Accès à l'emploi, salaire : les inégalités n'épargnent pas les jeunes diplômées

Publié le Mercredi 17 Juin 2015
Charlotte Arce
Par Charlotte Arce Journaliste
Journaliste en charge des rubriques Société et Work
Accès à l'emploi, salaire : les inégalités n'épargnent pas les jeunes diplômées
Accès à l'emploi, salaire : les inégalités n'épargnent pas les jeunes diplômées
Chaque année, la grande enquête annuelle de la Conférence des grandes écoles (CGE) prend le pouls de l'accès à l'emploi des jeunes diplômés. Si le taux d'insertion des jeunes actifs sur le marché du travail est encourageant, les jeunes femmes, elles, restent encore et toujours victimes d'inégalités.
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Les diplômés des grandes écoles sont-ils toujours aussi privilégiés lorsqu'il s'agit de trouver leur premier emploi ? À l'heure où des milliers de bacheliers planchent sur la première épreuve du Baccalauréat, la Conférence des grandes écoles (CGE) s'est intéressée cette année encore au taux d'insertion des jeunes diplômés sur le marché du travail.


Cette vaste enquête a été réalisée auprès de 53 000 étudiants d'un niveau bac + 5 issus des deux dernières promotions de 173 établissements.


Les résultats, rendus publics mardi 16 juin, sont plutôt encourageants. Six mois après leur sortie de l'école, 80,6% des jeunes diplômés ont trouvé un job. Si le résultat est en légère baisse par rapport à 2014 (81,2%), être diplômé d'une grande école reste "plus que jamais un véritable passeport pour l'emploi, à l'heure où le taux de chômage des moins de 25 ans et de 24%, selon l'Insee", indique la CGE.


Douze à quinze mois après être sortis de l'école, les jeunes diplômés sont 92,7% à avoir fait leur entrée sur le marché du travail.


Autre bonne nouvelle pour les diplômés des grandes écoles : leurs salaires sont en légère hausse, en France comme à l'étranger. Hors prime, le salaire annuel brut moyen d'un jeune diplômé s'élève en France à 32 962 euros (35 983 euros avec primes). "Les entreprises sont en train de mettre en place des politiques de rémunération plus flexibles", explique Bernard Ramanantsoa aux Échos .


Par ailleurs, malgré une légère baisse depuis l'an dernier, près de 3 diplômés dur 4 (73,8%) des jeunes diplômés sont en CDI et 85,3% obtiennent le statut cadre.

De plus en plus de jeunes s'expatrient

Loin d'être statiques, les jeunes diplômés sont aussi de plus en plus nombreux à tenter leur chance à l'étranger. D'après l'étude réalisée par la CGE, 17,6% de la promo 2014 a trouvé son premier job hors de nos frontières, contre 15% pour les diplômés de 2013. Leurs destinations préférées pour s'installer ? Le Royaume-Uni (17,4% des expats), la Suisse (11,3%) et l'Allemagne (9,4%).


Autre tendance qui se dégage : l'importance de plus en plus importante du stage de fin d'études dans la recherche du premier emploi. 30% des jeunes diplômés interrogés ont décroché un job par ce biais.

Les femmes, toujours défavorisées

Les résultats de l'étude CGE pourraient paraître en tous points encourageants, s'ils ne mettaient pas en lumière les inégalités dont sont victimes les jeunes diplômées dans leur accès à l'emploi : alors que 66,8% des hommes de la promotion 2014 sont en activité professionnelle, leurs homologues féminines ne sont 65,4% dans la même situation. 18,7% d'entre elles sont encore à la recherche d'un emploi, contre 15,2% des hommes.


Les jeunes diplômées sont aussi moins bien payées, même si l'écart de salaire entre femmes et hommes a tendance à diminuer. Ainsi, chez les managers, les femmes continuent de percevoir en moyenne 5 000 euros de moins par an (41 000 mensuels pour les hommes, 36 000 pour les femmes). Chez les ingénieurs, l'écart salarial est de 3 000 euros (38 000 euros pour les hommes, 34 800 pour les femmes).


"L'écart homme-femme reste un vrai sujet; cette année encore, les chiffres ne sont pas bons", concède Bernard Ramantsoa. D'autant que les femmes sont loin d'être épargnées par les stéréotypes. D'après l'étude, on leur reproche bien plus de manquer d'expérience qu'au hommes lors de leur sortie de l'école, notamment des écoles de management.""Il faut utiliser 100 % des cerveaux, et non seulement la moitié, maintient la présidente de la CGE Anne-Lucie Wack. Nous devons sensibiliser les jeunes femmes sur ce point dès l'école. Mais il est vrai qu'elles ont du mal à se projeter dans des fonctions de leadership : il n'y a pas beaucoup de modèles."