste et scénariste Sophie Fillières était de celles-ci. Elle vient de nous quitter à à 58 ans seulement, des suites d'une longue maladie.
Elle laisse derrière elle une filmographie traversée par les performances d'Emmanuelle Devos, Chiara Mastroianni, Mathieu Amalric, Sandrine Kiberlain, Melvil Poupaud, André Dussolier, mais aussi Judith Godrèche, Lambert Wilson, Agathe Bonitzer (sa fille)... Notamment.
Tout au long des années 90 et au début des années 2000, Sophie Fillières va également poursuivre son chemin en tant que scénariste, au service des auteurs et autrices les plus prometteurs du cinéma français d'alors : Xavier Beauvois, Noémie Lvovsky, Philippe Grandrieux, les frères Larrieu.
Derrière la caméra, elle délivrera des comédies remarquées comme Aïe, Gentille, La Belle et la Belle.
Son prochain film, dont le tournage était achevé, s'intitule Ma Vie, ma Gueule et réunit un duo de choc : Agnès Jaoui et Philippe Katerine. On pourra également la voir en septembre prochain en tant qu'actrice dans Anatomie d'une chute, le quatrième long de Justine Triet, Palme d'or au Festival de Cannes.
Une réalisatrice au talent mésestimé et auxquels monde du cinéma et critiques alertes rendent aujourd'hui hommage.
Parmi les voix qui sont venues accueillir cette nouvelle dramatique, celle, forcément émue, de son amie et actrice fidèle Sandrine Kiberlain.
Sur Instagram, celle-ci a déclaré : "Oh, ma Sophie... Tu es la première à m'avoir choisie. Tu m'as choisie de dos ! Au Conservatoire. Tu es aussi la première à m'avoir filmée dans ton court métrage 'Des filles et des chiens' à ta sortie de la Femis il y a des années".
"Quand nous avons tourné avec tant de bonheur des années plus tard La belle et la belle avec Agathe Bonitzer on s'est demandé pourquoi on avait mis tant de temps avant de tourner à nouveau ensemble. Tu m'as toujours regardée avec amour et ça m'a portée. C'était toi la belle, Sophie !", a poursuivi l'interprète.
La critique cinéma à l'unisson ne cache pas sa tristesse.
Libération salue d'ailleurs "une oeuvre cohérente et riche, un état d'esprit, une façon d'envisager le monde et les autres, d'attraper les liens, d'en tisser, ou de les rompre qui n'appartenait qu'à elle" et Télérama applaudit également sa singularité : "cinéaste de drames comiques et de comédies dramatiques, avec en moyenne un film tous les quatre ans, elle prenait son temps pour imprimer sa marque fantasque et mélancolique".
Une cinéaste unique, et une oeuvre à (re)découvrir...