Pourquoi vous devriez adopter la philosophie scandinave du "friluftsliv"

Publié le Vendredi 06 Novembre 2020
Clément Arbrun
Par Clément Arbrun Journaliste
Passionné par les sujets de société et la culture, Clément Arbrun est journaliste pour le site Terrafemina depuis 2019.
Aller se promener pendant le confinement
Aller se promener pendant le confinement
Le "friluftsliv". Un mot compliqué à prononcer, mais une philosophie "naturelle" des plus aisées à embrasser, même en pleine pandémie. Tel est le nom de ce mode de vie largement appliqué dans les pays nordiques. On vous dit pourquoi il ferait bon l'adopter.
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Le "friluftsliv". Voilà un curieux mot qui nous renvoie à la culture de la géniale autrice lesbienne Tove Jansson. Très populaire dans les pays nordiques, on le traduit par un approximatif "la vie en plein air". Vu comme ça, on devine une sorte d'ode à l'école buissonnière type Tom Sawyer - s'évader loin des écoles, longer les rivières sur une barque, profiter du soleil tout chaud. Et bien ce n'est pas vraiment ça, mais l'idée est là. Car le friluftsliv désigne un état d'esprit plus global : l'envie de vénérer, malgré la tentative de roupiller chez soi, la nature et l'air frais, les balades en forêt et autres sorties revigorantes et vertes, quelle que soit la température dehors.

Une initiative qui ferait autant de bien à notre tête qu'à notre corps, soulageant en un même élan nos articulations et notre esprit. C'est tout du moins ce que nous assure le magazine en ligne Stylist, recueillant la parole enthousiaste du psychologue suédois Niels Eék : "Nous avons un dicton en Suède: 'Il n'y a pas de mauvais temps, seulement de mauvais vêtements !'. Et la 'friluftsliv' est ancrée en nous, Suédois, depuis notre plus jeune âge. Même au plus fort de l'hiver, des groupes d'amis se retrouvent souvent en plein air, en randonnée et en pique-nique", développe l'expert. Et même en France, rien ne nous empêche de l'adopter.

Voilà donc quelques bonnes prescriptions pour concrétiser cet idéal.

"L'âme entière s'aère"

La philosophie nordique de la "friluftsliv".
La philosophie nordique de la "friluftsliv".

Car l'adopter en plein confinement est tout à fait envisageable, oui oui. Rappelons qu'il vous est possible - attestation à l'appui bien sûr - de prendre l'air une heure en semaine comme en week end, à condition de respecter les mesures sanitaires nationales - masque sur le nez, produit hydroalcoolique à portée de mains, distanciation sociale et surtout, balade effectuée à un kilomètre maximum de votre domicile (et seul·, sans votre conjoint·e, si vous décidez de souffler avec vos enfants).

Car prendre l'air, c'est justement ce que propose le friluftsliv.

Et ce, que le temps soit pluvieux (vive les parapluies), glacial (vive l'hiver) ou ensoleillé. Ne faites pas la fine bouche. Il s'agit de s'adapter à ce que la météo vous offre. Sortir, okay, mais pour se rendre où ? Et bien, dans un parc ou un jardin tout simplement - des lieux qui lors de ce second confinement restent ouverts au grand public. Autant d'espaces naturels qui ne demandent qu'à être explorés en somme.

Explorés, pour mieux être vécus le plus intimement possible. Comme l'énonce le blog écolo En Nature Simone, le friluftsliv est un antidote bienvenu contre le surmenage, une déclaration d'amour à Mère Nature (même quand celle-ci est un brin urbanisée), l'expression d'un bien-être physique et psychologique, mais aussi une manière "de reconnecter l'Homme à ses racines, et d'aider les humains à se reconnecter entre eux".

Qu'importe que nos spiritualités diffèrent, nous apprécions toutes et tous de prendre l'air. Tel que l'écrit encore En Nature Simone, le friluftsliv apparaît dès lors "comme une expérience puissante où l'âme toute entière s'aère".

La recette secrète du bonheur ?
La recette secrète du bonheur ?

Comment adopter le friluftsliv

Sortir, super, mais quand ? Pas forcément en fin d'après-midi : la nuit va tomber de plus en plus tôt au fil des jours et semaines, saison hivernale oblige. Alors, offrez-vous plutôt un brin d'air frais en pleine journée, et si possible entre deux heures de taf, pour la pause déj ou la pause goûter. Ce faisant, vous mettrez en pratique cette fameuse règle de santé (personnelle mais aussi professionnelle) qui vous incite à décoller de votre bureau trois fois par heure en moyenne. Un art du "break" idéal pour booster son cerveau et restaurer son inspiration.

Prendre l'air donc, mais pas que. Si vous ne désirez pas trottiner ou simplement vous asseoir sur un banc, vous pouvez également vous adonner à quelques étirements, un petit jogging ou de la marche à pied lors de votre excursion. Dans tous les cas, le plus important reste encore l'équipement que vous arborez : hormis votre masque, une paire de gants ou de moufles, une écharpe et un bon manteau seront de premier recours si le thermomètre vrille vers le négatif. Et une capuche, en cas d'averses. Pas besoin de se frigorifier pour se sentir vivant.

"Vous pouvez même planifier une longue marche avec un·e ami·e et explorer une nouvelle partie de votre ville", recommande le psychologue suédois Niels Eék, qui nous prescrit une moyenne de 120 minutes de sortie par semaine pour nous reconnecter avec le monde (même ultra-confiné) qui nous entoure. De quoi vous assurer une expérience maximale. Car "l'expérience", c'est le maître-mot de ce retour au grand air en plein climat anxiogène.

"Le friluftsliv, c'est l'amour et le respect de la nature, des attitudes qu'on n'apprend pas à lire ou à enseigner, des traits qui ne peuvent être appris que par l'expérience", explique à ce titre la blogueuse et podcasteuse Anne Sophie, alias Une blonde en Norvège, qui arpente et photographie les terres nordiques depuis six ans. L'air frais, une évidence quand l'un des principaux conseils relatifs à l'épidémie que nous vivons est : "aérez". Alors même avec votre masque, "ouvrez la porte, sortez et respirez profondément", recommande le National Geographic.

Vous savez désormais quoi privilégier dans les semaines à venir.