Les femmes achètent-elles des sacs pour protéger leur couple ?

Publié le Jeudi 17 Octobre 2013
Les femmes achètent-elles des sacs pour protéger leur couple ?
Les femmes achètent-elles des sacs pour protéger leur couple ?
Au XIXe siècle, les femmes ont commencé à s'intéresser à la lingerie pour garder leur mari… Aujourd'hui les femmes achèteraient des sacs pour éloigner leurs rivales… Le détail de ce constat déprimant avec notre experte sexo Sophie Bramly.
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On pense être libre de ses actes, de ses opinions et de ses désirs sexuels. Pourtant, hier comme aujourd'hui, l'histoire montre qu'au gré de l'évolution ou de la régression des mœurs, on pousse les femmes ici à être vertueuses, là à être audacieuses ou combatives...

À la fin du XIXe siècle, les femmes – qui subissaient les mariages arrangés – avaient une piètre idée des rapports sexuels, dont elles ne savaient rien jusqu'à leur nuit de noces. Petites ou grandes bourgeoises gardaient, la plupart du temps, un goût amer de cette nuit brutale avec un quasi-inconnu et essayaient autant que faire se peut d'échapper au sujet. Pour les jeunes épouses, les rapports sexuels n'étaient qu'un mauvais moment à passer, nécessaire à la procréation comme à l'apaisement de l'époux après un dur labeur.

Devant un tel désintérêt, les hommes préféraient s'encanailler avec les bonnes ou des prostituées, jusqu'à ce que la presse féminine - inquiète des conséquences - décide de vanter les mérites de la lingerie, qui jusque-là n'avait aucune saveur : elle était montrée à la belle-famille comme une dot, et ce qui s'exhibe n'a guère de saveur érotique. Catherine Ormen, historienne de la mode et auteure de livres sur la lingerie française, raconte comment les magazines féminins ont petit à petit poussé les femmes à s'intéresser à la jolie lingerie, afin de retenir leur mari par des techniques amoureuses qu'ils avaient connues avant le mariage auprès des prostituées et que les bourgeoises au foyer devaient reproduire, sans toutefois faire des choses que la morale réprouve. Ainsi, on mit fin à deux siècles d'un enseignement austère.

Sans doute est-ce l'une des choses les plus significatives que la presse féminine ait faite pour rendre aux femmes un peu de leur liberté sexuelle d'antan (antérieure à l'invention de l'agriculture pour l'essentiel, quand même ! ).

On sait comme aujourd'hui encore la presse féminine influence les femmes, et les encourage à dépenser pour séduire. Une récente étude de l'université du Minnesota (États-Unis) montre que la consommation exponentielle de sacs à main (les fameux « it bags ») et autres produits de luxe auraient une fonction insoupçonnée : ils serviraient en réalité à préserver les couples.

Selon le professeur Vladas Griskevicius, il n'est pas irrationnel que les Américaines dépensent en moyenne, chaque année, 250 milliards de dollars (soit trois sacs en moyenne par femme et par an). « Lorsqu'une femme achète beaucoup de produits de marque, c'est en réalité pour dire aux autres femmes « éloigne-toi de mon homme ». Nous avons découvert qu'une femme qui porte des articles de luxe, de marque, est perçue par les autres femmes comme ayant un partenaire qui s'occupe bien d'elle, ce qui éloigne les éventuelles prédatrices. Peu importe qui de l'homme ou de la femme a effectué l'achat, les autres femmes concluent que le partenaire a eu un rôle actif et qu'il est donc dévolu à sa bien-aimée ». Plus étonnant encore, dans des circonstances où les femmes se révèlent jalouses, la tendance est aux marques les plus grosses possibles. Les produits de luxe agissent alors comme des boucliers, et dans cette joute de logos, euros ou dollars, les femmes éloignent les potentielles ennemies. Pour celles qui sont célibataires, le message est le même : tenez-vous éloignées de mon futur partenaire.

Les hommes aussi dépensent. Ils s'achètent des produits de luxe pour attirer l'autre sexe ; montrer leur puissance et non éloigner la compétition. Ils dépensent également pour satisfaire leurs partenaires : le marché des vasodilatateurs type Viagra porte sur plusieurs milliards de dollars par an.

L'insécurité règne à sa façon sur les deux sexes, et moins on a confiance en soi et en l'autre, plus on dépense.

Consommant, on oublie vite que l'entente entre deux partenaires repose avant tout sur une complicité sexuelle, quelle qu'elle soit. Doigts, bouches, sexes, les réjouissances les plus simples, les plus épanouissantes, nécessitent seulement de pouvoir s'affranchir un peu de toutes formes de diktats.