Ecole numérique : plongée dans la "Classe Immersive" de Microsoft

Publié le Jeudi 29 Novembre 2012
Ecole numérique : plongée dans la "Classe Immersive" de Microsoft
Ecole numérique : plongée dans la "Classe Immersive" de Microsoft
Exit cahiers, stylos, manuels scolaires et autres fournitures. Dans la « Classe Immersive » inaugurée le 20 novembre dernier par Microsoft France, murs, sols et tables tactiles constituent les uniques supports d’enseignement. Aperçu de l’école numérique du futur.
À lire aussi


« Une grande ambition pour le numérique » : tel était le thème de l’une des concertations organisées dans le cadre des Assises de l’Enseignement supérieur et de la Recherche, lancées en juillet dernier ; le ministre de l’Education nationale, Vincent Peillon, ayant fait du développement de l’école numérique, une de ses priorités. Une volonté forte appuyée par le gouvernement soucieux de combler le retard de la France, actuellement classée 24e (sur 27) par la Commission européenne s’agissant de l’usage des TICE, les Technologies de l’Information et de la Communication pour l’Enseignement.

Le numérique, avenir de l’école française ?

Pourtant, alors que chaque année, de plus en plus de jeunes quittent les bancs de l’école sans qualification, les nouvelles technologies seraient susceptibles de résoudre quelques-uns des problèmes de l’école en donnant à chacun la chance de réussir ou en luttant contre l’ennui et l’échec scolaire. « Nos enfants sont des "digital nativerompus à l’usage des nouvelles technologies et celles-ci apportent des réponses intéressantes aux défis clés pour la sphère scolaire », assurait d’ailleurs, Alain Crozier, Président de Microsoft France, à l’occasion de l’inauguration, le 20 novembre dernier, de sa « Classe Immersive ».   

Située à Issy-les-Moulineaux, au sein même du siège du géant de l’informatique, ce lieu d’apprentissage met le numérique au service des projets pédagogiques des enseignants. Mais ici, point de stylo, de cahier ni même de manuel. Murs et sols constituent les supports privilégiés de connaissances et sollicitent tous les sens. Première du genre en France, cette « Classe Immersive » est en effet truffée d’outils numériques de dernière génération. Elèves et professeurs sont ainsi littéralement plongés dans une expérience éducative où se mêlent projection interactive, réalité augmenté, tables tactiles et 3D. « C’est un véritable condensé d’équipements numériques qui permettra d’accompagner la formation des enseignants et des élèves à l’usage des TICE », se félicite Laurence Lafont Galligo, directrice de la division Secteur Public de Microsoft France, avant de préciser qu’il « ne s’agit pas d’une salle de jeux, mais bel et bien d’une vraie classe ».  

Des équipements ludiques au service de l’apprentissage

Une « vraie » salle de classe dans laquelle les élèves ont plaisir à s’instruire, comme l’atteste Oussama. « On s’amuse et, en même temps, on apprend le recyclage et comment trier les déchets. C’est plus facile d’apprendre comme ça », explique, imperturbable au-dessus de sa table digitale, cet élève de l’école des Chartreux (Issy-les-Moulineaux). D’un simple geste du doigt, il fait glisser canettes, bouteilles, papiers et autres détritus dans les poubelles prévues à cet effet, rendant au paysage affiché sur son écran son caractère bucolique. « Ici tout est bien, à l’école il n’y a pas les mêmes choses », poursuit le garçon de 10 ans. Plus loin, armées d’un stylet, deux fillettes résolvent des problèmes mathématiques sur un manuel interactif projeté sur le mur. A leurs côtés, leurs camarades sautent à pieds joints sur des lettres défilant sur le sol afin de reconstituer les mots en anglais énoncés par une voix off, tandis que dans un coin, lunettes 3D vissées sur le nez, d’autres contemplent des icebergs sous tous les angles.

Sébastien Chéritat, leur enseignant, se fraie un chemin au milieu de ces groupes d’élèves autonomes, apportant son aide tantôt à l’un, tantôt à l’autre. « L'aspect ludique les motive énormément, explique-t-il. Ils sont beaucoup plus attentifs et patients. Lorsqu’ils ratent un exercice, notamment en géométrie, c’est moins contraignant pour eux de recommencer, ils ne ressentent pas la même frustration et ne vivent pas cela comme un échec. Le numérique apporte indéniablement un côté "facilisant". »

Eviter une trop grande fascination pour les écrans

L’enseignant note par ailleurs qu’il y a « beaucoup plus d'interactions avec un écran qu'avec un simple manuel ». Et d’affirmer que les élèves « ont une grande facilité à utiliser ces outils ». Pour autant, insiste-t-il, il ne s'agit pas d'utiliser le « numérique pour le numérique mais de créer une continuité pédagogique » avec le travail fait en classe. Sébastien Chéritat met d’ailleurs en garde « contre une fascination trop grande » pour les écrans qui pourraient rendre « terne » le reste des enseignements. D’où la nécessité d’une mise en commun des apprentissages, après chaque séance dans cette classe 2.0., afin de permettre aux élèves de faire le bilan de leurs acquis.

Ce mardi matin, malgré l’agitation provoquée par la dizaine de journalistes présents, les enfants semblent avoir été particulièrement attentifs. « J’ai appris des mots en anglais. Il fallait écouter et les reconnaître au sol », détaille une petite blonde. Son tour venu, son voisin expliquera comment, grâce à la réalité augmentée, il a vu à quelle vitesse tournaient les pales d’un hélicoptère, à un degré de précision que ne lui permettent pas ses cours classiques de technologie.

Une classe ouverte à tous

La classe immersive accueillera régulièrement et tout au long de l’année, les élèves de l’école des Chartreux, établissement au sein duquel tablettes numériques, ordinateurs portables et tableaux interactifs ont déjà pris place. A partir de décembre, date de son ouverture officielle, cette salle de cours sera également accessible gratuitement pour toutes les classes de la maternelle à l’enseignement supérieur, après réservation sur un site dédié. Et nul doute que le planning affichera rapidement complet. Il se murmure que des étudiants en droit seraient d’ores et déjà intéressés pour s’y exercer à la plaidoirie.  

VOIR AUSSI

Le numérique encore trop marginal à l'école
Refondation de l'école : la concertation reprend
Observatoire Orange-TF : L’école est-elle has been ?
Réforme de l'école : 93% des Français veulent du sur-mesure