Une vie sexuelle épanouie à 50 ans, c'est possible ?

Publié le Mercredi 01 Juin 2011
Une vie sexuelle épanouie à 50 ans, c'est possible ?
Une vie sexuelle épanouie à 50 ans, c'est possible ?
Ménopause, troubles sexuels, crise du milieu de vie… La cinquantaine est une période de transitions, aussi bien sur le plan sentimental que sexuel. Pour Terrafemina, le docteur Sylvain Mimoun, gynécologue, andrologue et psychosomaticien, répond aux questions que les quinquas se posent, sans jamais oser en parler.
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Le docteur Sylvain Mimoun est gynécologue, andrologue et psychosomaticien, exerçant à Paris. Il est l’un des rares, en France, à pouvoir parler de médecine du sexe avec toute sa dimension psychologique. En janvier dernier, avec la collaboration de Rica Etienne, journaliste spécialisée dans les domaines de la santé et de la psychologie, il a d’ailleurs publié « Sexe et sentiments après 40 ans », chez Albin Michel.

Terrafemina : Quel regard portez-vous sur les quinquagénaires d’aujourd’hui ?

Docteur Sylvain Mimoun : Les nouveaux quinquagénaires forment une génération particulière et hors normes. Ex-soixante-huitards pour la plupart, ils ont grandi et mûri au rythme des évolutions de la société avec le sentiment que celle-ci s’est continuellement adaptée à leur âge et à chacune de leurs préoccupations. Du coup, ils vivent et agissent comme si la jeunesse leur était éternelle ; un comportement qui leur confère un certain dynamisme dans tous les domaines.

TF. : En quoi la vie sentimentale de nos quinquas est-elle différente de celle de leur aînés ?

Dr. S. M. : Il est beaucoup plus fréquent aujourd’hui de décider de refaire sa vie à 50 ans. Cette génération n’hésite plus à saisir ce qu’elle considère comme sa dernière chance d’avoir une vie sentimentale épanouie, au risque de balayer au passage plusieurs années de vie commune. Et pour cause, nous vivons dans une société qui accorde de plus en plus de place au bien-être, aux sentiments et aux émotions. L’abandon du domicile familial pour refaire sa vie est complètement entré dans les mœurs.
Les magazines people contribuent également à ce phénomène. Leurs pages regorgent de célébrités qui, à 50 ans, convolent en secondes noces avec une personne de 20 ou 30 ans leur cadette. Les prenant comme modèle, les individus lambdas se disent « pourquoi pas moi ? ». A tort ou à raison, cette banalisation de la séparation, cette tolérance de la société facilite le passage à l’acte.

TF. : Vous parlez dans votre ouvrage de « l’angoisse du Never More ». De quoi s’agit-il ?

Dr. S. M. : L’angoisse du « Never More » est aussi appelé « crise du milieu de vie ». Il s’agit du manque de toutes ces choses qu’un quinqua ne fera ou ne connaîtra plus. Par exemple, à 50 ans, une femme a conscience qu’elle n’a plus ou peu de chances de tomber enceinte. Qu’elle ait, ou non, connu les joies de la maternité, une ou plusieurs fois, cette réalité est souvent difficile à accepter.
A l’image de la crise d’adolescence, cette période est une étape obligée. Tout le monde y est confronté un jour ou l’autre, et la traverse avec plus ou moins d’intensité et de conscience.

TF. : Quelle est l’impact de la ménopause sur la sexualité ?

Dr. S. M. : Les transformations qui découlent de la ménopause inquiètent la plupart des femmes. Elles redoutent cette étape et sont persuadées qu’elles auront une sensation de perte.
En outre, le passage de la cinquantaine, auquel s’ajoute la ménopause, est souvent perçu comme le signe que les rapports sexuels deviennent impossibles car « plus de son âge ». Ce raisonnement est bien-sûr totalement faux. Pour preuve, alors que les femmes de 40 ans se préparent à une véritable catastrophe s’agissant de la ménopause, au moment venu, dix ans plus tard, la majorité pense « finalement, ce n’est que ça ! ».
Bien sûr, tout n’est pas rose. La ménopause provoque souvent sécheresse vaginale, ralentissement de la fonction sexuelle et bouffées de chaleur. Certaines quinquas développent même un désintérêt pour le sexe dû à la disparition de la possibilité de se reproduire. Mais aujourd’hui, des traitements hormonaux et non-hormonaux efficaces existent pour contrer les effets de la ménopause.

TF. : La baisse de la libido est-elle inévitable à l’approche de la cinquantaine ?

Dr. S. M. : Elle est très courante mais pas inévitable. Les quinquas et les couples plus âgés doivent surtout savoir que l’on n’est jamais trop vieux pour avoir une vie sexuelle. A 50 ans, les organes sexuels sont simplement moins réactifs et plus lents qu’à 30 ans. Il est donc normal qu’un homme mette plus de temps à avoir une érection. De même, une femme ne doit pas s’inquiéter si elle a des difficultés à ressentir du plaisir. En effet, alors qu’une adolescente peut être lubrifiée en 10 secondes, 3 à 4 minutes sont nécessaires à une quinquagénaire. Le secret est donc de ne pas paniquer et d’être patient. Un quinquagénaire avertit en vaut deux…

« Sexe et sentiments après 40 ans » du docteur Sylvain Mimoun avec Rica Etienne, chez Albin Michel. 18,90 euros.

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