IVG : "Il faut du 100% remboursé et un acte revalorisé"

Publié le Vendredi 28 Septembre 2012
IVG : "Il faut du 100% remboursé et un acte revalorisé"
IVG : "Il faut du 100% remboursé et un acte revalorisé"
Dans cette photo : François Hollande
Le remboursement à 100% de l'IVG devrait être intégré au projet de loi de financement de la Sécurité sociale lundi prochain. Une bonne nouvelle pour marquer la Journée internationale d'actions pour l'accès à l'avortement. Explications et réactions de Sophie Heraud, co-présidente de l'ANCIC, Association nationale des centres d'interruption de grossesse et de contraception.
À lire aussi

Terrafemina : Dans un communiqué, la ministre des Droits des femmes Najat Vallaud-Belkacem considère que « la question de l’accessibilité financière et géographique des contraceptifs et des centres d’IVG se pose comme un enjeu de continuité du service public ». Le gouvernement promet ainsi le remboursement à 100% des interruptions volontaires de grossesse. Une mesure attendue par votre organisme ?

Sophie Heraud : En effet. C’était une promesse de campagne de François Hollande et nous y sommes bien sûr favorables. Nous espérons que cela sera vraiment fait. Actuellement, le ticket modérateur à payer était parfois rebutant pour certaines femmes qui ont des faibles revenus. Une IVG en hôpital public coûte aujourd’hui 383,32 € et est remboursée à 80%, et pour une IVG médicamenteuse il faut compter 191,74 €, remboursée à 70%.

Tf : Au-delà du coût du ticket modérateur, qu’est-ce qui complique l’accès à l’IVG aujourd’hui en France ?

S. H. : Le problème majeur est la valorisation de cet acte. Une IVG par aspiration sous anesthésie générale coûte 383 € en hôpital public, en revanche pour le même acte en cas de fausse-couche, il faut compter 1 380 €. Autrement dit, pour le même acte, l’hôpital ne touche pas la même somme. Par conséquent les hôpitaux cherchent à pratiquer moins d’IVG puisqu’elles ne sont pas rentables, et les centres qui pratiquent l’IVG ferment les uns après les autres. On rejoint ainsi la deuxième difficulté, qui concerne les restructurations - que nous appelons « déstructuration » - des hôpitaux. Quand on décide de fusionner trois maternités en Ile-de-France, on attribue forcément moins de personnel, moins de blocs opératoires, et moins de temps pour les IVG. Il faudra donc, après avoir acté le remboursement à 100% pour les patientes, revaloriser cet acte autour de 600 € pour que les hôpitaux acceptent de pratiquer plus d’IVG.

Tf : N’est-il pas plus efficace de miser sur une politique qui favorise l’égalité d’accès à la contraception régulière et d’urgence pour toutes ?

S. H. : Evidemment, toutes ces politiques doivent être complémentaires. Nous sommes très favorables à la pilule du lendemain, tout comme à la promotion du préservatif. Il faut être là à toutes les étapes du parcours de la vie sexuelle d’une jeune fille : préservatif, pilule, dispositif intra-utérin… Malheureusement, il faut accepter le fait que l’IVG fasse parfois partie de ce parcours. C’est un leurre de croire qu’on va supprimer les IVG en mettant toutes les femmes sous pilule. L’oubli de pilule est une réalité pour toutes. En effet, le taux d’IVG ne diminue pas, mais il faut considérer aussi que la population féminine augmente…

VOIR AUSSI

La contraception en débat : le dossier de la rédaction
Contraception d'urgence : la pilule du lendemain encore taboue en France
Marine Le Pen : « il faut cesser de rembourser l’avortement »