Chirurgie esthétique : faites financer votre augmentation mammaire par des inconnus
L’une des nombreuses et formidables possibilités qu’offre Internet consiste à pouvoir lever des fonds, pour une entreprise ou un projet particulier, ce que l’on nomme en anglais le « crowd funding » (financement par les foules). L’imagination étant sans limites, il existe depuis quelques temps un site américain, MyFreeImplants.com, qui permet aux femmes qui le souhaitent, d’augmenter la taille de leurs seins, sans débourser un centime. Pour cela, il leur suffit d’afficher des photos d’elles en soutien-gorge sur le site, pour séduire de généreux bienfaiteurs, des hommes qui en l’échange de quelques conversations intimes via webcams, photos, et autres menus services, seront sponsors des opérations chirurgicales, entièrement gérées par le site. Chaque année, des millions de dollars sont distribués via ce site, pour que des hommes financent les excroissances mammaires d’une horde de femmes, lesquelles en retour, se livrent joyeusement, ou pas, à une modeste forme de prostitution.
Si les hommes fantasment et vouent une admiration sans borne aux seins des femmes, qu’ils soient naturels ou siliconés, ils affichent une belle ignorance en ce qui concerne leurs propres organes génitaux. Une étude anglaise publiée par la LLoyd’s Pharmacy montre qu’ils sont 90% à savoir où se trouve le réservoir d’huile dans leur voiture, mais seulement 6% à savoir, par exemple, à quoi peuvent être dus leurs dysfonctionnements érectiles. Seuls 52% des 1 500 participants à cette étude étaient capables de situer parfaitement leurs organes (où est stocké le sperme ? Comment les testicules sont connectés ? etc.) au point où, le plus sérieusement du monde, un sur douze pense que des organes sexuels essentiels se trouvent dans l’oreille !
À force de ne pas connaître son corps, ou de vouloir que celui des autres soit une succession de prothèses, à force de penser que seules les apparences comptent, on est en droit de se demander pour quelle finalité ? Les corps siliconés peuvent fréquemment être moins érogènes que les corps naturels, et si hommes et femmes ne savent quel est le fonctionnement de leur corps, ou ce à quoi les zones érogènes réagissent le mieux, on comprend alors que les nouvelles technologies développent sans cesse de nouvelles machines qui savent, elles, comment procurer du plaisir. Entre sextoys, poupées gonflables et autres robots, la cybersexualité a de beaux jours devant elle. Pourtant, le rapport sexuel basé sur le simple plaisir de donner et de recevoir, dans un abandon voluptueux qui enflamme les sens, est à la sexualité ce qu’une bonne baguette croustillante peut être avec un vrai beurre de baratte bien frais et une pincée de sel : une jouissance immense dans une totale simplicité.
Crédit photo : iStockphoto
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