Elle a tourné sous la direction de Jim Jarmusch, Peter Jackson, Alejandro González Iñárritu, David Fincher ou Terrence Malick et incarne comme de rares actrices le glamour hollywoodien. À 48 ans, Cate Blanchett vient d'être consacrée dans un rôle dont rêvent nombre de ses consoeurs, mais qui n'a jusqu'ici été attribué qu'à peu d'élues : celui de présidente du jury du Festival de Cannes.
Du 8 au 19 mai prochain, la comédienne australienne, couronnée de deux Oscars dans sa carrière (pour Aviator de Martin Scorcese et Blue Jasmine de Woody Allen) succédera donc à Pedro Almodovar, qui présidait le jury du festival de cinéma en 2017. Elle n'est surtout que la douzième femme à accéder à cette prestigieuse fonction. Hormis la réalisatrice néo-zélandaise Jane Campion qui a présidé le festival il y a quatre ans, la dernière femme à avoir accéder au titre de présidente de jury remonte à 2009. La présidence avait alors été confiée à la comédienne Isabelle Huppert.
"Je viens à Cannes depuis des années comme actrice, comme productrice, pour les soirées de gala et pour les séances en compétition, pour le marché même. Mais je ne suis encore jamais venue pour le seul plaisir de profiter de la corne d'abondance de films qu'est ce grand festival", s'est réjouie Cate Blanchett dans un communiqué diffusé après l'annonce du festival.
Le choix d'une femme comme présidente du jury par les organisateurs du festival, qui plus est de Cate Blanchett, ne peut être fortuit. Plus de trois mois après les débuts du scandale Harvey Weinstein, prendre part au combat contre le harcèlement sexuel qui gangrène le milieu du cinéma est très certainement un choix stratégique, que concèdent à demi-mots le président du Festival Pierre Lescure et son délégué général Thierry Frémaux. "Nous sommes très heureux d'accueillir une artiste rare et singulière dont le talent et les convictions irriguent les écrans de cinéma comme les scènes de théâtre. Nos conversations, cet automne, nous promettent qu'elle sera une présidente engagée, une femme passionnée et une spectatrice généreuse", ont-ils déclaré dans un communiqué commun.
Comédienne engagée, Cate Blanchett a été l'une des premières actrices à prendre ouvertement position contre le producteur de Miramax, accusé par une centaine de femmes de harcèlement, d'agression sexuelle et de viol. ""Tout homme qui se trouve dans une position d'autorité ou de pouvoir et pense avoir le droit de harceler, menacer ou agresser sexuellement des femmes qu'il rencontre ou avec lesquelles il travaille doit rendre des comptes", avait-elle déclaré dans l'émission Entertainment Tonight. "Ce n'est jamais facile pour une femme de se dévoiler dans de telles situations et je soutiens de tout coeur celles qui l'ont fait", avait-elle ajouté.
Avec quelques 300 autres femmes de cinéma, parmi lesquelles les actrices Meryl Streep, Natalie Portman, Reese Witherspoon et Ashley Judd, Cate Blanchett a lancé lundi 1er janvier la fondation Time's Up ("C'est fini", en français), qui propose d'aider financièrement les femmes et les hommes victimes de harcèlement sexuel dans le cadre de leur travail. "Nous nous engageons également à continuer à pousser pour de réels changements dans notre propre domaine, afin de faire de l'industrie du show-business un endroit sûr et équitable pour tous", ont notamment déclaré les signataires dans une lettre parue dans le New York Times.