En salles ce 19 juillet, le tant teasé Barbie de Greta Gerwig semble être à la hauteur des espérances de bien des spectatrices, et spectateurs. La réalisatrice était attendue au tournant : Greta Gerwig avait promis une transposition moderne et féministe du célèbre jouet de Mattel, dont les proportions physiques absurdes et la dimension intensément capitaliste n'ont pourtant pas grand chose d'un roman de Virginie Despentes.
Féministe, Barbie ? Le film en tout cas, oui ! Critique et public saluent après projection une oeuvre qui, par-delà sa dimension hyper bright, girly et rose bonbon (de quoi réjouir les adeptes du Barbiecore, cette mode kitsch aux couleurs pétantes) se plaît à... Dégommer le patriarcat. Un discours chéri par toute une partie de l'audience. Et qui, ce n'est pas très surprenant, n'a pas vraiment emballé un public plus... Masculin.
Pour s'en rendre compte, il suffit de repérer quelques tweets bien sentis...
Oui, le projet Barbie ne semble pas si ludique pour tout le monde. Et pourtant, bien moins insouciant qu'il n'y paraît, il serait pour certaines spectatrices d'une importance quasi... Civique. C'est la vidéaste La manie du cinéma qui explique pourquoi : "S'il vous plaît, emmenez vos mecs, vos frères, vos pères, vos collègues voir Barbie. S'ils quittent la salle, c'est qu'ils sont le problème. S'ils restent et rient, c'est qu'ils veulent le résoudre !".
Un tweet qui a malheureusement ouvert les portes de l'Enfer. "J'ai 3 filles et je leur souhaite de conquérir le monde. Mais ce genre de tweet, ça me donne juste envie de vomir...", Si je récapitule. Si on quitte la salle durant ce film puérile, inutile, féministo-toxique, irréel, improbable et complètement con, nous sommes le problème ?", "C'est le type de discours qui ne me donne pas du tout envie d'y aller", peut-on lire dans les commentaires.
Des réactions un brin énervées. Et qui suggèrent fortement pourquoi Barbie pourrait largement cliver dans les salles. Ce qui, surprise, démontre... qu'il fait très bien passer son message. Un peu trop bien, peut être. Quand les mots "propagande féministe" se propagent, c'est généralement très bon signe.
Revue de tweets en ce sens : "Clairement pas destiné aux enfants, le film dépeint notre société : ça parle de patriarcat, de fragilité masculine", "C'est une ode à l'émancipation. Le film brasse plusieurs gros thèmes comme l'anti patriarcat et la place de la femme. Un excellent film qui risque de déplaire", "Je m'attendais pas à tant de critiques sur le patriarcat tout en étant aussi drôle. J'attends maintenant de voir les critiques des vieux mecs !", "Le patriarcat en prend pour son grade avec une rage jouissive".
A côté de cela, la manière pas forcément reluisante dont les hommes sont dépeints dans le film engendre bien des critiques... De spectateurs masculins notamment. Et ce alors que les opinions sont unanimes sur un point : en se réappropriant l'objet le plus "féminisé" qui soit, la cinéaste nous invite étonnamment à questionner les stéréotypes de genre liés... Aux mecs. Et c'est aussi cela, l'un des grands enjeux du féminisme.
"Wow certaines réponses sont juste fantastiques ! J'ai muté le tweet parce que les male tears me trempaient trop. La formule était ironiquement binaire mais au moins, ça montre que beaucoup ne cherchent pas vraiment à comprendre ce que ça signifie et prouve le vrai problème", a ironisé à ce titre la Manie du Cinéma. Les "male tears", ce sont les réactions exacerbées des hommes (énervement, plaintes, larmiches) observables à la moindre critique du patriarcat ou des masculinités : comme le fameux "not all men" par exemple.
Provoquer autant de "larmes masculines", serait-ce la preuve que Greta Gerwig a visé juste ? On peut doucement le suggérer. Derrière sa dimension ultra pop, cette satire chercherait-elle à bousculer le sexisme - ordinaire et érigé en système ? A n'en pas douter, comme le répètent ses premier(e)s fans. Y arrivera-t-elle ? Ce serait un exploit considérable pour un film. Mais si comme le scande sa bande annonce, "Si vous n'aimez pas Barbie, ce film est fait pour vous !", on peut quand même espérer que certains se risqueront en salles.
Et ca ne leur ferait peut être pas de mal.