"Créer un espace sûr et inspirant pour tous nos utilisateurs". C'est là l'intention derrière la nouvelle initiative de Pinterest. Pour ce faire, le réseau social, bien connu de tous les fanas de photos et de déco, privilégie une approche : la "body acceptance" ou acceptation des corps. De tous les corps. C'est pour cela que la plateforme a décidé de bannir... toutes les publicités pour régimes.
"Partout dans le monde, des personnes de tout âge sont confrontées à des épreuves liées à l'image corporelle et à la santé mentale. Or, Pinterest est l'endroit où chacun vient chercher l'inspiration pour créer la vie qu'ils aiment, quelle que soit la forme de leur corps", détaille un édito du blog de la plateforme. Pinterest alerte quant aux troubles alimentaires qu'ont pu éprouver certains utilisateurs et utilisatrices, notamment depuis le début de la pandémie, et fustige le "body shaming" que peuvent engendrer les publicités dédiées à la perte de poids.
"Cette position fait de Pinterest la seule grande plateforme à interdire toutes les publicités consacrées à la perte de poids. Il s'agit d'un prolongement de nos politiques publicitaires qui interdisent depuis longtemps le body shaming et les produits incitant à une perte de poids dangereuse", poursuit le blog. On applaudit.
Ce faisant, Pinterest prend le contrepied de tout un système : le culte du régime, si banalisé dans notre société (dans les magazines, les émissions télévisées, les publicités) qu'il atteint même le plus jeune des publics. Seront donc interdits par la politique du réseau social tout langage ou imagerie marketing relative à la perte de poids, tout témoignage concernant la perte de poids et ses produits, toute imagerie idéalisant ou dénigrant certains types de corps, tout contenu relatif aux produits qui prétendent faire perdre du poids en appliquant quelque chose sur la peau.
Ainsi pilules, suppléments, coupe-faim et autres produits dédiés à la perte de poids n'auront droit à aucune publicité, tout comme la valorisation de procédures telle que la liposuccion, mais aussi "les allégations concernant des résultats physiques irréalistes". Subtilité parmi d'autres, les publicités "faisant la promotion de modes de vie et d'habitudes sains" seront autorisés, dixit le règlement, "tant qu'elles ne se concentrent pas sur la perte de poids".
L'idée est donc de lutter contre la grossophobie, soit l'ensemble de préjugés et discriminations dont sont victimes les personnes grosses. Cela étant, comme le précise le magazine Stylist, cette politique élaborée en partenariat avec la National Eating Disorders Association, association américaine dédiée aux troubles alimentaires, ne prendra pas en compte ce que les utilisateurs publient ou épinglent individuellement. C'est avant tout la publicité, mais aussi la recherche de mots-clés relatifs aux troubles de l'alimentation, qui seront interdites.
Toujours est-il que pour la militante anti-régime Hannah Lewin, Pinterest fait là un grand bond en avant. "Ce qu'ils disent essentiellement c'est : 'Nous sommes plus axés sur nos utilisateurs que sur les revenus générés'", analyse cette dernière à Stylist. Le geste est suffisamment rare pour être souligné. D'autant plus que des réseaux aussi pop que Facebook et Instagram sont très loin de se prêter à l'exercice. Et cela, Pinterest en est conscient. "Nous encourageons les autres acteurs de l'industrie à faire de même", invite d'ailleurs le billet du blog officiel.
En septembre 2019, Instagram annonçait vouloir s'attaquer aux publications contenant de la publicité pour des produits minceurs, codes promo et incitation à la chirurgie esthétique. Mais la route reste encore longue.