Éliette Abécassis : les mères séparées de leur enfant "sont souvent suspectes devant la loi"

Publié le Mardi 27 Novembre 2012
Éliette Abécassis : les mères séparées de leur enfant "sont souvent suspectes devant la loi"
Éliette Abécassis : les mères séparées de leur enfant "sont souvent suspectes devant la loi"
Avec l'exposition « Désenfantée », qui se tient jusqu'au 30 novembre à la mairie du IIe arrondissement de Paris, l'association SOS les Mamans met en avant la situation des mères séparées de leur enfant par la justice, par le père. À travers des témoignages par textes et photographies, ainsi via les œuvres de la plasticienne Armelle Blondel sur la maternité « dans tous ses états », l'exposition souligne les souffrances, la précarité et les violences familiales subies par ces femmes. Pour l'écrivaine et philosophe Éliette Abécassis, marraine de l’évènement, ce parti pris féminin se justifie totalement.
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Terrafemina : Qu’avez-vous retiré des témoignages de « Désenfantée » ?

Éliette Abécassis : L’exposition donne une dimension artistique au sujet, très belle, forte et émouvante, mais aussi très éprouvante. Les photos m’ont beaucoup impressionnée, il y a une émotion puissante qui s’en dégage. Ces témoignages montrent des histoires vraies, absurdes. On est dans l’épouvante, comme avec l’histoire de cette mère qui a été séparée de ses jumeaux de 17 mois…

Tf : Pourquoi avoir accepté d’être la marraine de cet évènement ?

É. A. : SOS les mamans m’a contactée suite à mes livres, qui parlent souvent de la relation parents-enfants ; c’est en effet une grande source d’inspiration pour moi dans l’écriture. Je soutiens complètement cette association, car je pense qu’il est important de faire connaître ce que vivent certaines mères…

Tf : C’est-à-dire ?

É. A. : Les jugements favorisent actuellement de plus en plus les pères. Les mères sont souvent suspectes devant la loi. Et on les soupçonne souvent, à tort, de vouloir séparer l’enfant du père, alors qu’elles veulent seulement le protéger. Il y a actuellement un manque de considération envers l’enfant, et c’est un vrai problème de santé publique. La loi est mal faite : tout d'abord, elle incite à une cohabitation, qui peut devenir dangereuse en cas de « désertion du domicile conjugal ». Et la garde alternée est un vrai déchirement que vivent très mal les mères et les enfants. Ce qui est en train de se passer est grave, ça relève quasiment de la barbarie ; même les animaux savent qu’on ne sépare pas un enfant de sa mère !

Tf : À quoi est due cette situation des mères séparées selon vous ?

É. A. : On assiste à un retour de la domination masculine ; les hommes viennent sur le terrain même de la féminité et de la maternité. On pense aujourd’hui qu’un homme peut remplacer une femme, qu’il peut être comme une femme... Mais les pères ne seront jamais des mères. Et vice versa. L'égalité est absurde et néfaste dans ce domaine là ; il est avant tout essentiel que les enfants aient un minimum de stabilité dans leur vie. Je pense qu'on fait attention à l'égalité des adultes mais pas au bien-être des enfants.

Tf : Suite à cette expo, un groupe d’opposition s’est créé, dénonçant notamment un « discours victimaire de la minorité privilégiée, une inversion des rôles ». Que leur répondez-vous ?

É. A. : Le but de « Désenfantée », que je soutiens, c’est de faire entendre les mères. Il y a certes un parti pris pour les femmes, mais qui pour moi se justifie, car on ne les entend pas assez.

Tf : Et pourquoi pas un travail commun entre pères et mères qui souffrent ?

É. A. : Ce n’est pas l’objet de cet évènement, centré sur le lien particulier de la mère à l’enfant. Mais je ne suis pas contre un travail commun... Il faut en tout cas un éveil des consciences sur l’enfant, et sur ce qui est bon pour lui. Il faut repenser le rôle de chacun pour éviter que des petits enfants ne soient coupés en deux suite à des conflits.

« Désenfantée », jusqu’au 30 novembre à la Mairie du IIe arrondissement, Paris.
Entrée libre du lundi au vendredi de 8h30 à 17 heures, les jeudi de 8h30 à 19h30.

Plus d’infos sur SOS les Mamans ou sur le site de la mairie du IIe arrondissement de Paris

Crédit photo : www.eliette-abecassis.com

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